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Police-Justice

Après un faux départ, le couple Fillon de retour au tribunal

Le couple Fillon à l'ouverture de leur procès, lundi 24 février. Le procès est repoussé au 26 février.

Le couple Fillon à l'ouverture de leur procès, lundi 24 février. Le procès est repoussé au 26 février. - Lionel BONAVENTURE / AFP

Reporté après son ouverture lundi à la demande de la défense en raison de la grève des avocats, le procès de Penelope et François Fillon débute ce mercredi. Le délibéré est prévu pour le 11 mars.

Lui en costume sombre, visage fermé, elle en tailleur noir, cheveux mi-longs blancs et lunettes, François et Penelope Fillon, 65 et 64 ans, étaient arrivés lundi sous une nuée de caméras. 

Suspendu dans la foulée de son ouverture lundi, le procès de l'ex-Premier ministre François Fillon et de son épouse Penelope dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de Penelope Fillon démarre pour de bon mercredi à Paris avec l'examen de points de procédure.

Ce procès très attendu, dans lequel les époux Fillon et l'ancien suppléant de François Fillon à l'Assemblée, Marc Joulaud, encourent dix ans de prison et de lourdes amendes, avait été reporté de 48 heures quelques minutes après son ouverture lundi.

Le tribunal correctionnel avait fait droit à une demande de renvoi de la défense, qui sollicitait ce report en soutien à la grève des avocats contre la réforme de leur régime autonome de retraite.

Questions prioritaires de constitutionnalité au programme du premier jour

Mercredi après-midi, l'audience doit débuter par l'examen de deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) soulevées par la défense des trois prévenus.

L'une sera plaidée par l'avocat de François Fillon, l'autre par celui de Penelope Fillon, et le tribunal devra y répondre avant d'examiner le fond du dossier.

Si le tribunal décidait de renvoyer l'une de ces QPC à la Cour de cassation, le procès serait renvoyé dans l'attente de la décision de la haute juridiction. Sinon, il faudra vraisemblablement attendre jeudi pour aborder le premier volet de l'affaire: l'emploi d'assistante parlementaire dont a bénéficié Penelope Fillon auprès de son époux.

Les juges d'instruction, après plus de deux ans d'enquête, ont acquis la conviction que Penelope Fillon a bénéficié d'emplois "fictifs" d'assistante parlementaire de son mari député et de son suppléant dans la Sarthe, Marc Joulaud.

Pas de preuves pour démontrer la réalité des activités de Penelope Fillon

Une partie des accusations de détournement de fonds publics, complicité ou recel, qui remontent à 1981, sont prescrites. Sur la seule période 1998-2013, plus d'un million d'euros d'argent public ont été "détournés", estiment les enquêteurs.

La pratique des emplois familiaux, interdite dans le sillage du "Penelopegate", était alors légale et répandue. Mais les enquêteurs lancés sur la piste des emplois de Penelope Fillon n'ont guère trouvé de témoignages ou d'archives démontrant la réalité de ses activités d'assistante parlementaire.
Ils n'ont pas davantage été convaincus par les nombreuses pièces versées par la défense afin d'attester du travail accompli, ni par les arguments invoquant la "discrétion" de Penelope Fillon ou son travail essentiellement oral.

La défense, qui plaidera la relaxe, a cité comme témoins trois collaborateurs de longue date de François Fillon, dont la secrétaire qui le suit depuis ses débuts en politique en 1981.

"Emplois de complaisance" et "non-déclaration de prêt"

Les Fillon sont également poursuivis pour recel et complicité d'abus de biens sociaux, pour l'emploi de "conseiller littéraire" obtenu par Penelope Fillon à la la Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon, payé 135.000 euros entre 2012 et 2013.

Un emploi "de pure complaisance, sans contrepartie réelle" selon l'accusation, pour lequel le milliardaire a été condamné pour abus de biens sociaux au terme d'une procédure distincte de "plaider-coupable".

Ils se voient aussi reprocher des "emplois de complaisance" accordés à deux de leurs enfants lorsque François Fillon était sénateur, ainsi que la non-déclaration d'un prêt du de Lacharrière.

Seule partie civile au procès, l'Assemblée nationale demande plus d'un million d'euros de dommages et intérêts si le tribunal considérait que les emplois sont fictifs.

Le procès est prévu jusqu'au 11 mars.

L.A. avec AFP