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Police-Justice

Bataille judiciaire entre la famille de Nahel et Jean Messiha, initiateur d'une cagnotte polémique

Jean Messiha, le 10 janvier 2017 à Paris

Jean Messiha, le 10 janvier 2017 à Paris - JOEL SAGET © 2019 AFP

La famille de Nahel dépose plainte contre Jean Messiha, initiateur d'une cagnotte en soutien au policier ayant tiré sur l'adolescent. L'ancien porte-parole de la campagne d'Éric Zemmour a décidé de contester en justice cette plainte qu'il juge sans "aucun fondement juridique".

Plainte contre plainte. Une semaine après la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, la famille de l'adolescent a décidé de poursuivre en justice Jean Messiha, ancien membre du RN passé chez Reconquête, pour escroquerie en bande organisée. Ce militant d'extrême droite a lancé une cagnotte en soutien à la famille du fonctionnaire ayant tiré sur le jeune de 17 ans.

En quelques jours, plus de 1,6 million d'euros ont été récoltés sur la plateforme GoFundMe, vivement critiquée à gauche pour son refus de dépublier la cagnotte.

Yassine Bouzrou, l'avocat de la mère de Nahel, dénonce des "manœuvres frauduleuses", notamment "l'utilisation illégale des antécédents judiciaires de Nahel pour le criminaliser et créer un mouvement de soutien au policier ayant tiré", rapporte RMC.

"Manœuvres frauduleuses"

Dans cette plainte révélée par RMC et que BFMTV a pu consulter, l'avocat de la famille de Nahel estime que pour inciter des gens à donner des fonds au policier, Jean Messiha a utilisé des "manœuvres frauduleuses", notamment en révélant des informations confidentielles venant de fichiers de police et non d'un casier judiciaire, "pour le criminaliser et le présenter mensongèrement comme un multirécidiviste".

"Monsieur Jean Messiha, les personnes lui ayant transmis les informations issues des fichiers de police et celles ayant contribué à créer la cagnotte, ont ainsi commis une escroquerie en bande organisée au préjudice des donateurs qui ont été trompés", peut-on également lire.

Dans le même temps, les députés Arthur Delaporte (PS) et Mathilde Panot (LFI) ont annoncé avoir saisi la Procureure de la République à propos de la "cagnotte de la honte" et ont demandé sa fermeture.

"Communication politique diffamatoire et calomnieuse"

Sous pression, Jean Messiha a annoncé en début de soirée que la cagnotte allait être clôturée. Dans un plus long tweet publié quelques heures plus tard, le militant d'extrême droite a indiqué qu'il comptait contester en justice "la plainte déposée par la famille de Nahel", qui selon lui "n’a aucun fondement juridique".

"Elle relève d’une récupération honteuse et d’une communication politique diffamatoire et calomnieuse contre laquelle je déposerai plainte", annonce Jean Messiha.

"J’invite les 100.000 donateurs, qui ont été accusés par la famille de Nahel, d’être des escrocs en bandes organisées, à déposer plainte pour diffamation", a-t-il également écrit.

Mercredi, juste après minuit, la cagnotte a finalement été clôturée. En quelques jours, 1.636.240 euros ont été récoltés. Sollicitée par BFMTV lundi, la plateforme GoFundMe a assuré que cette cagnotte était "conforme" aux conditions d'utilisation.

En parallèle, une autre cagnotte de soutien à la famille du motard de 38 ans, lancée sur Leetchi par un policier au nom de l'Amicale motocycliste des Hauts-de-Seine, cumulait près de 75.000 euros.

Une autre cagnotte a vu le jour sur Leetchi pour soutenir la mère de l'adolescent de 17 ans, qu'elle élevait seule. Mardi soir, le compte affichait plus de 400.000 euros.

Ariel Guez