BFMTV
Police-Justice

Émeutes urbaines, réforme des retraites: les atteintes aux élus ont grimpé de 15% en un an

Un bilan du ministère de l'Intérieur fait état de 2.387 atteintes aux élus français, en hausse de 15% sur un an. Dominique Faure, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, évoque divers facteurs concomitants.

Les élus n'échappent pas aux violences. Selon un bilan du ministère de l'Intérieur, au 12 novembre 2023, 2.387 atteintes aux élus ont été constatées sur un an. Un total en hausse de 15% en 12 mois.

Pour Dominique Faure, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, les causes de cette augmentation sont nombreuses. Elle les a détaillées sur BFMTV ce dimanche 19 novembre.

"La première raison de ces violences, c'est d'abord la violence dans notre société aujourd'hui", souligne la membre du gouvernement. À ses yeux, la France connaît des niveaux d'agressivité identiques aux années 1980-1990.

Deux autres faits d'actualités ont pu générer cette hausse significative. D'abord, la réforme des retraites qui a rythmé toute la première moitié de l'année 2023. La refonte du système a provoqué de très nombreuses manifestations avant le passage en force du texte par le gouvernement d'Élisabeth borne.

L'autre sujet brûlant: "les violences urbaines et les émeutes" qui ont embrasé la France à l'été, après la mort de Nahel à Nanterre. Avec un cas emblématique: l'attaque du domicile de Vincent Jeanbrun, le maire de L'Haÿ-les-roses. Pendant les émeutes sa maison a été emboutie par un véhicule enflammé. Son épouse a été blessée dans l'attaque.

Ils racontent les émeutes après la mort de Nahel
Ils racontent les émeutes après la mort de Nahel
18:58

Biais statistique?

Une dernière raison pourrait justifier la hausse des atteintes aux élus constatée cette année. Dominique Faure rappelle que le gouvernement a demandé aux maires de systématiquement porter plainte après avoir été victime d'attaques. Un plus grand nombre de faits a pu être rapporté, sans que le nombre de faits n'ait explosé.

"Nous avons appelé de nos vœux à ce que les maires portent plainte systématiquement. Il y a une libération de la parole qui a un effet d'augmentation du nombre de plaintes, et c'est utile", souligne la membre de l'exécutif.

Le volet des atteintes "cyber" sur les réseaux sociaux semble particulièrement préoccuper le gouvernement. Dominique Faure assure que ces plateformes "accélèrent" les phénomènes de violences à l'encontre d'élus.

Parmi les victimes de ces agressions numériques, Christian Eurgal, le maire de Montjoi dans le Tarn-et-Garonne. Il explique être depuis plusieurs semaines en conflit avec l'un de ses administrés "au sujet d'un chemin rural".

"Il a fait venir un youtubeur d'extrême droite (...) et suite à ça, tous les malheurs me sont tombés dessus", raconte-t-il, ajoutant qu'il "ne veut pas céder".

Face à ces situations, Dominique Faure a tenu à renouveler l'engagement du gouvernement auprès des représentants de la République à tous les échelons, notamment les maires. Une vaste enquête du Cevipof, parue ce dimanche 19 novembre dans Le Monde, rapporte que les agressions visant spécifiquement les maires devraient encore progresser de 15% en 2023.

Tom Kerkour