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Têtes couronnées

Harry et Meghan: une communication à l'américaine, à contre-courant de la famille royale

Meghan et le prince Harry face à Oprah Winfrey

Meghan et le prince Harry face à Oprah Winfrey - Capture d'écran CBS

Le mode de communication choisi par Harry et Meghan, sur le mode de la confession, est aux antipodes du fonctionnement de la famille royale, adepte du "never complain, never explain".

En choisissant de s'épancher dans l'émission d'Oprah Winfrey sur CBS, le prince Harry et Meghan Markle rompent définitivement avec les us et coutumes de la famille royale. Dans l'interview qui sera diffusée dimanche soir au États-Unis et lundi en Grande-Bretagne, le couple va en effet se raconter longuement et revenir sur leurs déboires avec la presse people et "The firm" (la famille royale). Des échanges aigre-doux ont déjà commencé entre les Sussex et Buckingham, alors qu'a ressurgi une plainte pour harcèlement de la part d'anciens assistants de Meghan Markle.

Cette façon de communiquer - parler pendant deux heures à Oprah Winfrey ou s'entretenir sur un ton léger dans le divertissement de James Corden - est aux antipodes des habitudes de la famille royale, qui a fait sienne la devise "never complain, never explain" (ne jamais se plaindre, ne jamais s'expliquer).

Les précédents ne sont pas légion et furent tous assez désastreux. Le prince Charles, avait ainsi été mis en grande difficulté lorsqu'il avait confessé en 1994 avoir une liaison. L'entretien à la BBC de Lady Di, l'année d'après, dans lequel elle évoquait également la la liaison de Charles et Camilla pendant leur mariage, avait, lui aussi, fait scandale et horrifié la famille royale.

Blagues de la reine et barbecue

Et si les membres de la famille royale ont désormais tous un compte sur les réseaux sociaux, tout y est pesé et mesuré. Ces comptes mettent d'ailleurs plutôt en avant les causes qu'ils soutiennent que leurs personnes.

Il faut dire que les tentatives pour sortir de la communication classique ont laissé un souvenir cuisant à la reine. En 1969, alors qu'elle voulait redorer le blason de la monarchie en crise, la reine avait accepté que la BBC tourne un documentaire dans l'intimité de la famille royale. On y voyait la reine plaisanter - et même rire - ou encore le prince Philip cuire un steak au barbecue. Pas de scoop ni de grandes révélations. Pourtant, une décennie plus tard, la reine, estimant sans doute qu'il était trop intime, décida de faire interdire la diffusion de ce documentaire, il est aujourd'hui quasi impossible à trouver.

Plus récemment, en 2019, l'interview télévisée du prince Andrew, fils de la reine mis en cause dans l'affaire Epstein, avait viré au fiasco et mené à sa mise en retrait de la famille royale. Il y avait défendu son amitié avec le défunt milliardaire américain Jeffrey Epstein, accusé d'avoir exploité sexuellement des mineures, sans montrer aucune compassion pour les victimes.

"Embarras de la famille royale"

Si l'interview de Meghan et Harry à Oprah Winfrey n'est pas du tout dans le même registre, elle "causera presque certainement l'embarras de la famille royale", prédit à l'Agence France-Presse (AFP) l'expert de la royauté britannique Richard Fitzwilliams, pour qui Harry et Meghan ont été "peu clairvoyants" en n'informant pas la monarchie. D'autant que le couple ne va pas simplement raconter sa vie et attaquer les tabloïds, mais risque aussi de critiquer des membres de la famille royale - comme le laisse présumer le premier extrait.

Jérôme Carron, grand reporter à Point de vue invité sur le plateau de BFMTV vendredi, y voit "une affirmation de la nouvelle identité du couple". Si les Britanniques se sentent trahis et n'apprécient pas ce genre de déballage - tout en étant très friands de la presse tabloïd - les Américains adhèrent plus à cette façon de communiquer.

"Aux États-Unis, Meghan Markle est en train d'essayer de construire sa propre image, depuis un certain nombre d'année, l'image d'une femme libre, d'une femme qui réfléchit sur le monde, sur la politique."

Reste que le timing de cette interview est assez désastreux, alors que le prince Philip, grand-père d'Harry, se remet tout juste à 99 ans d'une "intervention" cardiaque, après trois semaines à l'hôpital. Peut-être eut-il été opportun de décaler la diffusion de l'émission pour trouver un moment plus favorable. Si tant est qu'il y en ait un.

Magali Rangin
https://twitter.com/Radegonde Magali Rangin Cheffe de service culture et people BFMTV