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Affaire Hedi: après la remise en liberté du policier mis en cause, la colère est-elle retombée dans les rangs?

Le policier mis en cause dans les violences sur un manifestant à Marseille pendant les émeutes a été remis en liberté après 40 jours de détention provisoire. Ses collègues font part de leur "soulagement".

Son incarcération avait provoqué la colère de ses collègues. Le policier marseillais mis en examen pour des violences sur Hedi, un jeune homme de 22 ans, en marge des émeutes qui se sont produites au début du mois de juillet, a été remis en liberté ce vendredi au terme d'une audience devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Marseille.

"Aujourd'hui, je ne veux retenir qu'un seul mot: le soulagement, réagit auprès de BFMTV.com Rudy Manna, porte-parole Sud Alliance Police Nationale. Le soulagement pour tous les policiers marseillais et pour tous les policiers de France."

"C'est une satisfaction de savoir que notre collègue va pouvoir retrouver sa famille, c’est très important au plan humain", abonde Bruno Bartoccetti, secrétaire national délégué zone Sud du syndicat Unité SGP Police-FO.

Interdiction d'exercer le métier de policier

Fin juillet, quatre policiers ont été mis en examen pour "violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique" après qu'un jeune homme a affirmé avoir reçu un tir de LBD dans la tempe avant d'être passé à tabac dans la nuit du 1er au 2 juillet par un groupe de quatre à cinq personnes. L'un des quatre fonctionnaires était alors placé en détention provisoire.

Pourquoi quatre policiers sont-ils mis en examen à Marseille ?
Pourquoi quatre policiers sont-ils mis en examen à Marseille ?
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C'est cette décision d'un juge des libertés et de la détention de Marseille qui avait mis le feu aux poudres dans la cité phocéenne. Les collègues de l'agent incarcéré avaient entamé un mouvement de colère se caractérisant notamment par des arrêts maladies massifs. Au niveau national, le code 562, soit un service minimum, avait été appliqué. "Son placement en détention provisoire était dur, il n'était pas mérité, il présentait toutes les garanties de représentation", poursuit Rudy Manna.

"Le moral n'est pas bon"

Après avoir demandé sa remise en liberté une première fois, le policier avait été maintenu en détention. Cette fois-ci, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Marseille l'a remis en liberté, après 40 jours de prison, avec un contrôle judiciaire strict, avec interdiction d'exercer le métier de policier, d'entrer en contact avec la victime et d'entrer en contact avec les trois autres policiers mis en cause.

"On aurait pu avoir ces garanties dès le départ, déplore Bruno Bartoccetti. On voit bien qu’aujourd'hui on cède beaucoup à l’émotion, si vous regardez la procédure et l’attitude du policier."

Si les policiers saluent cette libération, ils regrettent que leur collègue ne puisse réintégrer leurs rangs. "Il reste présumé innocent, martèle Rudy Manna. Il aurait été tout à fait possible de le laisser travailler en dehors de la voie publique, sans contact avec le public. Là, il est privé d'une partie de son salaire, c'est la double peine."

À Marseille, comme ailleurs, les policiers ont repris le travail progressivement. En raison notamment à des sanctions prises par leur administration face, notamment, aux arrêts maladies. "Le cœur n'y est pas, nuance toutefois Rudy Manna. Le moral n'est pas très bon dans les rangs. Nous avons eu le sentiment de sauver le pays au moment des émeutes, et on nous crache dessus. Il y aura un avant et un après."

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV