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Après l'incendie d'une école, un maire de Lorraine estime que sa ville "souffre" et invite Macron

Le maire de Mont-Saint-Martin, en Meurthe-et-Moselle, a dénoncé l'incendie dans la nuit de jeudi à vendredi d'une école sur sa commune. Il invite Emmanuel Macron à visiter sa ville qui "souffre".

"Aujourd'hui, la ville souffre", lâche Serge De Carli, le maire (PCF) de Mont-Saint-Martin. Dans la nuit de vendredi à samedi, une école primaire a été "incendiée dans cette commune de Meurthe-et-Moselle. Une énième dégradation après les flambées de violences qui ont suivi la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre le 27 juin. Invité sur BFMTV, le maire lance à Emmanuel Macron une "invitation républicaine" à venir visiter sa "ville populaire", où il affirme que les services publics, qui font "vivre les gens", sont sous-dotés.

"Hier, le neuvième bâtiment public en dix jours a été attaqué, en l'occurrence une école élémentaire regroupant 230, 240 élèves dans un quartier populaire classé en réseau d'éducation prioritaire", a rappelé le maire sur notre antenne.

Le bâtiment a été "mis à feu avec des dégâts très importants dont nous aurons les conclusions la semaine prochaine après expertise, mais à priori la structure est atteinte", selon le maire. Il estime que l'accueil des enfants dans ce bâtiment en septembre n'est pas garanti.

La mairie déjà attaquée par "40 à 50 individus"

Parmi les huit bâtiments publics dégradés précédemment, Serge de Carli évoque "une structure d'aide aux enfants atteints d'autisme et d'accompagnement aux familles", mais aussi "la maison médicale", "une école maternelle saccagée avec des dizaines de milliers d'euros de dégâts" et "une buvette et un club house du club de foot local".

Il ajoute que dans la nuit vendredi à samedi, "l'hôtel de ville a été attaqué par un commando de 40 à 50 individus, qui ont investi le bâtiment, armé d'un certain nombre d'outils et puis qui l'ont mis à feu, saccagé de part en part".

Autant de dégradations qui ont entamé l'offre de service public sur la commune. Les services de la mairie sont actuellement éclatés sur sept sites. Suite à ces violences, le feu d'artifice a été supprimé à Mont-Saint-Martin et remplacé par "une prise de parole et un rassemblement citoyen pour marquer notre désapprobation de la violence", détaille le maire.

"Cette ville n'a plus les moyens de faire vivre ses services"

Le maire explique que cette situation est directement liée aux difficultés des services publics, qu'il juge sous-dotés et qui alimente les tensions sur sa commune". Il dit avoir déjà alerté le ministre de l'Intérieur sur "la situation pré-insurectionnelle de ce territoire".

"Les services à Mont-Saint-Martin, c'est pas les petites fleurs, l'éclairage public ou les illuminations. C'est faire vivre les gens. C'est une régie de quartier, ce sont les dispositifs de médiation, un service jeunesse, un secteur sport, des éducateurs de prévention spécialisés", développe-t-il.

"La ville porte tous les services de solidarité pour permettre que ça n'explose pas", estime-t-il

Le maire compte aussi les forces de l'ordre qu'il dit "admirer" mais dont il déplore de trop faibles dotations en personnel. "L'hôtel de police (...) ne dispose pas des moyens afférents à sa mission. Il manque depuis des années et des années d'un tiers de ses effectifs. Ce qui s'est passé hier l'atteste".

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Dans ce contexte, il demande à Emmanuel Macron de venir visiter sa commune. "Je l'invite, c'est une invitation républicain, (...) à Mons-Saint-Martin. Nous aurons l'occasion de nous exprimer l'un et l'autre, avec les personnes qui travaillent ici".

Un jeune homme toujours hospitalisé

Fin juin, Mont-Saint-Martin, commune limitrophe de la Belgique et du Luxembourg, a connu plusieurs épisodes d'émeutes. Dans cette commune, un jeune homme de 25 ans, Aimène Bahouh, a été grièvement blessé dans la nuit du 29 au 30 juin, sa famille affirmant qu'il a été touché par un tir du Raid alors qu'il se trouvait au volant de sa voiture. L'IGPN a ouvert une enquête.

Le parquet de Nancy a indiqué jeudi avoir requis l'ouverture d'une information judiciaire contre X du chef de "violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours, par personne dépositaire de l'autorité publique et avec usage d'une arme" dans cette affaire.

Après avoir été dans le coma, Aimène B. est toujours hospitalisé dans un état "stationnaire mais préoccupant", selon le parquet.

Glenn Gillet