BFMTV
Police-Justice

Comment le trafic de drogue et les règlements de compte gagnent les villes moyennes

Alors qu'une fusillade a fait cinq blessés samedi soir en Meurthe-et-Moselle près d'un point de trafic, les autorités s'inquiètent de voir ce type d'épisodes violents se développer dans les villes moyennes.

Elles ne sont plus l'apanage des grandes villes. Les fusillades liées au trafic de drogue deviennent désormais plus fréquentes dans les villes de taille moyenne et impliquent des armes plus lourdes.

Ces dernières semaines, on recense ainsi deux morts à Cavaillon, dans le Vaucluse, une personne tuée à Valence, dans la Drôme, et encore cinq blessés à Villerupt, en Meurthe-et-Moselle, près de la frontière luxembourgeoise, tous en lien avec le trafic de drogue.

Si la drogue était déjà présente dans les villes de taille moyenne, jusqu'à récemment, elle n'alimentait pas les pages des faits divers de façon aussi dramatique.

Des "armes de guerre"

Les forces de l'ordre notent, de fait, une évolution significative de la situation qui dépasse le cadre de la petite délinquance.

"On a eu affaire à des règlements de compte avec usage d'armes à feu avec des calibres d'armes automatiques et d'armes de guerre", explique à BFMTV Cédric Bovrisse, secrétaire départemental Alliance Police Côte-d'Or.

"C'est vraiment une grosse montée en puissance, avec des armes qui ne sont plus là pour faire peur, mais qui peuvent tuer", assure-t-il.

La montée en puissance du trafic de cocaïne

Pour certains experts, ces changements sont liés au développement du trafic de cocaïne.

"Cette cocaïne (...) rapporte plus d'argent et hystérise la concurrence entre les voyous parce que la manne est importante", analyse à notre micro le journaliste Frédéric Ploquin, spécialisé dans le grand banditisme et auteur de Jacky le Mat.

Un changement de taille, alors que cette drogue "n'était pas présente il y a encore dix ans dans ces territoires", indique-t-il.

Les élus demandent plus de moyens

Dans les territoires concernés, la situation inquiète, et les élus demandent à recevoir plus de soutien.

"Les agents sont sous pression, en sous-effectif et on ne leur donne pas les moyens qu'il faudrait pour travailler correctement", fait valoir Pierrick Spizak, maire PCF de Villerupt, en Meurthe-et-Moselle.

"Aujourd'hui, sur notre circonscription, ce sont 12.000 procédures qui ne sont pas traitées. Non pas parce que (les forces de l'ordre) ne veulent pas les traiter, c'est que les agents n'ont pas les moyens de les traiter", assure-t-il.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déjà annoncé, lors d'un déplacement dans les Yvelines le 10 mai dernier, le déploiement de 500 policiers supplémentaires dans les villes de taille moyenne à partir de septembre prochain.

Juliette Desmonceaux