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Têtes couronnées

Votre Majesté ou votre Altesse? Notre guide de survie royal si vous croisez Charles III durant sa visite

Faut-il tenter une périlleuse révérence ou se contenter d'une simple poignée de mains? Quels sont les sujets acceptables au cours d'un dîner somptueux à Versailles? À l'occasion de la venue du roi Charles III et la reine Camilla à Paris et Bordeaux, du 20 au 22 septembre, un spécialiste de l'étiquette royale vous livre ses conseils.

Gare à la boulette. Charles III et Camilla arrivent à Paris ce mercredi pour une visite de trois jours en France. Que faire si vous croisez le couple durant leurs pérégrinations à Paris et à Bordeaux? On vous explique comment éviter le faux-pas, le ridicule, l'incident diplomatique, un nouveau Brexit... Bref, comment vous comporter en présence du roi et de la reine.

• Comment saluer le roi Charles et la reine Camilla?

"La première fois que vous lui êtes présenté, vous lui dites, 'your Majesty', votre Majesté, et ensuite 'Sir', qui se traduira en français par monsieur ou monseigneur", explique le journaliste Thomas Pernette, auteur de Manuel de survie royal et de bonnes manières (éditions EPA), au micro du Podcast royal de BFMTV.

Révérence, poignée de main… Notre guide de survie en cas de rencontre avec Charles III
Révérence, poignée de main… Notre guide de survie en cas de rencontre avec Charles III
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Même chose pour la reine Camilla, "un 'your Majesty' en guise d'introduction, et ensuite, si vous devez continuer à converser avec la reine, vous utilisez 'ma'am', qui est une contraction anglaise de madame". C'est ainsi que l'on s'adressait à la reine Elizabeth II de son vivant.

• Faut-il faire la révérence?

En la matière, "Buckingham n'impose rien", indique Thomas Pernette, même si on ne peut pas faire n'importe quoi non plus.

"Quand vous êtes présenté au roi, il vous présente la main, et vous lui serrez la main, c'est le mode d'emploi le plus simple."

Mais rien de ne vous empêche de vous lancer dans quelque chose de plus protocolaire. "Si vous êtes un homme, au moment de lui serrer la main, vous inclinez légèrement la tête, pendant une demi-seconde, pas trop longtemps". Il en va de même pour la reine, vous serrez la main qu'elle vous tend.

Si vous êtes une femme, il y a l'option plus risquée de la révérence, une expérience dont Meghan Markle a gardé un souvenir mitigé.

Meghan Markle faisant la révérence devant le cercueil de la reine Elizabeth, le 14 septembre 2022.
Meghan Markle faisant la révérence devant le cercueil de la reine Elizabeth, le 14 septembre 2022. © Alkis Konstantinidis - AFP

"Dans le monde royal, il y a deux types de révérence", rappelle Thomas Pernette. Évitez la grande révérence, "une plongée très spectaculaire et très acrobatique", assez périlleuse.

Notre spécialiste royal préconise de se contenter d'une petite révérence: "Votre jambe droite glisse légèrement derrière votre jambe gauche, vous restez le buste bien droit et tandis que vous tenez toujours la main de la reine, vous glissez légèrement et vous remontez."

"Surtout pas de baisemain" quand vous rencontrez Camilla. "On ne baise pas la main d'une reine", ajoute Thomas Pernette, pour qui cet exercice ultra-codifié expose celui qui s'y adonne au ridicule.

La reine Elizabeth et Georges Pompidou en 1972 à Paris.
La reine Elizabeth et Georges Pompidou en 1972 à Paris. © AFP

• Quels sont les sujets de conversation adaptés?

Si vous avez l'occasion d'échanger avec le couple royal, après le "your Majesty" de rigueur, la poignée de main, la révérence, alors ne leur demandez pas de nouvelles de leur santé. "C'est jugé discourtois", assure Thomas Pernette.

"On ne pose pas de question au roi ou à la reine, on ne pose pas de question aux membres de la famille royale, on répond à leurs questions, tout au plus", résume-t-il.

Pas de panique: c'est assez simple, car Charles et Camilla sont de toute façon des champions du "small talk", capables de parler de tout et de rien.

Si vous êtes invités au dîner d'État mercredi à Versailles, ne soyez pas surpris si vous êtes installés à gauche de Charles et qu'il vous snobe au début du dîner: dans ce scénario, le roi adresse d'abord la parole à la personne située à sa droite, lorsque le premier plat est servi. Ce sera à votre tour lors du deuxième plat.

Coopération franco-britannique, météo et activités caritatives sont des sujets de conversation admis. Pas de sujet qui fâche, cela va de soi. Inutile, donc, de lui demander s'il a regardé le documentaire de Harry et Meghan sur Netflix, ou la dernière saison de The Crown.

Pas la peine de tenter l'humour, même si le roi est connu pour le sien. "Dans ces moments qui sont très officiels, des dîners d'État, on n'est pas là pour s'amuser", note Thomas Pernette, qui ajoute "On peut sourire à la limite, mais on évite les blagues et surtout les blagues potaches."

• Est-ce qu'on peut faire un selfie avec le roi?

Le roi Charles, adepte des bains de foule, aura l'occasion d'aller à la rencontre du public durant sa visite officielle. Il déambulera ainsi à Saint-Denis ou sur le marché aux Fleurs Elizabeth II à Paris.

La tentation est grande, alors, de tenter un selfie. Mauvaise idée, estime Thomas Pernette: notre spécialiste de l'étiquette royale suggère d'essayer de lui serrer la main et d'échanger quelques mots, quitte à se faire prendre en photo par une tierce personne.

• Quel cadeau peut-on offrir au roi?

Cela part sans doute d'une bonne intention mais là encore, Thomas Pernette estime la démarche hasardeuse. "Pour les naissances royales, les cadeaux sont refusés ou ils sont distribués", rappelle le spécialiste. "Aujourd'hui, même pour un mariage, les membres de la famille royale demandent plutôt une contribution à une œuvre caritative qui leur est chère."

Mais une petite attention peut tout de même faire mouche, comme cette eau de Cologne offerte par une fleuriste au prince Philip lors d'une visite avec la reine Elizabeth II au marché aux fleurs baptisé en son nom, à Paris. La reine avait, elle reçu un bouquet de roses Pierre de ­Ronsard, agrémenté de seringat et de branches d'Asparagus, racontait alors le JDD.

• Quels sont les pires faux-pas à éviter?

Au temps d'Elizabeth II, le pire impair était de toucher la reine. "On s'en souvient, les médias anglais s'étaient offusqués que Michelle Obama ait fait un hug à la reine. Elle avait dû même s'en expliquer dans son autobiographie".

"J'ai affectueusement passé la main par-dessus son épaule", a écrit l'ex-First lady américaine dans son livre Devenir.

"À cet instant précis, je ne savais pas que j'étais en train de commettre ce qui allait être considéré comme le faux pas ultime", relate l'ancienne Première dame.

Le roi Charles III est quant à lui plus tactile, et l'on n'est pas dans "cette même sacralisation du corps du roi", estime Thomas Pernette. On a ainsi vu le roi, lors de plusieurs bains de foule, prendre le temps de serrer les mains tendues, échanger quelques mots avec le public.

Évidemment, "on évite de se jeter à son cou", sous peine de se faire plaquer au sol par les services de sécurité. "Mais néanmoins, une franche poignée de mains ou même un geste affectueux pourraient faire plaisir", assure le spécialiste. Un signe que "la façon de penser la monarchie a aujourd'hui évolué".

Magali Rangin