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"Jusqu'ici tout va bien": des techniciens dénoncent les conditions de tournage de la série de Nawell Madani

Nawell Madani dans la série "Jusqu'ici tout va bien"

Nawell Madani dans la série "Jusqu'ici tout va bien" - Netflix

Mediapart publie ce dimanche une longue enquête réunissant des témoignages de techniciens de la série française Netflix Jusqu'ici tout va bien, de et avec Nawell Madani. Ils racontent un tournage difficile, tendu et stressant.

"Peur", "stress", "abus"… Des techniciens de Jusqu'ici tout va bien, témoignent dans une enquête de Mediapart, publiée ce dimanche, du climat qui régnait sur le tournage de la série Netflix de et avec Nawell Madani.

Ils dénoncent des conditions très difficiles, que la présence sur le tournage d'un "référent" envoyé par Netflix n'a pas adoucies.

S'exprimant de façon anonyme par peur de représailles, plusieurs techniciens évoquent notamment le climat de stress qui régnait sur le plateau, alimenté par l'attitude de Nawell Madani.

"Une tension en permanence"

"Nawell criait tous les jours et du coup, tout le plateau s’y mettait, évoque ainsi une technicienne, il y avait une tension en permanence."

Et si les deux actrices principales de la série, Kahina Carina et Carima Amarouche, contactées par Mediapart, évoquent toutes deux des conditions de tournage "normales" et une réalisatrice "respectueuse et professionnelle", la jeune comédienne Paola Locatelli laissait elle aussi entrevoir pendant la promotion de la série, dans La boîte à questions de Canal+, une ambiance pas toujours sereine.

"Des fois, elle était dure, des fois il y avait un peu de cris, ça se calmait, après il y avait des gros cris, ça brûlait le tympan, et puis après elle disait 'pardon, désolée'."

D'autres memebres de l'équipe technique dénoncent des conditions dangereuses, comme ce technicien-son embarqué dans le coffre d'une voiture conduite par une actrice qui n'avait pas son permis. Ou des changements intempestifs épuisants, comme le raconte une membre de l'équipe décoration.

"Le costume était trop grand"

Certains membres de l'équipe imputent cette ambiance de tournage aux trop lourdes responsabilités endossées par Nawell Madani, à la fois créatrice, actrice, scénariste, productrice et réalisatrice de la série.

"Netflix a laissé tous les pouvoirs à Nawell, qui était fatiguée mais aussi inexpérimentée pour occuper tous ces postes. Ils l’ont mise là parce qu’elle est connue, parce qu’elle a des millions d’abonnés, mais elle n’avait pas les épaules et c’est nous qui en avons payé le prix", décrit ainsi une salariée interrogée par Mediapart.

Cette pression et ce stress, Nawell Madani l'a elle-même évoqué pendant la promotion de la série. En avril dernier, au moment du lancement de Jusqu'ici tout va bien, elle confiait à BFMTV.com: "J'ai eu du mal à terminer cette série". Réalisatrice du film C'est tout pour moi, en 2017, Nawell Madani n'avait encore jamais tourné de série.

"Faire rentrer 7-9 minutes utiles par jour, je ne connaissais pas ce rythme-là", ajoutait-elle. "Et puis être au jeu, à la réalisation, à l'écriture, à la production et au showrunning, franchement, le costume était trop grand. Clairement, on avait tous sous-estimé la charge de travail."

Magali Rangin