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Assassinat de Samuel Paty: la famille de l'enseignant porte plainte contre l'Etat

Lors de la cérémonie en hommage à Samuel Paty, le 16 octobre 2021, à Eragny-sur-Oise, où vivait l'enseignant assassiné

Lors de la cérémonie en hommage à Samuel Paty, le 16 octobre 2021, à Eragny-sur-Oise, où vivait l'enseignant assassiné - Alain JOCARD © 2019 AFP

La famille de Samuel Paty, assassiné par un jihadiste en octobre 2020, accuse les pouvoirs publics de ne pas avoir pris suffisament de mesures de protection.

L'Etat n'a pas suffisament protégé Samuel Paty, cet enseignant assassiné en octobre 2020 devant son collège par un jihadiste. Sa famille a porté plainte pour "non-assistance à personne en péril" et "non empêchement de crime", a appris BFMTV.com confirmant une information de Libération. Cette plainte a été déposée auprès du parquet de Paris contre l'administration, estimant qu'elle avait commise des "fautes".

"Des fautes ont été commises tant du côté de l'Education nationale que du côté du ministère de l'Intérieur, sans lesquelles Samuel Paty aurait pu être sauvé", a indiqué à l'AFP Me Virginie Le Roy.

La plainte vise également plusieurs agents de l'Éducation nationale, par exemple au rectorat ou au collège. "Préalablement à la présente plainte, la famille de Samuel Paty a questionné les ministères concernés et leur a demandé la transmission de plusieurs informations et documents, elle n'a obtenu aucune réponse", précise la plainte.

Engrenage fatal

Samuel Paty, un enseignant de 47 ans, a été assassiné le 16 octobre 2020 près du collège où il enseignait à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. L'auteur de ce crime, tué par la police, est un Tchétchène de 18 ans, radicalisé, qui repprochait au professeur d'avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d'un cours.

L'enquête conduite par des juges antiterroristes a permis de retracer les étapes de cet engrenage fatal. Quelques jours avant l'assassinat du professeur, une collégienne a rapporté à ses parents que Samuel Paty avait montré des caricatures du prophète Mahomet lors d'un cours sur la laïcité, demandant aux collégiens musulmans de se signaler. Son père Brahim Chnina lançait alors une virulente campagne sur les réseaux sociaux.

"Les agents du ministère ont failli dans l'assistance"

Soutenu par un militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, il porte plainte contre l'enseignant pour diffusion d'image pornographique. Une rencontre est organisée au collège. La principale du collège "a accompagné le professeur dès le lendemain mardi quand elle a recueilli une première réaction d'une mère d'élève", relatait l'inspection générale de l'Education. L'adminsitation notait par ailleurs la faiblesse de l'équipe éducative et notamment le manque de surveillance des réseaux sociaux.

Pour la famille, "dès le 8 octobre et jusqu'au 16, Samuel Paty, la principale et les enseignants ont identifié une menace grave pour leur intégrité physique et la sécurité du collège", résultant notamment de la médiatisation de l'affaire via les réseaux sociaux Mais pour la famille, "les agents du ministère de l'Intérieur ont failli dans l'assistance à Samuel Paty", qui "aurait dû bénéficier au minimum de la protection la plus faible", un ou deux agents, au vu de la "menace" le visant, ce qui "l'aurait sauvé".

Informé de la campagne du père de famille et du militant, Abdoullakh Anzorov, un Tchétchène de 18 ans, s'était rendu le 16 octobre 2020 devant le collège. Il y avait rencontré des élèves qui, contre de l'argent, lui ont permis d'identifier le professeur de 47 ans. Depuis la collégienne a reconnu avoir menti à son père, n'ayant pas assisté au cours en question. À ce jour, 15 personnes sont mises en examen dans ce dossier.

Justine Chevalier avec AFP