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Police-Justice

Drame en Corse: l'équipement était "en règle", la piste de l'imprudence privilégiée

Le procureur de la République d'Ajaccio Eric Bouillard a indiqué ce jeudi après-midi lors d'un point presse que le matériel n'était pas en cause dans la mort des 5 personnes emportées mercredi par une crue en Corse-du-sud.

Cinq personnes dont un enfant sont mortes mercredi après avoir été emportées par une crue soudaine alors qu''elles faisaient du canyoning dans le canyon de Zoicu en Corse-du-sud, près de la commune de Soccia. Selon le procureur d'Ajaccio Eric Bouillard, "aucun écart à la réglementation n'a pu être constaté au moment où l'incident s'est produit".

Deux personnes sorties indemne

Lors d'une conférence de presse cet après-midi, le procureur d'Ajaccio a détaillé le déroulé des faits, confirmant que le groupe en difficulté était bien composé de sept personnes, dont deux ont pu être sorties du lit de la rivière: un père de famille qui a fait une chute de quelques mètres mais s'en est sorti indemne, et son fils qui a pu sortir par ses propres moyens par un parcours plus long et tout aussi dangereux.

Quatre corps ont d'abord été retrouvés mercredi, et la cinquième victime a été retrouvée ce jeudi peu avant midi après la reprise des recherches ce matin.

Selon le procureur, au moins cinq groupes descendaient le canyon à peu près au même moment, encadrés à chaque fois par un guide. Chacun d'entre eux était composé au maximum de douze personnes, la réglementation en terme de canyoning. La personne la plus jeune était une fillette de 7 ans, l'âge légal minimum pour cette activité.

"Le groupe en question est à l'origine composé de treize personnes, dont vont sortir deux personnes, une jeune fille et son père - qui vont faire demi-tour car la jeune fille ne se sent pas bien - puis au moment d'aborder la partie la plus difficile, quatre autres personnes, dont une mère de famille - qui laisse son fils et son mari continuer - et trois autres personnes qui indiquent avoir eu peur des conditions météorologiques", détaille Eric Bouillard.

Le groupe n'était alors plus composé que de sept personnes lorsqu'il a été surpris par la crue au moment où il s'apprêtait à entamer une descente d'une douzaine de mètres.

"Aucun écart à la règlementation"

L'enquête a été ouverte et a commencé, a précisé le procureur, et a permis d'entendre la quasi intégralité des personnes qui formaient ce groupe. La priorité est pour le moment donnée au secours avant que l'enquête judiciaire ne commence.

Le moniteur quant à lui exerçait seul en mini-entreprise et était en activité depuis une dizaine d'années. Il avait fait l'objet d'un contrôle deux jours auparavant dans un cadre administratif. Ses baudriers étaient trop usés, il les avait donc changés dans la journée même, a-t-il poursuivi.

"Son matériel était conforme à la règlementation et son activité parfaitement régulière. Aucun écart à la réglementation n'est constaté au moment où l'incident se produit", a-t-il assuré, précisant que le matériel en question n'était pas en cause selon les premiers éléments de l'enquête.

La météo mauvaise au départ du groupe

La météo était mauvaise au moment du départ du groupe et le niveau d'eau était relativement haut, ont indiqué à la police plusieurs témoins et professionnels.

Deux guides qui ont tenté de porter secours aux victimes ont été entendus dans le cadre de l'enquête et ont indiqué avoir fait la "partie familiale" du parcours avant de renoncer à la seconde partie en raison des conditions météorologiques et des dangers que cela impliquait.

Ils ont également indiqué avoir avisé le guide qui encadrait le groupe surpris par la crue des risques encourus, lequel avait pourtant décidé de poursuivre.

"La météo était mauvaise au moment du départ. Il y avait un risque d'orages mais il appartient aux professionnels de mesurer le danger (...) Le guide avait été avisé des dangers."

Le procureur d'Ajaccio a ensuite précisé sur BFMTV que l'accident s'était produit du fait de causes liées à la météorologie et que l'enquête devait désormais déterminer si la sortie devait ou non être maintenue. 

Les rescapés "choqués par ce qu'ils ont subi"

En ce qui concerne les victimes, elles sont toutes de nationalité française. Le moniteur venait de Bretagne, le jeune couple était originaire de Carcassonne et le père et sa petite fille venaient du Nord.

Le père rescapé et son fils, originaires des Côtes-d'Armor, ne portent que "peu de séquelles, mais sont choqués par ce qu'ils ont subi", a indiqué sur BFMTV le procureur d'Ajaccio.

M. F.