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Mariage, plantage et doutes... ce que réserve la saison 2 de "Montre jamais ça à personne"

Affiche de la deuxième saison de "Montre jamais ça à personne" diffusée dès ce jeudi 13 octobre 2022.

Affiche de la deuxième saison de "Montre jamais ça à personne" diffusée dès ce jeudi 13 octobre 2022. - Prime Vidéo

Dans cette suite, diffusée ce jeudi 13 octobre sur Prime Vidéo, le réalisateur et frère d'Orelsan, Clément Cotentin raconte le processus de création semé d'embûches de l'album Civilisation, écrit pendant le confinement.

Comment revenir après un énorme succès? Après une première saison axée sur les débuts d'Orelsan dans le rap de son blog My Space à la sortie en 2017 de son troisème album La fête est finie, Clément Cotentin dévoile ce jeudi 13 novembre la seconde partie du documentaire Montre jamais ça à personne, sur Prime Vidéo.

Celui qui avait réussi la prouesse, il y a un an, de retracer plus de 20 ans de carrière à l'aide d'images d'archives filmées et accumulées depuis son adolescence raconte cette fois à travers sa caméra les deux dernières années de travail d'Orelsan, au cœur de la création de son album Civilisation.

Et une fois encore, dans ces quatre nouveaux épisodes co-réalisés avec Christophe Offenstein et produits par Nolita et Troisième Œil Productions, Clément Cotentin documente tout: "du premier mot couché" sur l'album "à la dernière note jouée".

Confinement et expérimentation

Clément Cotentin nous avait laissés avec le triomphe en 2018 de la tournée de La fête est finie. Pour cette nouvelle saison, on retrouve Orelsan en mars 2020. Alors que la France découvre l'existence du Covid, l'intégralité du pays est placé en période de confinement. Orelsan profite alors de cette pause forcée pour rentrer chez lui à Caen et travailler sur un nouveau projet.

Seul, l'artiste caennais installe un studio dans son jardin. Loin de son producteur Ablaye et son compositeur Skread, tout deux coincés à Paris, il tente de faire le tri dans ses notes, d'écrire, de trouver des rythmes et des mélodies. On l'entend alors fredonner une ébauche de ce qui deviendra le tube Seul avec du monde autour et d'autres titres inédits passés à la trappe tels que Ok Super ou Le temps qui passe.

Pendant cette période, Orelsan oscille entre des moments de confiance en lui, où il est très inspiré, et des instants de doutes et de remise en question. "J'y arrive plus, [...] Je chante faux et je sais pas faire de musique [...] C’est une descente aux enfers, je descends aussi bas que je suis monté haut", confie-t-il.

"Pourquoi je refais un album en fait? J’étais très bien dans ma life. [...] Je comprends complètement pourquoi Goldman a tout arrêté."

Panne d'inspiration

Vient alors le déconfinement. Skread et Ablaye rejoignent enfin Orelsan à Caen mais la situation ne s'arrange pas. Alors qu'ils découvrent les premières ébauches du disque c'est la désillusion: beaucoup de morceaux sont à jeter à la poubelle.

"C’est le summum du truc le plus pourri qu’il pouvait faire", assure Skread se souvenant de l'écoute de Ah la France, un titre au texte pseudo-dénonciateur. "Il était temps qu'on arrive", renchérit Ablaye.

Ensemble, les trois acolytes organisent une session d'enregistrement dans une maison sur la côte normande - celle où Orelsan a débuté l'écriture de tous ses précédents opus. Mais cette fois, impossible pour le rappeur de trouver la moindre ligne directrice ou porte d'entrée sur son album.

Et puis Skread n'est pas très disponible. Il se travaille en parallèle sur son propre album, en collaboration avec des artistes du monde entier. Le beatmaker enchaîne les voyages aux quatre coins du globe et les sessions d'enregistrement, mais son projet est finalement vite remis à plus tard par manque de temps. Résulat, à sept mois de la sortie de Civilisation, Orelsan n'a toujours aucun morceau qui tient la route.

