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Police-Justice

Attaque à Arras: Dominique Bernard, un professeur de lettres "humainement très riche" et "sensible"

Dominique Bernard, enseignant au lycée Gambetta à Arras, est mort dans l'attaque au couteau survenue vendredi matin. Trois autres personnes ont été blessées dans l'attentat, selon le parquet national antiterroriste.

Pour Gabriel Attal, c'est "une nouvelle victime au sein de la famille qu'est l'école". Une attaque au couteau a eu lieu ce vendredi 13 octobre vers 11 heures dans le lycée Gambetta-Carnot d'Arras, dans le Pas-de-Calais. Un enseignant a été tué et trois autres personnes blessées.

La victime décédée est Dominique Bernard, un professeur de lettres âgé de 57 ans décrit comme étant une personne "brillante" et "sensible" par ceux qui l'ont connu. Originaire d'Arras, père de trois grandes filles, selon plusieurs sources, et marié à une enseignante en poste dans un autre établissement de la région, Dominique Bernard avait fait ses études de Lettres à Lille.

Un enseignant apprécié

"C'était quelqu'un de brillant, intelligent, cultivé, toujours à l'écoute, agrégé de lettres. Il aimait beaucoup la littérature, Julien Gracq", a raconté à l'AFP Paule Orsini, son ex-collègue au collège-lycée Gambetta d'Arras, où elle a enseigné la philosophie de 1987 à 2011. "Il aimait enseigner et il était très agréable".

"On l'adorait, il était vraiment super", a aussi témoigné un élève au micro de France Inter. Une réputation confirmée par un élève de 5e, Bartolomé, auprès du Parisien: "C’était le prof que je rêvais d’avoir. Tout le monde le trouvait sympa, intéressant, facile avec les élèves. Je n’arrive pas à y croire. C’était une journée cool, j’avais sport et perm’… et là, un prof se fait tuer".

"J'ai pas eu le temps de le remercier, ce professeur, de toutes les années qu'il m'a accordées. Je n'ai même pas eu le temps de lui dire au revoir, donc je vois ça un peu comme un symbole de venir devant le lycée pour lui dire au revoir", a déclaré ce samedi au micro de BFMTV une élève du lycée Gambetta devant l'établissement.

"C'était une personne extraordinaire parce que, qu'on ait des difficultés ou non, qu'on soit impliqué dans les lettres ou non, il était vraiment là tout le temps pour nous", a expliqué cette lycéenne, qui se dit "sous le choc et en colère".

Fabien Dufay, professeur d'EPS au sein du lycée endeuillé, a décrit à BFMTV un homme "très sympathique, avec qui on rigolait en salle des profs".

"Une belle personne"

"C'était quelqu'un d'humainement très riche, très généreux, très attentif aux autres", a raconté à l'AFP Bruno Lecat, l'un de ses amis de jeunesse, qui a fait ses études de Lettres avec lui.

"C'était quelqu'un de passionné de littérature, extrêmement sensible. C'était vraiment une belle personne", a-t-il poursuivi, gagné par l'émotion.

Thierry Quétu, secrétaire régional FSU des Hauts-de-France, a indiqué sur BFM Lille qu'il s'agissait d'un enseignant "plutôt en fin de carrière".

"On pense d'abord à la famille, aux élèves et collègues de l'établissement", a encore déclaré le représentant syndical.

"Il a sans doute sauvé beaucoup de vie"

Pour son ami de jeunesse Bruno Lecat, "c'était quelqu'un de très investi dans son travail, qui a payé son engagement de sa vie". "Ça fait partie de ces professeurs qui sont en première ligne, et qui ont de véritables valeurs républicaines", a jugé ce professeur de Lettres. "Ça m'a complètement effondré. Après Samuel Paty, c'est terrible".

Le président de la République Emmanuel Macron, qui s'est rendu vendredi dans l'établissement scolaire, s'est recueilli devant le corps du professeur tué.

"L'enseignant qui a été tué s'est interposé d'abord et a sans doute sauvé beaucoup de vie", a notamment déclaré le chef de l'État devant la presse.

L'établissement scolaire a rouvert dès ce samedi 14 octobre, afin que les personnes souhaitant rendre hommage aux victimes de l'attentat puissent s'y recueillir.

Hugues Garnier et Sophie Cazaux avec l'AFP