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Comment les enquêteurs travaillent pour déterminer l'origine de l'incendie de la cathédrale de Nantes

L'intérieur de la cathédrale de Nantes après l'incendie du 18 juillet 2020

L'intérieur de la cathédrale de Nantes après l'incendie du 18 juillet 2020 - SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP

Les investigations pour déterminer l'origine de l'incendie qui a ravagé une partie de la la cathédrale de Nantes pourraient durer plusieurs mois.

L'enquête a été ouverte pour incendie volontaire mais toutes les pistes restent étudiées. Trois jours après l'incendie qui a ravagé une partie de la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul de Nantes, l'origine du sinistre n'est pas connue et les investigations menées par la police judiciaire de Nantes n'en sont qu'à leur début.

Les premières constatations ont fait état de trois départs de feu distincts entre le grand orgue, qui est au premier étage de la façade de l'édifice, l'autel et la nef. Soit "toute la distance de la cathédrale", "une distance conséquente", a noté samedi le procureur de Nantes Pierre Sennès.

Une enquête sur le plan judiciaire...

Pour comprendre l'origine de ce sinistre, l'enquête se concentre sur le plan judiciaire. Des auditions ont et vont être menées, les images des caméras de vidéosurveillance installées aux abords de l'édifice ont été visionnées. Aucune trace d'infraction n'a par ailleurs été constatée. Les policiers ont entendu, en garde à vue, un bénévole du diocèse, responsable de la fermeture de la cathédrale le vendredi soir. L'homme, qui a répondu sur son emploi du temps, a été remis en liberté dimanche soir, sans qu'aucune poursuite ne soit retenue contre lui.

L'enquête se mène également sur le plan scientifique. Plusieurs experts en incendie ont été déployés sur place, un technicien et un ingénieur du laboratoire central de la préfecture de police de Paris sont venus en renfort. Les deux foyers, les moins importants, ont pu être analysés.

"On va compter en semaines la mise en sécurité du site, (...) en mois l'investigation qui va se faire pierre par pierre" et, concernant la durée du chantier de reconstruction précédé d'une phase d'études, "là, l'unité sera plutôt l'année", a estimé Philippe Charron, responsable du pôle patrimoine à la DRAC, la Direction régionale des affaires culturelles.

... et sur le plan technique

Afin de déterminer ce qui a provoqué l'incendie, les polices technique et scientifique vont devoir remonter à son point de départ. "Une fois qu’ils ont cerné le lieu à partir duquel le sinistre s’est développé, ils vont ‘chercher le triangle du feu’, car pour qu’un feu se développe, il faut qu’il y ait du combustible, du bois par exemple, il faut du comburant, de l’oxygène, et il faut quelque chose qui mette le feu, de l’énergie", détaille Christophe Pezron, directeur du laboratoire central de la préfecture de police.

"Ils vont donc chercher sur la scène ce qui a pu brûler. Est-ce que ça peut être du bois, du papier? Est-ce qu’il y avait assez d’oxygène pour que le feu se développe? Et surtout qu’est-ce qui a pu initier le feu? Est-ce que c’est un court-circuit électrique? Est-ce que c’est une bougie? Est-ce que c’est quelqu’un qui fumait?", poursuit-il.

Les recherches se concentrent sur les câbles électriques ou de potentielles traces d'hydrocarbure. Un travail long et minutieux. Lors de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, les experts du laboratoire central de la préfecture de police de Paris ont fouillé des tonnes de gravats pour rechercher ce type d'élément. Plus d'un an après le sinistre qui a ravagé la toiture de l'édifice parisien, l'enquête, menée par trois juges d'instruction, n'a toujours pas rendu ses conclusions.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV