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Police-Justice

Hulot: l'un des auteurs de l'article d'Ebdo concède que "ce n'est pas une affaire d'Etat"

L'hebdomadaire Ebdo fait sa Une sur "L'affaire Hulot" ce vendredi. L'enquête du journal fait état d'une rumeur de harcèlement sexuel et d'une plainte contre Nicolas Hulot évoquant un viol, déposée après le délai de prescription, puis classée sans suite. Alors que le traitement journalistique de ces faits présumés interroge, l'un des auteurs de l'enquête a défendu son travail dans les médias ce jeudi soir, nuançant toute fois son propos en admettant qu'il ne s'agissait pas "d'une affaire d'Etat".

Une rumeur de harcèlement sexuel auprès d'une ancienne salariée d'Ushuaïa, aussitôt démentie par la principale intéressée; l'exhumation d'une plainte évoquant un viol remontant à 1997 déposée en 2008, après le délai de prescription et donc classée sans suite. Il s'agit là des éléments centraux de l'enquête de Laurent Valdiguié et Anne Jouan, journalistes d'Ebdo, qui fournit au jeune hebdomadaire sa une ce vendredi: "L'affaire Hulot". De graves soupçons que les éléments apportés ne peuvent étayer. 

L'absence de procédure judiciaire, le démenti apporté au premier cas cité, ainsi que l'anonymat de la femme ayant déposé plainte en 2008 contre l'actuel numéro 3 du gouvernement en sa qualité de ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, interrogent les observateurs.

Ce jeudi soir, Laurent Valdiguié est intervenu sur RTL pour défendre le bien-fondé de son travail. Pour lui, l'un de ses intérêts réside en dehors de "l'affaire" proprement dite. "On est loin du scandale d’Etat", concède-t-il tout d'abord, semblant vouloir atténuer la portée de son enquête. "On est dans les dessous d’un homme et le secret d’une grande famille enfoui depuis vingt ans, et un secret qui explique peut-être pourquoi il a renoncé à la présidentielle, à la grande surprise de ses amis."

L'anonymat rendu nécessaire par la protection des sources

Laurent Valdiguié s'est étendu sur la question de l'anonymat de la victime présumée dans cette enquête: "La difficulté de cette enquête tient à la protection des sources. Cela consiste ici non seulement à ne pas donner un nom mais aussi à s’empêcher de citer des détails, des éléments factuels qui permettraient d’identifier cette femme", a-t-il développé.

Il a poursuivi en déclarant que l'enjeu de l'article était d'"avancer des éléments factuels et d'expliquer qu'une femme qui, pour des raisons individuelles et familiales, a d’abord choisi de ne pas déposer plainte en 1997, a eu le besoin de faire une déposition à la gendarmerie, onze ans plus tard, justement parce que les faits étaient prescrits et ne pourraient donner lieu à un procès."

Prouver un abus sexuel, "l'éternelle difficulté"

Le 3 novembre 2008, a retracé Laurent Valdiguié, le procureur de la République de Saint-Malo a décidé de classer la plainte sans suite pour cause de prescription. "Quand onze ans après, une femme vient expliquer à des gendarmes qu’elle a été victime d’abus sexuels, la seule chose que les gendarmes peuvent vérifier, c’est si oui ou non à la date où elle porte ces accusations, elle était bien matériellement en relation avec la personne qu’elle accuse. Nous en avons la preuve", a-t-il dit. 

Mais prouver une telle relation ne revient pas à prouver la véracité d'une allégation. "C’est l’éternelle difficulté. L’affaire était prescrite quand elle a décidé d’en parler à la justice, point", a-t-il admis, avant de mettre en avant les témoignages recueillis: "On a comme élément la parole d’une femme qui nous a raconté tout ça, en nous demandant de la protéger, on a le témoignage de plusieurs éléments de sa famille, notamment la parole de son père."

Le journaliste a également écarté l'hypothèse d'une manipulation politique de la part de la famille de la plaignante, petite-fille d'un homme politique français célèbre: "Non, je pense qu’il n’y a pas de manipulation politique. Si ça avait été ça, ils l’auraient fait depuis longtemps."

L'article contesté au sein de la rédaction 

Quelques instants plus tard, sur le plateau de l'émission C à Vous de France 5, il a reconnu que la publication de cet article qu'il a coécrit avait fait débat au sein de la rédaction d'Ebdo: "C’est un signe de bonne santé. La parole est libre au sein de notre jeune équipe. On a débattu et la décision a été prise par la rédaction en chef."

Est-ce à dire, lui a demandé le journaliste Patrick Cohen, que cette publication n'allait pas de soi? "C’est une enquête légitime sur la face sombre du numéro 3 du gouvernement", a rétorqué Laurent Valdiguié. 
Robin Verner