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Police-Justice

Attaque à la mosquée de Bayonne: qui est Claude Sinké, l'assaillant présumé?

Ancien candidat du Front national, il a été placé en garde à vue après son arrestation, du chef de tentative d’assassinats.

Il était aux alentours de 15h25 ce lundi lorsque un individu se présente à la mosquée de Bayonne équipé d’un bidon d’essence. Tentant d’incendier la porte d’entrée du lieu de culte, ce dernier est ensuite surpris par deux personnes sur qui il tire avant de mettre feu à une voiture stationnée non-loin de là. Après avoir pris la fuite, le suspect, Claude Sinké, a été ensuite interpellé par la brigade anti-criminalité (BAC) à son domicile à Saint-Martin-de-Seignanx, à une dizaine de kilomètres de Bayonne.

Pendant son interpellation, ce Landais de 84 ans, ancien militaire et retraité de l’Education nationale, a résisté et affirmé posséder des armes et des grenades. Une opération de déminage s'est donc déroulée dans son véhicule et à son domicile, où des armes ont été retrouvées, mais aucun explosif. Une arme de poing a été découverte à l'intérieur de sa voiture. L'homme a été placé en garde à vue après son arrestation, du chef de tentative d’assassinats.

Un ancien candidat du FN

Très vite, un premier profil de l’octogénaire se dessine. Inconnu des services de police, il avait été candidat Front national (ancien nom du Rassemblement national) aux élections départementales dans les Landes en 2015. "Il a effectivement fait partie des 8000 candidats que nous avions lors des élections départementales", a confirmé Jordan Bardella, le vice-président du Rassemblement national, lundi soir, sur BFMTV.

"À l’issue du scrutin, ce dernier (le suspect, ndlr) a été écarté de sa fédération départementale pour avoir tenu des propos jugés contraires à l’esprit et à la ligne politique du Rassemblement national. Il n’a, depuis, plus participé à la moindre action du mouvement et n’est plus adhérent", a précisé le parti dans un communiqué.

Un comportement suspect

De fait, l’homme n’était pas vraiment connu dans son quartier du Chemin Grand Jean, où il avait emménagé il y a quelques mois seulement. BFMTV a pu interroger des personnes qui le connaissaient bien: plusieurs personnes nous ont indiqué qu'elles préféraient ne pas saluer Claude Sinké quand elles le croisaient dans la rue. Il était "fui pour ses excès verbaux", affirme Mike Bresson, adjoint à la mairie de Saint-Martin-de-Seignanx, à l'AFP.

"Il véhiculait des idées racistes et xénophobes et ne s’en cachait pas", nous précise-t-on dans son entourage. De manière générale, la politique semblait être un sujet brûlant pour le suspect. "Il pouvait être très sympathique, sauf quand on parlait de politique, là il s’énervait et pouvait devenir verbalement violent", explique-t-on toujours dans son entourage.

A tel point que l’ancien maire de Saint-Martin-de-Seignanx, qui était également son adversaire politique, avait dû lui interdire l’accès à la mairie car ce dernier venait importuner, voire menacer, les agents municipaux. A plusieurs reprises, ses discours avaient été jugés farfelus et incohérents. 

"Il se sentait persécuté", affirme à Sud-Ouest Francis Géraudie, actuel Premier adjoint de la commune. Sculpteur amateur, président de l'association des Amis des arts bayonnais selon le journal, "il voulait exposer ses œuvres dans des salles municipales, il interpellait les élus", poursuit Francis Géraudie. "Il nous inquiétait un peu, mais jamais nous n'aurions pensé à un tel passage à l'acte."

Encore engagé politiquement

Malgré l’âge, Claude Sinké restait actif politiquement. Ainsi, plus tôt en octobre, il avait envoyé une lettre au bâtonnier de Bayonne, ainsi qu’à un journaliste de Sud-Ouest, dans laquelle il expliquait compter porter plainte contre Emmanuel Macron. Le journal a refusé de la publier dans son intégralité "en raison de son caractère discriminatoire, xénophobe et diffamatoire". Par le passé, il avait également eu pour intention de porter François Hollande devant la justice.

Il avait écrit un livre, La France à cœur ouvert, ou regards sur la misère humaine, publié en août 2014, dans lequel il critiquait la société actuelle et la place de la religion.

Hugo Septier