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Police-Justice

Disparition d'Émile: pourquoi les enquêteurs sont-ils troublés par l'échec des chiens Saint-Hubert?

Malgré la spécialisation de ces chiens dans les travaux de recherches, aucune piste probante n'a été trouvée autour du hameau du Haut-Vernet. Un échec qui ouvre la voie à plusieurs autres hypothèses.

Une disparition, des interrogations, et très peu de réponses. Alors que le petit Émile, deux ans et demi, est toujours porté disparu après s'être volatilisé samedi en fin de journée à hauteur du hameau du Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les recherches doivent, à partir de ce mercredi, revêtir une nouvelle temporalité.

Une décision prise en raison du manque de pistes concrètes des enquêteurs, qui malgré l'intervention de chiens de la race Saint-Hubert, n'ont pas trouvé de traces de vie du petit garçon sur le périmètre décidé.

Disparition d’Emile, l’énigme après quatre jours de recherches
Disparition d’Emile, l’énigme après quatre jours de recherches
17:16

Chiens entraînés

Le manque de résultat des équipes cynophiles étonne Stéphane Renaud, dresseur canin invité mardi soir sur BFMTV. Selon lui, il est "troublant" que ces chiens n'aient pas retrouvé la piste de l'enfant "sur une si petite zone."

"Là, on parle de Saint-Hubert avec des gens aguerris, des chiens entraînés, sélectionnés en amont, ce n’est pas n’importe quel Saint-Hubert qui rentre en gendarmerie, ils vont les affûter. Ils sont prêts à aller chercher quelqu’un sur le terrain, et ce n’est pas une grande surface", souligne-t-il.

C'est depuis 2003 que ce type de chien, qui possède 300 millions de cellules olfactives, soit 20% de capacités supplémentaires en comparaison aux autres races, est introduit dans la gendarmerie nationale.

Lors d'une opération de recherche, le schéma est le même: présenter au chien l'odeur de la personne disparue - pour un enfant, cela peut être son doudou, un pyjama, ses vêtements et amener l'animal à l'endroit exact où la personne disparue a été vue pour la dernière fois.

"Mort ou vivant"

Et le spécialiste d'égrainer les différentes hypothèses. Selon lui, même si Émile avait chuté dans un trou, "le chien serait arrivé au bord du trou." Même topo si celui-ci était mort le temps des recherches.

"Si jamais il sent l’enfant, qu’il soit mort ou vivant depuis moins de quatre jours, le chien va quand même le trouver", martèle-t-il.

Vient alors la dernière hypothèse, celle d'un enlèvement, ou du déplacement du corps du disparu. "Ce qui peut rendre les choses compliquées, c’est qu’il ait été déplacé par un moyen mobile, un quad, un vélo, une voiture, une moto, il y aurait un pont dans la piste et c’est difficile de raccrocher."

Difficile, mais pas impossible. "Si on a un début de piste autrepart, on peut refaire venir un chien à un autre endroit et faire un nouveau point de départ", assure le dresseur.

"Autre temporalité"

En ce qui concerne l'enquête, d'ores et dejà, la totalité des 30 bâtiments composant ce minuscule hameau ont été fouillés, 12 véhicules visités, les 25 habitants du bourg entendus et 12 hectares de terrain "méticuleusement ratissés", avait déclaré le procureur de la République de Digne mardi soir lors d'une conférence de presse au Vernet, le village de 125 habitants dont dépend le Haut-Vernet."

"Nous allons désormais entrer dans une autre temporalité de l'enquête, qui va consister à analyser la masse considérable d'éléments recueillis" lors de cette enquête de terrain et de l'enquête technique et scientifique, avec notamment l'analyse des données de téléphonie autour du hameau au moment de la disparition d'Emile, a expliqué le procureur.

Lors de sa conférence de presse mardi en fin d'après-midi, le procureur de Digne avait expliqué que dans cette hypothèse, "médicalement, au-delà d'un délai de 48 heures, vu le jeune âge de l'enfant, vu sa constitution, et qu'il serait privé de nourriture et d'eau (depuis trois jours), par les fortes chaleur actuelles, le pronostic vital serait très, très engagé".

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV