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Assassinat de Samuel Paty: le parquet antiterroriste ouvre une enquête visant le jihadiste Faruq Shami

Hommage à Samuel Paty à Eragny-sur-Oise le 16 octobre 2021

Hommage à Samuel Paty à Eragny-sur-Oise le 16 octobre 2021 - ALAIN JOCARD / AFP

Faruq Shami est soupçonné d'être le commanditaire de l'attentat commis contre Samuel Paty. Il était en contact depuis la Syrie avec l'assassin, Abdoullakh Anzorov. Une enquête est ouverte pour "provocation à un acte terroriste".

Dans l'enquête sur l'assassinat de Samuel Paty, Faruq Shami est décrit comme le "mentor" du terroriste Abdoullakh Anzorov. Les avocats du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, mis en examen pour complicité dans ce dossier, l'ont même présenté comme "l'instigateur voire le commanditaire" du crime. Ainsi, le parquet national antiterroriste (PNAT) a ouvert lundi une enquête préliminaire pour "provocation à un acte terroriste" à l'encontre du jihadiste Faruq Shami, a appris BFMTV de source judiciaire confirmant une information du​ Parisien.

"Des investigations plus poussées semblent s’imposer sur (...) le rôle d'instigateur de Faruq Shami", un contact tadjik d'Anzorov en Syrie, "qui apparaît avoir été le mentor du terroriste", ont commenté fin octobre auprès de l'AFP les avocats d'Abdelhakim Sefrioui, Mes Elise Arfi, Ouadie Elhamamouchi et Sefen Guez Guez.

Blogueur jihadiste

Officiellement blogueur en Syrie, Faruq Shami est l'un des premiers à avoir reçu une photo de la tête décapitée de Samuel Paty, quelques minutes après l'attentat commis par Abdoullakh Anzorov, le 16 octobre 2020. Par ailleurs, quelques semaines avant le drame, il avait appelé dans une vidéo à cibler la France dans un "délai d'un mois", à la suite de la publication des caricatures du prophète Mahomet par le journal Charlie Hebdo.

Face à ce personnage trouble qui continue de diffuser des vidéos et des photos sur les réseaux sociaux, Mes Arfi, Elhamamouchi et Guez Guez avaient demandé qu'un mandat d'arrêt soit lancé contre lui. Une requête rejetée le 14 octobre dernier par les juges d'instruction antiterroristes chargés de l'enquête sur l'assassinat de Samuel Paty.

Les magistrats ont estimé qu'il n'existait pas "de lien direct entre Faruq Shami et Abdullakh Anzorov ayant conduit à la commission des faits", selon une source proche du dossier à BFMTV. Reste que le parquet antiterroriste a jugé opportun d'ouvrir une enquête distincte contre le jihadiste afin de vérifier le rôle qu'il a pu jouer dans cette affaire.

14 personnes mises en examen

Concernant l'enquête principale sur l'assassinat du professeur, les investigations sont désormais closes. Quatorze personnes sont mises en examen, dont plusieurs collégiens. Au premier rang, deux connaissances d'Anzorov de sa ville d'Evreux, Azim E. et Naïm B., qui l'ont accompagné pour acheter un couteau. Le second était allé avec lui jusqu'au collège de Conflans-Sainte-Honorine, où travaillait Samuel Paty.

Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui sont poursuivis pour complicité d'assassinat terroriste, soupçonnés d'avoir "ciblé" Samuel Paty via une vidéo et ainsi d'avoir "facilité la définition d'un projet criminel" par Abdoullakh Anzorov. Autre mise en cause pour cette "complicité" d'assassinat, Priscilla M., trentenaire convertie à l'islam, en lien sur les réseaux sociaux avec l'assassin, les jours précédant l'attaque.

Quant à la fille de Brahim Chnina, elle est mise en examen pour dénonciation calomnieuse: elle a admis avoir menti en affirmant que le professeur avait demandé aux élèves musulmans de se signaler et de sortir de la classe lors de ce cours.

Vincent Vantighem avec AL