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Police-Justice

Guéant aurait interdit les primes dont il dit avoir bénéficié

Claude Guéant a été directeur général de la police nationale de 1994 à 1998

Claude Guéant a été directeur général de la police nationale de 1994 à 1998 - -

L'ancien ministre de l'Intérieur, qui dit avoir bénéficié de frais de police pour justifier des factures réglées en espèces, aurait interdit ces primes, quand il était directeur de la police en 1998.

Alors que ses explications concernant les 500.000 euros sur son compte et les primes en liquide dont aurait bénéficié Claude Guéant sont mises à mal, une note publiée par le Canard enchaîné à paraître (exceptionnellement) mardi, risque bien de venir mettre à plat sa défense.

Selon l'hebdomadaire, Claude Guéant avait interdit, lorsqu'il était directeur général de la police nationale en 1998, de puiser dans les frais de police pour verser des primes, ce dont il affirme avoir pourtant bénéficié jusqu'en 2006.

Des frais d'enquête et de surveillance

L'ex-locataire de la Place Beauvau assure avoir touché des primes versées en liquide, évoquant des "frais de police", officiellement dénommés "frais d'enquête et de surveillance" pour justifier la découverte de factures réglées en espèces pour un montant, selon lui, de 20.000 à 25.000 euros lors d'une perquisition le visant en février. Ces primes lui auraient été versées jusqu'en 2006.

Mais, d'après le Canard enchaîné, Claude Guéant avait signé le 3 février 1998, lorsqu'il était patron de la police, une note adressée aux différents chefs de la police détaillant les "modalités d'application" de ces frais d'enquête et de surveillance. Cette note explique que ces crédits "peuvent être utilisés pour le recueil de renseignements, la rémunération d'informateurs, l'acquisition de matériels ou la mise à disposition de moyens d'investigation", mais ne doivent "en aucun cas" être "considérés comme permettant d'alimenter un régime indemnitaire". En clair, Claude Guéant interdisait que ce fonds serve à financer des primes occultes en liquide, non déclarées.

Couac avec la date?

Pour l'intéressé, les accusations du Canard ne fonctionnent pas. "Le Canard dit ce qu'il veut. Par contre la date (de la note, datée du 3 février 1998, NDLR) m'intrigue un peu car j'ai quitté mes fonctions de directeur général (de la police nationale) au lendemain de l'assassinat de Claude Erignac", a réagi Claude Guéant. Le préfet Claude Erignac avait été tué le 6 février 1998, soit trois jours après la date figurant sur la note publiée par Le Canard enchaîné.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a diligenté jeudi une enquête administrative sur ces primes, confiée à l'inspection générale de l'administration et à l'inspection générale de la police nationale.

Plusieurs syndicats ont réagi après les déclarations de Claude Guéant, l'un d'eux, FO-Centrale des personnels du ministère de l'Intérieur, lui demandant de "rendre l'argent", la CGT-Police évoquant elle un "détournement de fonds publics".


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