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Police-Justice

Affaire Fiona: Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf se pourvoient en cassation

Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf lors de leur procès en première instance.

Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf lors de leur procès en première instance. - AFP

Les avocats de la mère de la fillette et de son ex-compagnon dénonce "l'impartialité" du président de la cour d'assises qui aurait été vu en train de prendre l'apéritif avec certains conseils intervenant dans ce procès.

La mère de la petite Fiona et son ex-compagnon, condamnés dimanche en appel à 20 ans de réclusion par la cour d'assises de la Haute-Loire, ont chacun formé un pourvoi en cassation, a-t-on appris mardi auprès de leurs avocats.

L'un des avocats de Cécile Bourgeon, Me Renaud Portejoie, a précisé que le pourvoi de sa cliente suivait "quatre axes": "les conditions mêmes du procès", "l'impartialité" du président de la cour d'assises, "la motivation" de l'arrêt, ainsi que "des irrégularités procédurales".

L'apéritif de la discorde

Lundi 5 février, tandis que débutait la deuxième semaine de débats, les conseils de la mère de Fiona avaient réclamé - en vain - un nouveau renvoi du procès autour d'une curieuse histoire d'apéritif pris par le président de la cour, Étienne Fradin, avec certains avocats dans un hôtel du Puy-en-Velay. 

"L'impartialité, c'est aussi l'image que l'on renvoie. Certains diront que c'est une erreur et c'est ce qu'on veut croire. On ne veut pas croire à de la malice", a déclaré Me Portejoie.

"L'information parue dans la presse est partiellement erronée, j'ai effectivement rencontré mercredi soir des conseils, mais il y avait des conseils de la partie civile et de la défense", a précisé le magistrat, cité par Le Parisien. Cette version est contredite par les avocats de la défense, qui assurent que l'un d'entre eux est simplement allé vérifier, après avoir eu l'information, que le président était bien attablé avec les parties civiles. 

Pour son conseil, la condamnation de Cécile Bourgeon est également le résultat d'un "raisonnement par amalgame". "La cour admet qu'elle ne connaît pas les circonstances du décès de Fiona et parce qu'on ne sait pas, on imagine le pire", a-t-il poursuivi.

"Aucun incident" consigné

Berkane Makhlouf a également formé un pourvoi en cassation, considérant que sa condamnation en appel est "injustifiée", selon l'un de ses avocats, Me Marcel Schott. "Depuis toujours Berkane Makhlouf reconnaît que, s'il a pu être un mauvais beau-père, il n'est pas responsable des coups ayant causé la mort de Fiona", dont le corps n'a jamais été retrouvé depuis sa disparition en mai 2013, a-t-il dit, en ajoutant qu'il comptait également soulever des problèmes de procédure.

Un des avocats du père de Fiona, Nicolas Chafoulais, Me Jean-François Canis, a dit "attendre de voir les moyens soulevés" devant la Cour de Cassation, notamment par les conseils de Cécile Bourgeon qui n'ont consigné aucun incident auprès de la cour d'assises. "La Cour de Cassation verra qu'il n'y a rien dans les PV des débats. Donc comment prouver" leurs dires?, s'est-il interrogé.

Vers un quatrième procès?

Me Canis envisageait également avec son confrère Me Charles Fribourg de saisir le bâtonnier pour demander l'ouverture d'une enquête déontologique concernant les avocats de la mère de la fillette. Si la Cour de Cassation devait faire droit aux demandes de Cécile Bourgeon et de son ex-compagnon, un quatrième procès devra être tenu dans cette affaire. Le premier procès en appel avait avorté en octobre à la suite d'une querelle entre avocats.

En appel, les deux anciens partenaires ont écopé de la même peine de 20 ans de réclusion, tandis qu'en première instance en 2016, la cour d'assises du Puy-de-Dôme avait acquitté la mère pour les faits criminels - les violences ayant entraîné la mort de Fiona -, la condamnant uniquement à cinq ans de prison pour avoir fait croire à un enlèvement de l'enfant. Berkane Makhlouf avait, lui, déjà écopé de 20 ans de réclusion.

J.C. avec AFP