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"The Crown", "Stranger Things", "Bridgerton"... Pourquoi Netflix coupe en deux les saisons de ses séries

"The Crown" revient ce jeudi pour la deuxième partie de sa dernière saison. Une méthode de diffusion que Netflix adopte de plus en plus, avec pour objectif de fidéliser ses abonnés et de faire davantage parler de ses productions.

Sur Netflix aussi, c'est la fin de l'abondance. Après Stranger Things, You, The Witcher, The Crown, de retour ce jeudi 14 décembre pour une fin de dernière saison, c'est à la prochaine saison de Bridgerton d'être annoncée en deux parties. Netflix laisse de plus en plus ses abonnés mariner quelques semaines ou quelques mois entre deux salves d'épisodes.

Un changement de stratégie pour la plateforme qui abreuvait jusqu'ici ses abonnées de saisons entières. Le temps où l'on pouvait regarder une nouvelle saison en une nuit serait-il donc révolu?

Comment Netflix essaye de sortir de nos écrans
Comment Netflix essaye de sortir de nos écrans
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La fin du binge-watching?

"Netflix est un peu sorti de la mode du binge-watching, très utile en phase de conquête et de découverte", confirme le consultant médias Philippe Lechevallier à BFMTV.com. "La concurrence s'est installée, qui propose une stratégie inverse, et diffuse les épisodes de leurs séries originales au rythme de un ou deux par semaine."

Apple TV+ distille ainsi les épisodes de sa série phare The Morning Show au rythme d'un par semaine. Tout comme Disney+, qui tient en haleine ses téléspectateurs avec sa série policière à suspense Only Murders in the Building. Et c'est aussi le rythme qu'a choisi Amazon pour ses séries comme The Boys ou La Fabuleuse Madame Maisel. Comme à la télévision, en somme.

"Il y a une telle bataille entre les plateformes pour gagner des abonnés, que le fait de les retenir en ne leur donnant pas tout, tout de suite, est devenu plus important que le binge watching qui était un des arguments marketing de Netflix à un moment donné", analyse .

Netflix "évolue vers une stratégie entre les deux, pour à la fois satisfaire l'appétit du public, mais aussi l'obliger à rester", analyse Philippe Lechevallier.

Fidéliser le public

Car tout est question de fidélisation des abonnés. Cette façon de diffuser les contenus est aussi une parade contre les utilisateurs qui profitent des offres sans engagement, et qui s'abonneraient un mois, ingurgiteraient des saisons entières avant de se désabonner.

Diffuser une saison en deux parties permet donc de faire rester les abonnés plus longtemps. Mais pour être sûr qu'ils reviennent, il faut un bon cliffhanger en fin de première partie. C'est ce que détaillait en juillet dernier Steve Gaub, producteur exécutif de The Witcher: il expliquait à The Verge avoir été inspiré par l'exemple de Stranger Things.

"Dans le monde du streaming, les cliffhangers n'existent pas vraiment, car vous appuyez sur play (juste après la fin d'un épisode)", affirmait-il. "Vous n'avez pas la satisfaction de l'anticipation, de la discussion et des échanges en ligne. Nous voulions donc offrir cela aux fans, et l'histoire était là pour nous permettre de le faire."

Une diffusion étalée dans le temps permet certes de faire durer le suspense, mais aussi les discussions.

Henry Cavill dans la saison 3 de "The Witcher"
Henry Cavill dans la saison 3 de "The Witcher" © Netflix

Une "saine attente"

Comme le soulignait dans Collider Eric Kripke, créateur de la série The Boys diffusée sur Amazon, "lorsque tout est disponible d’un coup, le visionnage devient frénétique".

"Les téléspectateurs consomment la série en une ou deux semaines", résumait-il. "On en parle beaucoup pendant quelque temps et puis tout s'estompe rapidement."

Avec une diffusion plus étalée, "la conversation dure plus longtemps et je pense que cette attente est tout à fait saine pour les fans".

Une saison découpée en deux parties, comme le pratique Netflix, c'est aussi une saison dont l'on parle deux fois dans les médias et sur les réseaux sociaux. Difficile pourtant, comme le soulignait The Verge, étant donné l'opacité des mesures d'audience de Netflix, de savoir si cette stratégie a permis d'augmenter le nombre de téléspectateurs.

Magali Rangin