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Police-Justice

Grenoble: Gabriel Fortin, surnommé le "tueur de DRH", jugé en appel à partir de ce lundi

Croquis d'audience réalisé le 13 juin 2023 montrant Gabriel Fortin (au centre en haut), accusé de trois assassinats, devant la cour d'assises de la Drôme, à Valence

Croquis d'audience réalisé le 13 juin 2023 montrant Gabriel Fortin (au centre en haut), accusé de trois assassinats, devant la cour d'assises de la Drôme, à Valence - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

L'ancien ingénieur en mécanique est jugé en appel à partir de ce lundi 13 mai. En première instance, il avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour trois assassinats et une tentative d'assassinat.

Gabriel Fortin sortira-t-il de ce silence dans lequel il est plongé depuis plus de trois ans? Celui qui a été surnommé "le tueur de DRH" est de retour devant la justice à partir de ce lundi. Il est jugé par la cour d'assises d'appel de l'Isère après avoir fait appel dans la foulée de sa condamnation, en juin 2023, à la réclusion criminelle - avec une période de sûreté de 22 ans - pour trois assassinats et une tentative d'assassinat commis en quelques heures en janvier 2021.

Lors de son procès en première instance, Gabriel Fortin s'était contenté de trois mots, "rien à déclarer", enchaînant les "Je n'ai rien à déclarer". Face aux parties civiles, cet ancien ingénieur au chômage, aujourd'hui âgé de 49 ans, n'avait pas expliqué son passage à l'acte lors de ce parcours meurtrier de deux jours et n'avait pas fait preuve de remord. Hermétique, voire glacial, il s'était posé en victime, dénonçant des "atteintes personnelles" et une enquête à charge et affichant sa défiance envers la police et la justice.

Un périple meurtrier de 1.800 km

En l'espace de trois jours, Gabriel Fortin a parcouru près de 1.800 kilomètres entre le Haut-Rhin et Valence (Drôme) où il est arrêté le 28 janvier 2021 après avoir abattu une conseillère du Pôle emploi de la ville, Patricia Pasquion, 54 ans. Il avait ensuite traversé le Rhône pour se rendre dans une entreprise voisine, à Guilherand-Granges, en Ardèche, pour tuer Géraldine Caclin, 51 ans, directrice des ressources humaines.

L'enquête avait rapidement fait un lien avec deux autres faits commis deux jours plus tôt: l'assassinat d'Estelle Luce, DRH également, qui a été tuée par balle sur le parking de son entreprise. Bertrand M., également dans les ressources humaines, avait échappé quant à lui de peu à une agression armée à son domicile.

Les enquêteurs ont jugé particulièrement inquiétant son passage à proximité de plusieurs autres "victimes potentielles", deux anciens avocats et un ancien flirt adolescent. Gabriel Fortin avait-il pour projet de faire d'autres victimes? Encore une question qui était restée sans réponse.

La question de l'altération du discernement

Pendant l'instruction, Gabriel Fortin ne s'était pas plus exprimé. L'enquête a beaucoup porté sur ses écrits, nombreux. Quatre millions de fichiers informatiques avaient été saisis. En prison, l'ancien ingénieur, dont l'une des clés du passage à l'acte semble être ses échecs professionnels, a pris de nombreuses notes.

Pour tenter de comprendre, la justice avait réclamé une expertise psychiatrique. Gabriel Fortin avait refusé d'y participer. L'expert, sur la base des écrits de l'accusé, avait conclu à une responsabilité pleine et entière de l'auteur des crimes qualifié de "paranoïaque".

La cour d'assises de Valence avait considéré que des troubles psychiques avaient altéré le discernement de Gabriel Fortin au moment des faits, mais n'avait pas appliqué de diminution de peines comme cela peut être prévu en cas d'altération du discernement.

Depuis cette condamnation, la présidente de la cour d'assises d'appel de l'Isère a ordonné une nouvelle expertise et saisi deux nouveaux experts. Là encore Gabriel Fortin n'a pas souhaité participer. Les spécialistes ont conclu eux à une altération du discernement.

Les proches des victimes, qui vont vivre la douloureuse expérience d'un deuxième procès en moins d'un an, s'attendent à ce que ce débat sur la responsabilité de Gabriel Fortin ait lieu. Pour Me Hervé Gerbi, qui défend une partie de la famille de Patricia Pasquion, le débat est "finalement un peu accessoire" car le coeur du sujet est "la question de la dangerosité, de l'accessibilité de M. Fortin à la compréhension de ses actes". Or il a d'ores et déjà "démontré qu'il était totalement étranger à toute forme de reconnaissance de sa propre responsabilité".

Si l'altération du discernement était retenu par la justice, cela n'aurait pas d'incidence sur la responsabilité de l'auteur mais uniquement sur le quantum de la peine. Le proc-s se tient jusqu'au 29 mai.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier avec AFP Journaliste police-justice BFMTV