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Procès du 13-Novembre: Mohamed Abrini dit que Salah Abdeslam "a pris sa place" pour les attentats

(g-d) Osama Krayem, Mohamed Abrini, Mohamed Amri et Salah Abdeslam à la cour d'assise spéciale de Paris lors du procès des attentats de 13-novembre 2015

(g-d) Osama Krayem, Mohamed Abrini, Mohamed Amri et Salah Abdeslam à la cour d'assise spéciale de Paris lors du procès des attentats de 13-novembre 2015 - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Au 100e jour du procès des attentats du 13-Novembre, les accusés commencent à être interrogés sur les jours précédents les attaques et la soirée funeste au cours de laquelle 130 personnes ont été tuées.

Ce live est désormais terminé

L'audition de Mohamed Abrini est terminée, le procès se poursuit demain avec l'audition de Salah Abdeslam.

Ce mardi, Mohamed Abrini a tenté de minimiser le rôle de son ami d'enfance assurant qu'il avait pris sa place dans le projet d'attentat. L'accusé est d'ailleurs revenu sur le rôle imaginé par Adbelhamid Abaaoud pour lui. Il assure n'avoir jamais eu l'intention de participer aux attaques.

"L'exercice d'équilibriste" d'Abrini ne convainc pas les parties civiles

Mohamed Abrini n'a pas convaincu les parties civiles, lui qui disait vouloir "apporter des réponses".

"Il dit 'moi j'ai été pressenti mais Salah Abdeslam n'a rien à voir' et donc on a un exercice d'équilibrisme qui ne fonctionne pas", dénonce Me Gérard Chemla, avocat de parties civiles, à la sortie de l'audience.

L'avocat dénonce le fait que l'accusé ait voulu dédouaner son ami d'enfance. Une version qui ne colle pas selon lui, puisque "Salah Abdeslam était là, il a ramené les terroristes dans les semaines précédentes".

"J'aurais aimé que le 13-Novembre n'ait jamais lieu", dit Mohamed Abrini

Les avocats des parties civiles multiplient leur question et tentent de savoir pourquoi Mohamed Abrini n'a rien fait pour arrêter les attentats alors qu'il assure ne pas les cautionner.

"Vous pensez bien que c'est impossible, répond-t-il à Me Reinhart. J'aurais aimé que le 13-Novembre n'ait jamais lieu, j'aurais aimé tant de choses, j'aurais aimé que le conflit en Syrie... il faut prendre le mal à sa racine."

Assurant que les victimes n'ont "rien demandé", qu'elles ont été "fauchées" à cause "de la politique, de la guerre", l'accusé estime qu'il ne pouvait pas dénoncer Abdelhamid Abaaoud. "Dans la religion, il y a l'apostasie, on peut mettre une fatwa sur votre tête, on peut venir liquider votre famille. C'est par peur des représailles... c'est un tout. Je suis dans une situation très compliquée."

L'interrogatoire continue, Abrini ne "se souvient pas"

Mohamed Abrini est interrogé depuis près de 3h30. "Vous avez parlé longuement mais pour en dire beaucoup moins que lors de la dernière audience", regrette l'avocat général. Questionné par les représentants du ministère public, l'accusé n'a soit pas de réponse, soit ne "se souvient plus".

Pourquoi avoir participé aux préparatifs des attentats alors qu'il savait qu'il n'y participerait pas? "Je comprends votre question, je n'ai pas de réponse à ça", rétorque l'accusé. Pourquoi fait-il ces préparatifs à visage découvert, sans prendre de précaution s'il sait qu'il ne va pas mourir en kamikaze? "Je ne saurais pas vous répondre avec précision", répond Mohamed Abrini.

"Pourquoi l'aider? Pourquoi vous vous griller?", insiste l'avocat général.

"Je comprends votre question, je n'ai pas de réponse à ça..."

"Pourquoi vous refaites la même chose le 22 mars?", demande le président

Le président de la cour d'assises résume l'audition de Mohamed Abrini: "vous étiez prévu, sur quoi on sait pas trop..." Jean-Louis Périès dit "comprendre pour le 13-Novembre" et le fait que l'accusé était "sous la coupe" d'Abdelhamid Abaaoud mais "pourquoi vous refaites la même chose le 22 mars (les attentats à la station Maelbeek et à l'aéroport de Zaventem, NDLR)?".

"C'est une excellente question", rétorque Abrini, mal à l'aise.

L'accusé dit lui qu'il espérait obtenir des "faux papiers" et se "barrer". "Le 22 mars n’était pas prévu, c’est suite à l’arrestation de Salah Abdeslam, ça se précipite. On me change d’appartement, le lendemain j’entends que demain y’a un groupe qui part à l’aéroport et un autre à la station de métro."

"Je savais que dans ma tête c'était toujours pareil, je savais que j'allais pas me faire exploser, j'ai laissé faire et j'ai commencé ma cavale en solitare qui a duré 3 semaines."

Abrini minimise aussi le rôle d'Abdeslam

Mohamed Abrini minimise son rôle assurant à de multiples reprises qu'il ne savait rien de précis sur les attentats. Il en fait de même pour Salah Abdeslam.

"Ca (les attentats, NDLR) a été préparé mais ça c'est eux (Abdelhamid Abaaoud et Brahim Abdeslam, NDLR) qui le savaient. Moi je l'ignorais. Je suis sûr que Salah Abdeslam ignorait aussi, son frère il lui disait fais ci, fais ça et c'est tout."

"Je sais de source sure que lui devait partir avec Dahmani (Ahmed Dahmani est détenu en Turquie, NDLR) en Syrie", poursuit Mohamed Abrini. Ce dernier explique que son ami d'enfance n'aurait jamais dû faire partie des commandos s'il ne s'était pas désisté.