10.000 notes perdues et mariage

"Tout va s'arranger", c'est cette petite phrase, trouvée au détour d'une note pendant le confinement, qui viendra débloquer la situation. Porté par ce mantra, Orelsan retrouve l'inspiration et l'enregistrement de l'album reprend de plus belle. Ces paroles deviendront plus tard le refrain du morceau Jour meilleur.

"Tout va s'arranger, c'est faux, je sais qu'tu sais. Des fois j'saurai plus trop quoi dire, mais j'pourrai toujours écouter. Tout va pas changer, enfin, sauf si tu l'fais. Quand t'as l'désert à traverser, il y a rien à faire, sauf d'avancer", chante Orelsan sur le morceau.

Mais un autre défi vient retarder le programme. En pleine séance d'écriture, Orelsan perd l'intégralité de ses 10.000 notes stockées sur son ordinateur. S'il tente de faire appel à des informaticiens, le rappeur caennais comprend rapidement qu'il va devoir travailler sans.

Alors que la date de rendu de l'album approche et que les imprévus s'enchaînent Orelsan doit se rendre disponible pour un nouvel évenement, et non des moindres: son mariage et son voyage de noces. Exposé brièvement à la caméra de Clément Cotentin, ce moment intime, organisé en petit comité à cause du Covid, inspirera à Orelsan le morceau La Quête.

Featurings avec Angèle et Pharrell Williams

Montre jamais ça à personne nous apprend également que le rappeur caennais a enregistré un morceau baptisé Évidemment avec Angèle qui n'a pas été terminé à temps pour figurer sur Civilisation.

En panne d'inspiration, Orelsan passe des mois à écrire son couplet et, quand le titre est enfin prêt, la chanteuse belge n'est plus disponible pour finir l'enregistrement. "J’ai dû lui dire: 'Désolé Orel, ça va pas le faire, on va pas avoir le temps.' Vous étiez à la bourre quoi", confie-t-elle dans le documentaire.

La caméra de Clément Cotentin se glisse aussi en studio aux États-Unis, où Orelsan réalise un de ses rêves d'ado: enregistrer le morceau Dernier Verre avec The Neptunes, duo de producteurs formé par Pharrell Williams et Chad Hugo.

Interdit de filmer lors de leur présence en studio, Clément reconstitue la scène à l'aide d'un montage et raconte notamment une scène où Skread ose dire à Pharrell Williams qu'il n'y a pas de mélodie dans ce qu'est en train de chanter l'artiste.

"Mon cœur s'est arrêté de battre. Après un truc comme ça, le gars peut te dire 'je me casse'. Mais il a remis le casque et recommencé", explique Ablaye.

Carton plein de "Civilisation"

Une fois les galères et les incertitudes passées, Clément Cotentin montre aux spectateurs les dernières heures de travail d'Orelsan et son équipe avant l'envoi définitif de Civilisation à la maison de disque.

C'est alors l'heure d'assurer la promotion de l'album: l'enregistrement du clip de L'odeur de l'essence, les nombreuses interviews, la préparation de la tournée... Soulagé, Orelsan peut désormais se reposer sur le succès de son album, écoulé à plus de 94.000 exemplaires en l'espace de trois jours.

C'est sur scène que s'achève le documentaire. Accompagnées par le titre Shonen, des photos et vidéos des cinq représentations d'Orelsan à l'Accor Arena de Paris défilent et viennent conclure cette deuxième saison de Montre jamais ça à personne, qui sera la dernière selon Clément Cotentin.

Interviewé sur France Inter ce mardi, le réalisateur et frère d'Orelsan a confié qu'il comptait se consacrer davantage à la fiction: "J'ai arrêté de filmer. Il n'y aura pas de saison trois. J'ai deux autres projets, je voudrais faire un faux documentaire, pas forcément sur Orel', pour casser les codes complètement. Et j'ai envie de faire de la fiction, d'écrire des films."

Carla Loridan