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"Ça nous mine": la boulangerie de la série "Emily in Paris" atterrée par les commentaires négatifs de clients

Depuis le succès fulgurant de la série Netflix, la boulangerie du Ve arrondissement de Paris où a été tournée la série "Emily in Paris" est minée par les commentaires négatifs de certains clients déçus, qui "s'attendaient à un truc de fou". "Nous restons une boulangerie de quartier classique", leur répond le gérant, interrogé par BFMTV.com.

"On n'est pas là pour vous vendre du rêve!" Thierry Rabineau et sa famille, gérant de la "Boulangerie Moderne", rue des Fossés Saint-Jacques à Paris, ne supportent plus les commentaires désapprobateurs des clients en ligne. Depuis que leur établissement est entré dans la lumière grâce à la série américaine Emily in Paris, de nombreux touristes passent par les lieux devenus emblématique du tournage. Et ces derniers temps, les commentaires négatifs affluent par dizaines sur la page Google de cette boulangerie du Ve arrondissement de la capitale.

"Très déçue du fameux pain au chocolat Emily in Paris", "Il y a beaucoup de monde, les gens viennent juste à cause de la série", "Serveuse pas aimable", "Ça ne vaut pas la peine d'y aller", peut-on lire ici et là parmi les 548 commentaires, qui restent cependant en grande majorité positifs puisque la boulangerie est notée 4.4/5.

Le gérant "profondément peiné par la situation"

Malgré tout, ces critiques parfois virulentes atteignent profondément le gérant de la boulangerie moderne, comme l'explique sa fille Inès dans une vidéo publiée sur TikTok. "Mon père est profondément peiné par la situation (...) Il commence à vraiment très très mal (le) vivre, au point où il m'appelle tous les soirs", déplore la jeune femme, étudiante à Paris.

"Vous ne vous rendez pas compte, mais quand on critique son travail, c'est comme n'importe qui, ça le touche dans son coeur, c'est viscéral".

"Malheureusement beaucoup de gens viennent et s'attendent à voir quelque chose de fou alors qu'on reste une boulangerie très classique. (...) On est pas là pour vous vendre du rêve! On fait de la bonne came, mais ne vous attendez pas à un truc de ouf", développe-t-elle, "désolée pour ceux qui s'attendaient vraiment à une dinguerie".

Ces remarques "rongent" tellement Thierry Rabineau que le gérant s'est amusé à répondre de façon véhémente à certaines d'entre elles, avant de finalement se résigner à les supprimer. "On est pris au piège par ce système, qui d'ailleurs est pipé puisque ce n'est pas représentatif de ce que pensent véritablement nos clients. Je pense que 95% sont satisfaits, mais ils ne le font pas forcément savoir sur Google".

Les touristes et "leurs attentes inappropriées"

"Ça nous mine. À cause de la série, les gens ont des attentes inappropriées. Ils se disent que nos produits vont être incroyables. Nous restons une boulangerie de quartier classique, on a jamais prétendu être autre chose", se défend Thierry Rabineau, installé dans la rue des Fossés Saint-Jacques - dans le Ve arrondissement - depuis neuf ans.

"Je ne suis pas Pierre Hermé, je sais bien que je ne joue pas dans la même cour, là n'est pas la question", poursuit le boulanger, qui rappelle qu'il a "tout de même été nommé au concours des meilleurs croissants de Paris" cette année.

Pour autant, Thierry Rabineau "ne regrettera jamais d'avoir dit oui à la location des locaux" pour la série. Le gérant reconnaît que le succès international d'Emily in Paris a eu l'effet d'un tsunami pour eux en 2021. Désormais, les touristes représentent une part importante de leur clientèle - "jusqu'à 40% en semaine".

"Tous les jours, on se fait prendre en photo, filmer"

"On est un peu le parc d'attraction", sourit le boulanger, à la fois las et amusé de cette popularité qui, dit-il sans illusion, "ne durera qu'un temps". "Tous les jours, on se fait prendre en photo, filmer. Alors oui, parfois on est obligés de mettre des règles, et c'est ça qui n'est pas toujours compris comme il le faut. Mais il faut se mettre à notre place: certains touristes sont sans gêne".

Grâce aux touristes, toutefois, les affaires marchent bien. Désormais, les périodes de vacances ne représentent plus des périodes de creux, mais des mois comme les autres sur le plan financier. À tel point que les équipes ont été renforcées: 10 salariés et 2 apprentis travaillent désormais à la boulangerie. Cela promet aussi des projets exaltants, puisque Thierry Rabineau planche actuellement sur un projet de franchise d'une boulangerie strictement identique à la sienne... à Riad en Arabie Saoudite. "C'est encore en négociation", confie-t-il.

Dans quelques mois, les équipes de tournage viendront tourner la 4e saison de la série. Pendant quelques semaines, Thierry Rabineau, sa femme et leurs équipes devront laisser leurs locaux aux acteurs, cadreurs et autres producteurs de Netflix, contre une rétribution quotidienne équivalente au chiffre d'affaires d'une journée de travail. Quant à la date de sortie de cette nouvelle saison sur la plateforme, elle n'a pas encore été communiquée.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV