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Police-Justice

Homme tué lors d'un contrôle routier à Marseille: 150 personnes demandent des explications

Le jeune homme de 19 ans a été tué par un tir de policier mercredi soir lors d'un contrôle routier dans le quartier de La-Belle-de-Mai.

Ils demandent des explications. Quelque 150 personnes se sont réunies vendredi soir à Marseille pour dénoncer les circonstances dans lesquelles un conducteur de 19 ans a été tué par un policier au cours d'un contrôle routier.

Tristes et en colère, habitants et proches de Souhail El Khalfaoui, père d'un enfant de 14 mois, se sont rassemblés sur une place du quartier de la Belle-de-Mai (3e arrondissement), à quelques mètres de la rue où le jeune homme a été tué par balle par un policier.

"Souhail avait un nom, ce n'était pas un bandit, il avait une famille qui l'aimait. Nous sommes venus lui rendre sa dignité", a souligné sa tante, Samia El Khalfaoui, qui fustige l'attitude des policiers qui, selon elle, n'ont pas porté secours à son neveu, alors que des vidéos montrent des habitants tenter de lui apporter les premiers secours et appeler les pompiers.

Selon la police, l'homme a refusé d'obtempérer

Selon une source policière, le conducteur avait été contrôlé mercredi soir à la suite d'un premier contrôle effectué la veille au cours duquel il avait refusé d'obtempérer et légèrement heurté un policier-adjoint.

Repérant mercredi la voiture en stationnement, les fonctionnaires s'en sont approchés pour le contrôler, mais le conducteur a fait une marche arrière et percuté un policier.

Toujours selon cette source policière, alors qu'il faisait une nouvelle manoeuvre pour repartir, un gardien de la paix a fait usage de son arme au niveau de la portière et atteint mortellement le jeune homme. Un passager se trouvait à ses côtés.

"Le policier n'était pas en état de légitime défense"

"Le policier n'était pas en état de légitime défense. Mon neveu a demandé à appeler sa mère pour présenter les papiers du véhicule ce qu'on lui a refusé. Il a alors voulu partir, mais il était garé à l'arrêt", a raconté à l'AFP Samia El Khalafoui. "On n'avait pas besoin de lui tirer dessus presque à bout portant", a insisté la jeune femme.

"Nous avons l'impression que l'enquête est déjà bouclée. Il y a beaucoup de choses pas claires", a renchéri un oncle, Shems El Khalfaoui.

Deux enquêtes ouvertes dont une confiée à l'IGPN

"Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes dès le soir des faits", a indiqué à l'AFP la procureure de Marseille Dominique Laurens.

La première, pour "homicide volontaire", confiée à l'Inspection générale de la police nationale, vise "le décès du jeune conducteur". Elle a pour objet de "déterminer les conditions de l'ouverture du feu par un des policiers alors qu'un de ses collègues se trouvait heurté par le véhicule et projeté au sol". La seconde porte "sur les conditions dans lesquelles le jeune homme décédé" a utilisé son véhicule "à l'encontre des policiers procédant au contrôle". Elle a été confiée à la police judiciaire.

"Rien ne justifie qu'un contrôle policier dégénère en acte mortel", avait réagi l'avocat de la famille, Me Emmanuel Molina, en dénonçant ce qui s'apparente "à une bavure". "Le jeune homme était connu sur le plan judiciaire principalement en tant que mineur mais aussi plus récemment", avait indiqué le parquet de Marseille à l'AFP. "Des bagarres et quelques barettes de shit. Ce n'était pas un saint mais il ne méritait pas de mourir par balle", selon sa famille.

L.C avec AFP