"Brahim Abdeslam voyant qu'il y a un gilet en plus il a sûrement dû parler avec Salah Abdeslam en lui disant 'tu fais partie du voyage'", estime-t-il.

Abrini assure qu'il ne "savait pas" pour les cibles visées

"Je ne sais pas M. le président" répète à plusieurs reprises Mohamed Abrini questionné par la cour sur sa connaissance précise du projet d'attentat. L'accusé sait qu'il devait faire partie des attaques, mais dit ne pas savoir quel rôle il devait occuper. Il assure surtout qu'il ne savait pas quelles cibles seraient visées par les terroristes.

"Les cibles, je ne les connais pas, le jour je ne le connais pas, martèle-t-il. C'est pas parce que je vois des armes, des gilets que je sais qu'il y a le Bataclan, le Stade de France et les terrasses."

Mohamed Abrini dit toutefois qu'il s'était douté que plusieurs lieux étaient visés.

"Je sais que je vais pas aller tuer des gens", assure Mohamed Abrini

Très locace, avec de grands gestes, Mohamed Abrini s'exprime sur son implication dans le projet d'attentats prévu par Abdelhamid Abaaoud et sur son renoncement.

"Je ne peux pas aller tuer des gens comme ça dans la rue, je peux pas attaquer les gens non armés", assure l'accusé pour se justifier.

Mohamed Abrini explique qu'après avoir rencontré Abdelhamid Abaaoud, il va participer aux préparatifs. Il assure avoir dit à Brahim Abdeslam qu'il ne participera pas aux attentats quelques jours avant un voyage pour la France afin de louer l'une des planques utilisée par les terroristes à Bobigny.

"Je lui dis 'moi je vais pas participer à ça'", assure-t-il.

Pour autant, l'accusé dit ne pas savoir quel rôle avait prévu pour lui Abdelhamid Abaaoud. "Abaaoud était très minutieux sur ça", poursuit Abrini disant être "certain" que tous les assaillants du 13-Novembre n'étaient pas au courant des cibles visées la veille des attaques.

"Par déduction", lui fait remarquer le président de la cour d'assises, Mohamed Abrini pense qu'il était prévu pour faire partie "des terrasses".

"J'étais prévu pour une attaque", admet à nouveau Abrini

Mohamed Abrini admet qu'il était "prévu pour une attaque". L'accusé revient sur sa rencontre avec Abdelhamid Abaaoud début septembre. "Il me dit que je vais faire partie d'un projet, je ne sais pas que c'est le Bataclan, que c'est la France", explique-t-il.

"Quand il m'annonce ça je ne dis pas oui, je ne dis pas non, je dis rien. Je peux pas aller à l'affront avec Abaaoud", poursuit-il.

Mohamed Abrini évoque un "conflit de loyauté" avec Abdelhamid Abaaoud qui "a combattu pendant des années avec mon petit frère, qui a cherché le corps de mon petit frère, qui a enterré mon petit frère".

"Bas les masques M. le président", lance Abrini

L'audition de Mohamed Abrini a commencé. Le président de la cour d'assises l'interroge d'emblée sur ses délcarations de la semaine dernière et le fait d'avoir admis qu'il était "prévu" pour les attentats. Jean-Louis Périès lui propose de retirer son masque le temps de son audtion.

"Vous avez raison M. le président, bas les masques. Nous portons tous des masques, il arrive des jours où il devient difficile de les enlever sans arracher la peau."

Mohamed Abrini début alors son récit sur ses rencontres avec Abdelhamid Abaaoud. "J'ai effectivement vu Abaaoud en Syrie à Raqqa, la deuxième fois c'était plus probablement début septembre et la 3e fois c'était le 12 novembre, une nuit avant de partir pour Paris."

Qu'attendre des interrogatoires des accusés?

Mohamed Abrini devait-il faire partie des commandos terroristes qui ont frappé Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015? Pourquoi Salah Abdeslam n'a-t-il pas enclenché sa ceinture explosive? Plusieurs questions persistent malgré plus de six mois d'audience.

Pour les parties civiles, les interrogatoires des accusés sur les faits ne vont pas apporter de réponse.

Retrouver notre article sur les attentats des parties civiles ici.

Mohamed Abrini, premier interrogé sur les attaques

Mohamed Abrini est le premier des 14 accusés présents dans la salle d'audience à être interrogé sur la soirée des attentats.

La semaine dernier, celui qui a été surnommé "l'homme au chapeau", a admis qu'il était "prévu" pour les attaques. Sans préciser son rôle. Il a dit réserver ses réponses pour aujourd'hui.

Pour rappel, Mohamed Abrini a fait partie de ce qu'il a appelé "le convoi de la mort", c'est-à-dire le trajet des commandos entre la Belgique et la France la veille des attentats. Il avait passé la soirée avec les terroristes avant de repartir pour Molenbeek au milieu de la nuit en taxi. L'accusation s'est toujours interrogé sur son rôle et sur un possible renoncement de sa part à participer aux tueries.

Hier, un enquêteur de la section antiterroriste de la brigade criminelle a admis qu'il était probable que Mohamed Abrini devait faire partie des commandos. Son départ précipité pour Bruxelles aurait entraîné la réorganisation des assaillants. Bilal Hadfi, l'un des jihadistes du Stade de France, logeait au départ avec le commando du Bataclan.

101e jour du procès des attentats du 13-Novembre

Ce mardi est le 101e jour d'audience du procès des attentats du 13-Novembre, débuté le 8 septembre dernier.

Depuis plusieurs semaines, la cour aborde chronologiquement les préparatifs des attaques qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. A partir de ce mardi, les accusés vont être interrogés sur les derniers jours précédents les attentats et la soirée funeste.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV