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Police-Justice

Affaire Maëlys: Nordahl Lelandais répète qu'il reconnaît "tous les faits reprochés"

Représentation de Nordahl Lelandais lors de son procès.

Représentation de Nordahl Lelandais lors de son procès. - Dessin de Benoît Peyrucq

La troisième et dernière semaine du procès de Nordahl Lelandais a débuté ce lundi à Grenoble.

Nordahl Lelandais a répété lundi reconnaître tous les faits qui lui sont reprochés à son procès pour le meurtre de la petite Maëlys, avant que les experts n'évaluent sa personnalité "à facettes".

"Je confirme mes propos de vendredi: je reconnais tous les faits qui me sont reprochés", a-t-il déclaré en ouverture de la troisième et dernière semaine de son procès à Grenoble, sur sollicitation de la présidente Valérie Blain.

L'ancien militaire de 38 ans est jugé depuis le 31 janvier par la cour d'assises de l'Isère pour le meurtre de l'enfant fin 2017, précédé d'enlèvement et de séquestration, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux petites-cousines âgées de 4 et 6 ans au cours du même été.

L'accusé a reconnu avoir des penchants pédophiles mais nie tout mobile sexuel en ce qui concerne Maëlys. La qualification de viol n'a pas été retenue pour le procès faute d'élément matériel.

Des aveux après deux semaines de procès

Les avocats des parties civiles se disent convaincus qu'il a enlevé la petite fille pour la violer. Mais l'état très dégradé du corps, retrouvé six mois après les faits, n'a pas permis de trouver d'éléments probants.

Jusqu'à vendredi soir, l'accusé avait toujours affirmé que Maelys était montée de son plein gré dans sa voiture et qu'il l'avait tuée involontairement en la frappant au visage. Une version réitérée avec force détails vendredi après-midi, au cours d'un long interrogatoire.

C'est au bout de cinq heures, lorsque son avocat Me Alain Jakubowicz l'a appelé à "prendre conscience de la gravité des faits" qu'il a finalement admis avoir enlevé et tué "volontairement" la fillette. "La sincérité (de ces aveux) interroge très clairement", a réagi lundi Me Fabien Rajon, avocat de la mère de Maëlys. "Lâchés sur exhortation de son avocat (ils sont) téléguidés et superficiels", estime-t-il.

C'est il y a quatre ans pile, le 14 février 2018, que Nordahl Lelandais, confondu par la découverte d'une trace de sang dans sa voiture, avait fini par avouer, après six mois de dénégations, qu'il avait tué la fillette avant de conduire les enquêteurs dans le massif de la Chartreuse où il s'était débarrassé du corps.

Des traits "psychotiques, psychopathiques et de perversité narcissique"

L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité, avec un verdict attendu vendredi. Les journées de lundi et mardi sont consacrées à l'audition d'experts psychologues et psychiatres.

Devant la cour, le psychologue Raphaël Loiselot a noté que l'accusé avait de lui-même une "perception grandiose". Il présente une "personnalité un peu exceptionnelle sur le plan de l'organisation", avec des traits "psychotiques, psychopathiques et de perversité narcissique", un mélange "rare".

Selon la psychologue clinicienne Magali Ravit, sa personnalité fonctionne "par facettes" et réagit "sur un mode tout-puissant lorsqu'il se sent en situation de vulnérabilité".

Revenant sur l'épisode des coups portés à Maëlys, lors duquel Nordahl Lelandais a déclaré avoir vu en "hallucination" le visage du caporal Arthur Noyer qu'il avait tué quelques mois plus tôt, l'experte a estimé que "cette dissociation est peut-être organisée par une scène traumatique. (...) Il n'y a pas de sadisme", souligne-t-elle.

"Personnalité clivée de type pervers"

Pour Me Rajon, "derrière la perversité de Nordahl Lelandais, se pose la question de savoir si on peut soigner une personnalité de ce type. Les experts ont leur réponse et elle semble pessimiste".

À la barre, le dernier expert de la journée, le psychiatre François Danet, a décrit une "personnalité clivée de type pervers", avec "des possibilités de passage à l'acte hétéro-agressif extrêmement importantes".

Selon cet expert, qui pointe une dangerosité "criminologique" du fait de "son trouble de personnalité", Nordahl Lelandais se "protège d'un trouble dépressif suicidaire" en s'inscrivant dans une "logique de dissimulation".

H.G. avec AFP