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Police-Justice

"Ça a commencé par des petites sommes": comment des "brouteurs" ruinent les vies de leurs victimes

Ophélie, la sœur d'une victime de brouteurs, et Anna, arnaquée elle aussi, ont raconté sur BFMTV leur expérience avec des personnes se cachant sous une fausse identité pour soutirer de l'argent.

Une pratique véreuse qui ne date pas d'hier, mais qui continue de faire des victimes. Un homme a récemment avoué avoir tué sa compagne dans le Pas-de-Calais pour concrétiser une relation avec une femme qui n'existe pas. Celle-ci a été créée de toute pièce par un brouteur, un escroc qui piège ses victimes sur Internet - le plus souvent en dissimulant sa véritable identité - et leur soutire de l'argent. Avant lui, d'autres ont connu des histoires similaires.

Dans le cas d'Anna, tout est parti d'un message publié sur un groupe de série novela sur Facebook. Elle reçoit plusieurs messages en 2019 de la part d'un homme qui souhaite discuter avec elle.

"Je lui ai répondu, on a parlé et l'intimité s'est installée. Deux-trois mois après j'ai commencé à lui envoyer des petites sommes d'environ cinquante euros", témoigne-t-elle sur BFMTV.

Anna ne le sait pas encore, mais elle va devenir la prochaine victime d'un brouteur aux sentiments. "On parlait tous les jours du matin jusqu'au soir, ça s'est installé tout doucement. Mais ils sont très manipulateurs. Je ne me suis pas méfiée parce qu'à cette époque ça n'allait pas très bien dans mon couple", raconte encore Anna.

Plusieurs milliers d'euros perdus

La quinquagénaire, qui dit n'avoir jamais entendu parler d'arnaques au sentiment ou de faux profil, confie être "tombée dans le panneau comme beaucoup de personnes".

"C'était un légionnaire qui me disait être à Aubagne. Avec l'uniforme je ne me suis pas méfiée du tout parce qu'on est pas censés se méfier d'un uniforme", raconte-t-elle.

Victime d'une arnaque au faux-militaire, elle lui verse plusieurs milliers d'euros avant de se rendre compte de la supercherie.

"Il m'a recontacté, j'ai essayé de le baratiner et lui ai demandé un RIB ce qu'il a fait. J'ai découvert le nom d'un destinataire et j'ai alors pu porter plainte", poursuit Anne. "Il y a peu de chance qu'on le retrouve car ce sont des réseaux très organisés. J'ai un petit espoir mais je n'y crois pas trop".

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28:08

"Ils lui ont demandé de l'argent qu'il n'avait pas"

Ophélie, elle, a perdu son frère dans une arnaque similaire. En 2015, Anthony reçoit plusieurs messages d'une femme et une discussion très rapide s'engage entre lui et elle.

"Cela a duré quatre jours (...) C'était des messages 'coucou ça va?' d'une personne qui disait habiter à une heure de chez mes parents et se disait coiffeuse", raconte la jeune femme.

"Ils ont échangé des messages et il y a eu des vidéos à caractère sexuel. Et le dernier jour il y a eu le début du chantage. Ils lui ont demandé de l'argent qu'il n'avait pas, il avait tout juste 18 ans et sortait d'études", poursuit Ophélie sur BFMTV.

"Quelques semaines après, il a mis fin à ses jours. Il leur a dit texto à la fin de leur conversation qu'il fallait qu'ils arrêtent de lui réclamer de l'argent qu'il n'avait pas et leur a dit qu'il allait se mettre une balle dans la tête, ce qu'il a fait".

Huit ans après le drame, Ophélie continue de se battre pour son frère et lance un appel sur notre antenne:

"Il était jeune, ne savait pas vers qui se tourner. Il avait très peur. Il faut en parler, il y a des associations, des numéros verts. Tout le monde peut aider."

Hugues Garnier Journaliste BFMTV