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Police-Justice

Étoiles de David: les enquêteurs étudient la piste d'un tiers extérieur en lien avec des intérêts russes

Une dizaine de jours après l'interpellation d'un couple moldave en situation irrégulière, les enquêteurs se concentrent sur la piste d'un même réseau à l'origine des étoiles de David taguées dans plusieurs endroits de la capitale, qui pourrait être sous les ordres de commanditaires agissant pour des intérêts pro-russes.

Ces derniers jours, plusieurs dizaines d'étoiles de David ont été découvertes en Ile-de-France, taguées sur des façades d'immeubles du 14e arrondissement de Paris mais aussi dans d'autres endroits de la capitale et en banlieue. Le 27 octobre dernier, un couple moldave a d'ailleurs été interpellé pour avoir dessiné 15 étoiles à l'aide de pochoir sur les murs dans le 10e arrondissement de Paris.

À ce stade de l'enquête, les enquêteurs s'interrogent sur une possible implication de commanditaires agissant pour des intérêts pro-russes, car "il y a beaucoup d'éléments troublants dans ce dossier qui ramènent vers la piste d'un tiers extérieur, en lien avec des intérêts russes", selon une source policière haut placée à BFMTV.

Il n'y aurait donc pas forcément d'implication directe de la Russie ou de quelqu'un basé en Russie, mais plutôt l'intervention d'intermédiaires.

Un même réseau, qui a été rémunéré

Selon nos informations, c'est un même réseau qui a agi à Paris intramuros (10e et 14e arrondissements) et en petite couronne (Seine-Saint-Denis). Une piste confirmée dimanche sur notre antenne par le préfet de police Laurent Nuñez évoquant qu'une "équipe d'auteurs qui semble plutôt bien se coordonner" était dans le viseur des enquêteurs, et avait "la volonté que ces étoiles soient vues".

Deux membres de ce réseau, un homme et une femme moldaves âgés de 28 et 33 ans et en situation irrégulière sur le sol français, ont donc été interpellés le 27 octobre, en flagrant délit, dans le 10ème arrondissement. Ils sont à l'heure actuelle toujours en centre de rétention, en attente de leur expulsion vers la Moldavie, selon une source proche de l'enquête à BFMTV.

Story 2 : Étoiles de David taguées, un couple interpellé et un autre recherché par les enquêteurs – 01/11
Story 2 : Étoiles de David taguées, un couple interpellé et un autre recherché par les enquêteurs – 01/11
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La procédure judiciaire les concernant a été classée par le parquet de Paris au motif qu'ils ont été sanctionnés autrement, en l'espèce par leur placement en centre de rétention en vue de leur expulsion. En garde à vue, ils ont expliqué avoir été rémunéré et avoir agi à la demande d'un tiers. C'est ce que confirment des sources concordantes à BFMTV: il apparaît que ces auteurs ont été rémunérés en échange de ces tags.

D'autres auteurs sont encore recherchés, puisqu'une soixantaine d'étoiles a été découverte le 31 octobre dans le 14e arrondissement, ainsi que des étoiles ailleurs en région parisienne, comme à Saint-Ouen ou Saint-Denis.

Toutes ces étoiles ont été faites dans la nuit du 30 au 31 octobre, et il apparaît "qu'une même équipe a pu faire ces différents marquages au cours d'un seul périple", indique le parquet de Paris, joint par BFMTV. Les trois procédures judiciaires, ouvertes initialement par les parquets de Paris, Bobigny et Nanterre, ont été regroupés à Paris ce lundi.

Le caractère antisémite pas établi

Dans le 14e arrondissement, ces pochoirs ont été marqués sur des façades "de manière manifestement indifférente à ce que les bâtiments abritaient", a indiqué le parquet de Paris. "Il n'est donc pas établi que cette étoile ait une connotation antisémite, même si ça ne peut pas être écarté."

Les investigations se poursuivent, et sont menées par les policiers de la Sûreté territoriale de Paris. 

D'après le préfet de police de Paris sur BFMTV, ces étoiles de David tagguées sont une "affaire atypique par rapport aux autres actes antisémites". Il a d'ailleurs chiffré le nombre d'appositions de cette étoile à 250.

Alexandra Gonzalez avec T.P.