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Police-Justice

Féminicides: 146 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint en 2019

La police municipale de Paris devant des affiches anti-féminicides, dans la nuit du 6 septembre dernier.

La police municipale de Paris devant des affiches anti-féminicides, dans la nuit du 6 septembre dernier. - LUDOVIC MARIN / AFP

En 2019, les violences conjugales ont fait 173 victimes selon les données de l'enquête rendue publique ce lundi de la Délégation aux Victimes.

Un chiffre noir qui repart à la hausse. En 2019, 146 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint. Cette donnée, révélée par l'enquête nationale qui recense les faits de morts violentes au sein du couple enregistrés par les services de police et de gendarmerie, est en hausse par rapport à l'an dernier. En 2018, il y avait eu 121 féminicides selon cette même source. Par ailleurs, 27 hommes ont également été tués dans le cadre de violences conjugales, un chiffre stable.

Alors que le gouvernement a lancé l'an dernier un Grenelle sur les violences conjugales, notamment pour une meilleure prise en compte de la parole des victimes, sur les 146 femmes mortes l'an dernier, 38 d'entre elles avaient signalé des faits de violences dans leur couple. Et parmi elles, 26 avaient déposé plainte. Deux auteurs de violences mortelles faisaient d'ailleurs l'objet d'un contrôle judiciaire.

76% des violences mortelles ont eu lieu au domicile

Dans les trois-quarts des affaires, les violences conduisant au décès de la victime se sont déroulées dans le huis clos du domicile, et pour un tiers à la suite d'une dispute. Dans 20% des cas, le conjoint n'acceptait pas la séparation. C'est le cas de Johanna, tuée au Havre en septembre 2019 de 14 coups de couteau portés par son compagnon et père de ses enfants, avec lequel elle était en cours de séparation.

Un meurtre par arme blanche comme dans 62 autres affaires recensées par l'enquête réalisée par la Délégation aux Victimes. Dans 46 autres cas, il a été fait usage d'une arme à feu. C'est d'ailleurs l'une des batailles lancées lors du Grenelle sur les violences conjugales. Depuis le 30 juillet, les forces de l'ordre ont la possibilité de saisir les armes à feu découvertes lors d'une intervention à un domicile où le conjoint est connu pour violences.

Meilleure prise en compte de la parole des victimes

La période de confinement fait craindre une augmentation pour l'année 2020 des violences conjugales. Marlène Schiappa, alors secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité femmes-hommes, faisait état en mai dernier d'une augmentation du nombre de plaintes mais annonçait, au conditionnel, qu'il y aurait eu moins de féminicides.

D'autres options sont désormais favorisées pour lutter contre ce fléau: alors que la formation des forces de l'ordre pour recueillir la parole des victimes a été considérablement renforcée, le gouvernement planche sur une prise en charge de ces victimes dès leur hospitalisation, avec une possibilité de déposer plainte comme c'est déjà le cas à l'unité médico-judiciaire du CHU de Bordeaux. Une expérimentation est également en cours à Amiens.

Justine Chevalier avec Cécile Ollivier