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Famille française défenestrée en Suisse: la police locale privilégie la piste du suicide collectif

L'immeuble où une famille française s'est jetée du 7e étage, le 24 mars 2022 à Montreux, en Suisse

L'immeuble où une famille française s'est jetée du 7e étage, le 24 mars 2022 à Montreux, en Suisse - Coralie FEBVRE © 2019 AFP

Ce mardi, la police vaudoise a indiqué que cette famille de cinq Français vivait "retirée de la société et devait craindre que l'autorité puisse s'immiscer dans leur mode de vie".

Le 24 mars, une famille de cinq Français chutait de son appartement situé au 7e étage d'un immeuble du centre-ville de Montreux, en Suisse, provoquant la mort de quatre d'entre eux. Depuis, malgré les appels à la prudence des enquêteurs, la thèse du suicide collectif était sur toutes les lèvres, à mesure qu'étaient dévoilés divers éléments concernant le mode de vie de ces expatriés.

Chute de plus de 20 mètres

Ce mardi, dans un point d'étape sur les investigations en cours, la police du Canton de Vaud a finalement déclaré se concentrer sur cette piste.

"La thèse du suicide collectif est privilégiée", ont ainsi fait savoir les autorités.

Ce sont les éléments matériels découverts dans le logement, ainsi que les enquêtes de voisinage menées, qui ont poussé les enquêteurs sur cette voie.

"Les investigations menées permettent d’exclure l’intervention d’un tiers. Les cinq personnes sont tombées d’une hauteur de plus de vingt mètres, les unes après les autres, peu avant 7 heures, dans un intervalle de cinq minutes. Avant ou pendant les faits, aucun témoin, y compris les deux gendarmes présents sur place dès 6h15 et les passants se trouvant au bas de l’immeuble, n’a entendu le moindre bruit ou cri en provenance de l’appartement ou du balcon. Les policiers ont découvert un escabeau sur le balcon et aucune trace de lutte n’a été mise en évidence", met en avant le communiqué publié ce mardi.

Environ une demi-heure avant leur chute jeudi matin, les occupants de l'appartement avait reçu une visite de police. Les forces de l'ordre possédaient un mandat d'amener visant le père, qui n'avait plus donné de nouvelles aux autorités concernant la scolarisation à domicile de son fils. L'accès à l'appartement leur avait cependant été refusé.

"Faute de pouvoir entrer, ils (les policiers, ndlr) sont, après avoir attendu quelques minutes et conformément aux règles applicables, repartis sans avoir pu mener à bien leur mission", déclarent les enquêteurs ce mardi.

Un stock impressionnant de vivres

Les policiers suisses possèdent également de nouvelles informations sur le profil de la famille. Composée d'un père de famille de 40 ans, de sa femme et de sa sœur jumelle âgées de 41 ans, de leur petite fille de 8 ans et de leur fils de 15 ans - le seul survivant du drame - elle est décrite comme "très intéressée par les thèses complotistes et survivalistes" depuis "le début de la pandémie" par la police vaudoise.

Dans leur appartement, situé dans un quartier huppé de Montreux, à deux pas du Casino Barrière, les pièces étaient occupées par un "stock impressionnant de vivres en tout genre, très bien organisé". L'objectif? "Faire face à une crise majeure", avance le communiqué.

Jeudi, des voisins avaient indiqué à la Tribune de Genève que des rumeurs faisant état de l'appartenance de la famille à une secte circulaient dans l'immeuble. Une thèse nourrie par une inscription présente sur la porte de l'appartement, indiquant "Jesus is the reason for the season", tirée des paroles d'une chanson évangélique.

Reclus de la société

Diplômé de la prestigieuse École Polytechnique, le père de famille a occupé dans le passé des postes importants au ministère de l'Économie ainsi qu'au Quai d'Orsay. Il avait ensuite rejoint une entreprise suisse, avant de s'installer à son compte. Sa femme était dentiste, mais son autorisation d'exercer en Suisse lui avait été retirée. La sœur jumelle de cette dernière était une brillante ophtalmologue.

Les enquêteurs assurent ce mardi que les cinq Français vivaient "en quasi-autarcie, retirés de la société. Seule la sœur jumelle de la maman travaillait à l’extérieur du domicile. Ni la maman, ni la fillette de 8 ans n’étaient inscrites officiellement au contrôle des habitants, ce qui explique l’absence de scolarisation de cette enfant. Ces deux personnes avaient été annoncées partantes pour le Maroc en avril 2016, elles n’étaient pas censées vivre à Montreux".

L'adolescent de 15 ans, unique survivant de la tragédie est lui, toujours dans le coma. "Son état est stable", indiquent les autorités.

Jules Fresard