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"Ce passé m'a rattrapé": le mafieux italien devenu pizzaïolo à Saint-Étienne s'exprime pour la première fois

Egardo Greco, sur une photo partagée par les carabiniers italiens.

Egardo Greco, sur une photo partagée par les carabiniers italiens. - Capture d'écran/Carabiniers de Cosenza

Condamné en Italie en 2006 pour un double meurtre, Edgardo Greco avait trouvé refuge à Saint-Étienne où il travaillait en tant que pizzaïolo. Il demande à purger sa peine en France, par peur de la prison italienne et des représailles.

"Au mauvais moment, au mauvais endroit". Pour la première fois depuis son arrestation et son incarcération, Edgardo Greco, connu en France sous le nom de Paolo Dimitrio, pizzaïolo de Saint-Étienne dans la Loire, s'exprime par l’intermédiaire de son avocat auprès d'Actu Saint-Étienne.

"Je pensais qu'on m'oublierait. J'ai peut-être cru naïvement à la prescription ou au droit à l'oubli, mais non", confie-t-il.

Edgardo Greco a été interpellé en février dernier par la police française en collaboration avec les carabiniers italiens dans le cadre du projet I-Can, une coopération d'Interpol contre la 'Ndrangheta, une organisation mafieuse du sud de l'Italie.

Condamné pour deux meurtres

Il était en fuite depuis sa condamnation pour meurtres en Italie en 2006 et faisait l'objet d'un mandat d’arrêt européen depuis 2014. Il avait été condamné pour deux meurtres commis en janvier 1991 dans le cadre d’une "guerre mafieuse" et une tentative de meurtre la même année. En outre, Edgardo Greco était connu pour ses talents de braqueur de banques et de fourgons.

"J'étais présent au mauvais moment, au mauvais endroit. Je n'ai pas tué ces gens", se défend-il auprès d'Actu Saint-Étienne.

Il explique avoir des liens d'amitié avec "certains membres de la 'Ndrangheta". "Mon parcours est compliqué, sans attache familiale (...). J'ai grandi dans un environnement ultra-violent. À l'époque, je n'ai trouvé du soutien qu'avec ces gens-là", détaille-t-il.

S'il assure n'avoir été que "la dernière roue du carrosse de ce cartel de drogue", le ministre de l'Intérieur italien l'a décrit comme "l'un des pires criminels italiens".

"C'est mieux d'être dans une ville de taille moyenne"

Edgardo Greco était en cavale depuis 16 ans après s’être échappé lors d'une garde à vue. Il avait trouvé refuge à Saint-Étienne. "Quand vous êtes recherché, c'est mieux d'être dans une ville de taille moyenne, excentrée des grandes métropoles comme Lyon ou Paris", explique l'Italien.

Il avait alors exercé dans plusieurs pizzerias de la ville avant de devenir propriétaire et gérant de son propre établissement. Le quotidien local Le Progrès lui avait alors consacré un article. Le fugitif aurait notamment été identifié et retrouvé grâce aux photos publiées dans ce papier avant d'être arrêté en février dernier.

Il veut purger sa peine en France

Edgardo Greco est incarcéré dans une prison lyonnaise. L'Italie exige son extradition et cette demande devrait être jugée en décembre. "Je ne veux pas retourner en Italie. Je suis prêt à purger ma peine de prison en France. Pour ensuite redevenir un pizzaïolo de Saint-Etienne", confie Edgardo Greco.

"Je risque des représailles. J'ai peur de mourir en Italie", ajoute-t-il.

Il appuie ses arguments en expliquant que "la loi antimafia italienne est bien plus sévère qu'en France". "Elle est dérogatoire du droit commun où vous êtes condamné sans droit de recours. Isolement, interdiction de parloir, les conditions sont particulièrement dures dans les prisons italiennes", conclut-il.

"S'il va en Italie, c'est un homme mort. Il est mort sur le plan judiciaire, puisqu'il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, et il est mort physiquement car des gens là-bas aimeraient bien le retrouver", expliquait en avril à BFMTV.com son avocat Me David Metaxas.

L'interpellation d'Edgardo Greco avait provoqué un tollé à Saint-Étienne où celui qui a été condamné pour meurtres semblait apprécié de ceux qu'il côtoyait. "Il était super gentil, les clients le connaissaient, jamais on n’aurait pu penser à un truc comme ça", confiait à BFMTV Maurizio Diana, gérant d'un restaurant qui a employé l'ancien mafieux.

Salomé Robles