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Police-Justice

Inaya: le calvaire enduré par la petite fille avant sa mort raconté devant la cour

Le verdict doit être rendu vendredi par la cour d'assises de Melun.

Le verdict doit être rendu vendredi par la cour d'assises de Melun. - Thomas Samson - AFP

Au deuxième jour du procès des parents d'Inaya, accusés de violence contre leur petite fille ayant entraîner sa mort, la mère de l'enfant est revenu sur le déroulé des dernières heures de violence qu'a connu sa fille.

"C'est surtout lui qui frappait. Moi, je n'ai jamais frappé violemment mes enfants." Le deuxième jour du procès d'Inaya, qui se déroule devant la cour d'assises de Melun, en Seine-et-Marne, a été l'occasion de pouvoir entendre la mère de la petite fille, tuée sous les coups de ses parents fin 2011. Bushra Taher-Saleh a décrit un quotidien de violence orchestré par son mari dont elle était sous la totale emprise.

"Je n'ai pas tué ma fille", a scandé la jeune femme de 29 ans. Avant de reconnaître: "Tout ce que j'ai fait, c'est que je ne les ai pas protégés." Bushra Taher-Saleh va reconnaître avoir donné, cette fameuse nuit de décembre 2011, des "petites tapes" sur les mains et des "fessées sur la couche" de sa fille Inaya, alors âgée de 20 mois.

"Je me sentais comme une merde"

Le soir du drame, son compagnon, Grégoire Compiègne, 27 ans, aurait donné des "coups de pieds, des coups de poings, après il l'a secouée très fort en criant 'réveille-toi'". Elle explique ensuite avoir lavé le petit corps sans vie, l'avoir revêtu de sa plus belle robe avant de placer la dépouille dans trois sacs poubelle. "Je me sentais comme une merde, comme un meuble. Je ne suis pas quelqu'un de méchant", sanglote-elle en expliquant être influençable.

Mais elle l'assure: elle n'a jamais considéré sa fille comme une ordure, à jeter avec les détritus. 

"Ce n'est pas moi qui ai décidé", gémit-elle encore.

Pendant plus d'un an, le couple avait dissimulé la mort d'Inaya, dont le corps a été retrouvé en janvier 2013. Entre temps, les parents avaient esquivé systématiquement les rendez-vous avec les travailleurs sociaux, qui ont évoqué lundi devant la cour le climat de violence régnant au sein de la famille.

Un petit frère violent

Le frère, de deux ans l'aîné d'Inaya, a dit un jour à une personne dans sa famille d'accueil: "Mon papa va te tuer, il est méchant", a rapporté le référent de l'aide sociale à l'enfance de Seine-et-Marne, qui a suivi le petit garçon et la soeur d'Inaya durant presque deux ans. A l'école maternelle à l'origine du signalement, la violence du frère, qui s'en prend indifféremment au personnel comme à ses petits camarades. Un jour, il a même planté un crayon dans la main d'une petite fille.

Lors d'une visite chez le couple fin 2012, le frère aîné d'Inaya "nous a mimé le coup de poing au ventre que son père lui a donné", a témoigné à la barre une infirmière de la Maison départementale des solidarités de Fontainebleau. A cette époque, s'est souvenue l'infirmière, Bushra Taheb-Saleh avait expliqué l'absence d'Inaya du domicile familial en assurant l'avoir confiée à sa propre mère.

"Arrêtez de me saouler! C'est difficile d'être avec trois enfants", s'était-elle énervée.

"Pourquoi n'avez-vous pas saisi cette main tendue" des travailleurs sociaux qui "vous offraient la chance de sauver vos enfants?", a interrogé François Baroin, sénateur Les Républicains de l'Aube, avocat de l'association La voix de l'enfant, partie civile dans cette affaire. "C'est pas que je voulais pas, c'est que je ne pouvais pas", a lâché la mère dans un sanglot.

J.C. avec AFP