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Police-Justice

Blessés à Sainte-Soline: les secours ont-ils été sciemment retardés? Les autorités démentent

Un blessé pris en charge en marge d'affrontements entre forces de l'ordre et opposants à la construction de "bassines" de rétention d'eau, à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023

Un blessé pris en charge en marge d'affrontements entre forces de l'ordre et opposants à la construction de "bassines" de rétention d'eau, à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023 - Thibaud MORITZ © 2019 AFP

Les organisateurs dénoncent "des entraves" à l'intervention des secours par les forces de l'ordre. Une source proche des gendarmes assure à BFMTV qu'ils "récusent totalement" ces accusations.

Alors que l'un des participants à la manifestation contre le chantier des méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) est toujours ce lundi matin entre la vie et la mort, les organisateurs accusent les forces de l'ordre d'avoir sciemment retardé l'arrivée des secours pour prendre en charge la victime et d'être à l'origine des affrontements. Des accusations que démentent les gendarmes.

La Ligue des droits de l'Homme, qui avait mandaté sur place 22 membres de plusieurs observatoires des libertés publiques et des pratiques policières, a dénoncé "un usage immodéré et indiscriminé de la force sur l'ensemble des personnes présentes sur les lieux" et "des tirs massifs et indiscriminés au gaz lacrymogène", et ce même "avant l'arrivée des manifestants sur le site".

"Contrairement à la version de la préfecture, il y a eu d'emblée une réaction violente de la part des gendarmes", relate Patrick Baudoin, président de la Ligue des Droits de l'Homme sur BFMTV.

La LDH assure aussi avoir constaté "plusieurs cas d'entraves par les forces de l'ordre à l'intervention des secours", dont un dans une zone "totalement calme depuis plusieurs dizaines de minutes".

"C'était une zone parfaitement calme et accessible", abonde Patrick Baudoin.

Un laps de temps d'1h40

Des accusations partagées par les organisateurs de la manifestation, comme le mouvement Les Soulèvements de la Terre qui déplore plus de 200 blessés, contre sept selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, et pointe le gouvernement comme "doublement fautif" de l'état critique du manifestant toujours dans le coma.

Âgé de 30 ans, cet homme a subi un traumatisme crânien après avoir été touché par un projectile dont on ne connaît pas encore la nature ou la provenance, a appris BFMTV d'une source proche de l'enquête.

"Entre le moment où (la victime) a été blessée (13h30) et le moment où l'ambulance est arrivée (15h10), il s'est écoulé 1h40. L'hélicoptère du Samu a décollé à 17h10, soit 3h40 plus tard" assure le mouvement Les Soulèvements de la Terre sur Twitter.

Et si les secours n'ont pas pu intervenir plus tôt, c'est parce qu'ils ont, selon eux, été "entravés par la police".

Les autorités récusent toute entrave

De leur côté les forces de l'ordre "récusent totalement" cette version des faits. "Dès qu’ils ont su qu’il y avait un blessé, ils ont engagé leur médecin gendarmerie avec un infirmier sous le feu du black bloc" assure une source proche de la gendarmerie à BFMTV.

"Ils récusent totalement la thèse selon laquelle ils auraient retardé à dessein l’arrivée des secours" poursuit-elle.

Même son de cloche du côté de la préfecture des Deux-Sèvres qui déclare à BFMTV que "les services de secours sont intervenus dans des conditions extrêmement difficiles et ce, alors que les heurts n'avaient pas cessé et que les forces de l'ordre continuaient à être prises à partie".

"Ils ont été gênés dans leur progression par les affrontements qui se poursuivaient au plus près de la réserve de substitution", poursuit-elle.

Une enquête a été ouverte "pour déterminer la nature exacte" des blessures graves de trois manifestants au total et "les circonstances dans lesquelles" ces personnes ont été blessées, a annoncé dimanche le parquet de Niort dans un communiqué de presse.

D'autres enquêtes ont été ouvertes, notamment pour "organisation de manifestation interdite", "violences sur militaires" et "destruction de biens". 45 gendarmes ont porté plainte après des blessures.

Emilie Roussey