BFMTV
TV

Mort de Jean-Pierre Elkabbach: les moments forts de la carrière du journaliste

Mort à l'âge de 86 ans, Jean-Pierre Elkabbach laisse derrière lui une très longue carrière de journaliste, marquée par des interviews incisives et des échanges tendus avec plusieurs personnalités politiques.

Il n'était ni plus ni moins que "le meilleur intervieweur qu'on ait eu", pour son ancien collègue Alain Duhamel. Jean-Pierre Elkabbach est mort ce mardi à l'âge de 86 ans. Journaliste et homme de médias, il a été une figure de la radio et de la télévision française pendant de nombreuses décennies. D'Antenne 2 à CNews, de Radio Alger à Europe 1, retour sur quelques moments qui ont marqué sa carrière.

• 1978 - "C'est extrêmement désagréable de discuter avec vous"

1978. Soirée du second tour des élections législatives. Le secrétaire général du Parti communiste français Georges Marchais est invité sur Antenne 2 à l'occasion de la soirée électorale. Alors qu'il s'exprime à propos de l'union des partis de gauche, il est interrompu par Jean-Pierre Elkabbach.

"Vous avez déjà reçu un avertissement de tous les syndicats de journalistes contre le fait qu'on ne peut pas s'exprimer à Antenne 2", lui lance alors Georges Marchais.

"Ce qui est faux", lui rétorque Jean-Pierre Elkabbach, "il ne faut pas se mêler de problèmes de journalistes, on y répondra quand il le faudra monsieur Marchais". 

"Écoutez Elkabbach, c'est je crois une soirée suffisamment sérieuse. Si vous pensez que ma place n'est pas souhaitable puisque la droite a gagné, moi je laisse la place à la droite et je vais ailleurs. Parce que c'est extrêmement désagréable de discuter avec vous", lui rétorque Georges Marchais, "l'information avec vous sur Antenne 2 a du mal à s'exprimer".

Cet échange - ainsi que d'autres entre Marchais et Elkabbach - inspire l'humoriste Thierre Le Luron et son fameux "Taisez-vous Elkabbach!". La phrase n'a jamais été prononcée par le secrétaire général du PCF mais que le journaliste a ensuite repris à son compte pour le titre de l'un de ses livres.

• 1981 - "François Mitterrand est élu président"

10 mai 1981. Jean-Pierre Elkabbach anime aux côtés d'Étienne Mougeotte "un moment décisif", la soirée électorale du second tour de l'élection présidentielle qui oppose Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand. À 20 heures, les premières estimations tombent.

"5,4,3,2,1... François Mitterrand est élu président de la République", annonce Jean-Pierre Elkabbach.

Jean-Pierre Elkabbach est évincé d'Antenne 2 peu après la période électorale, jugé alors trop proche du pouvoir sortant. "Il savait très bien ce qui allait se passer", confie ce mardi soir Alain Duhamel sur BFMTV.

• 2014 - "Quelle couleur vous préférez pour le mur?"

13 mai 2014. André Vallini, secrétaire d'État chargé de la Réforme territoriale, est l'invité de Jean-Pierre Elkabbach sur la matinale d'Europe 1.

"Quelle couleur vous préférez pour le mur?", lui demande d'abord le journaliste. "Comment quel mur?, s'interroge à ce moment-là le secrétaire d'État. "Comment quel mur? Le mur sur lequel votre réforme territoriale va se fracasser", lui rétorque Jean-Pierre Elkabbach. "D'abord elle ne va pas se fracasser, je pense qu'on peut réussir cette réforme, même si les résistances sont nombreuses les Français attendent cette réforme", se défend André Vallini.

L'histoire donnera raison au secrétaire d'État, avec le redécoupage de la France en treize régions métropolitaines en 2016.

• 2015 - "Vous n'avez pas honte?"

11 janvier 2015. Au lendemain de la grande manifestation organisée après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher, Jean-Pierre Elkabbach interpelle Marine Le Pen, alors présidente du Front national, sur son absence.

"Bonjour Marine Le Pen, vous n'avez pas honte?". "Pardon? Honte de quoi? De quoi me parlez-vous, Monsieur Elkabbach, je vous reconnais bien là dans la provocation", répond la présidente du Front national, un peu sonnée. "Vous n'avez pas de regrets?", lui rétorque le journaliste, "le monde entier était là hier".

• 2016 - "Pourquoi ça ne fonctionne pas avec vous?"

17 novembre 2016. Débat de la primaire de la droite et du centre pour l'élection présidentielle qui doit avoir lieu l'année suivante. Jean-Pierre Elkabbach interpelle alors Bruno Le Maire, longtemps troisième homme de la campagne et en recul dans les sondages.

"Pourquoi ça ne fonctionne pas alors avec vous?", lance le journaliste, entraînant avec lui les rires du public.

"Qu'est-ce qui vous dit que ça ne va pas fonctionner? Vous connaissez déjà le résultat de dimanche? Vous savez ce que vont voter les Français?", lui répond Bruno Le Maire.

"On en parlera lundi matin (lendemain du premier tour de la primaire, nldr)", réplique Jean-Pierre Elkabbach.

"Monsieur Elkabbach, je suis candidat à la primaire. Ça mérite tout simplement le respect de votre part", conclut alors Bruno Le Maire.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV