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Musique

La plus provocatrice, la plus personnelle… Jane Birkin en 5 chansons inoubliables

En plus de 50 ans de carrière musicale, Jane Birkin a interprété nombre de chansons inoubliables, d'abord lors de sa collaboration romantico-artistique avec Serge Gainsbourg puis en solo.

Jane Birkin est morte à l'âge de 76 ans. La plus française des Anglaises laisse une empreinte indélébile sur la chanson française. Avec sa "voix délicieuse" à "l'accent inimitable, charmeur", selon les mots de Jack Lang, elle a chanté des petites merveilles de Serge Gainsbourg et laissé aussi de beaux textes de sa plume. Sélection de cinq titres de son répertoire unique.

"Je t'aime, moi non plus", le scandale

C'est un succès planétaire au parfum de scandale: le Vatican condamne cette chanson ponctuée de râles amoureux. Sorti en 1969, année décidément érotique, c'est un morceau au destin rocambolesque.

Il est d'abord écrit par Serge Gainsbourg pour Brigitte Bardot, avec qui il vit une fulgurante et clandestine liaison. Comme la vedette du 7e art est alors mariée avec le play-boy allemand Gunther Sachs, le titre à la charge sexuelle explicite, enregistré en 1967, est mis en sommeil. Il ne ressort des limbes qu'en 1986 avec la voix de "BB", longtemps après cette fameuse version de 1969 avec Jane Birkin, devenue compagne de l'homme à la tête de chou.

"Di doo dah", la signature

"Di doo dah", morceau titre d'un album éponyme sorti en 1973, impose la signature vocale de Jane Birkin avec un refrain-ritournelle qui reste durablement en mémoire. Il est modelé par Serge Gainsbourg, qui se sert des complexes la jeune Jane, quand elle était en pensionnat en Angleterre. "Les autres filles ont de beaux nichons/Et moi, moi je reste aussi plate qu'un garçon/Que c'est con", chante Jane Birkin.

La chanteuse prend pourtant sa revanche sur l'adolescence ingrate, puisque sa silhouette filiforme est à la Une des magazines et qu'on lui colle l'étiquette de sex-symbol. Plus de 20 ans plus tard, en 1996, Jane Birkin s'offre une autre chanson attrape-coeurs avec "La gadoue", initialement écrite par Serge Gainsbourg pour Petula Clark (1966).

"Ex-fan des sixties", l'appellation

Dans son "Dictionnaire amoureux de la chanson française", le journaliste français Bertrand Dicale lie "l'affection des Français pour Jane Birkin" au fait que "la belle étrangère conquise est à jamais installée sur cette terre d'exil qui est la nôtre".

Une autre chanson fait également pour son adoption définitive dans l'Hexagone: "Ex-fan des sixties", encore signée Serge Gainsbourg et qui donne son nom à un album en 1978. Le titre de ce morceau à succès devient même par extension le surnom de l'interprète. Jane Birkin a raconté qu'elle s'est d'abord heurtée -avant de réussir à la chanter- au rythme imposé par ce défilé de noms d'artistes décédés prématurément: "Disparus Brian Jones/Jim Morrison/Eddy Cochran/Buddy Holly/Idem Jimi Hendrix/Otis Redding/Janis Joplin/T.Rex, Elvis".

"Les dessous chics", la préférée

"C'est la plus belle chanson sur la séparation qu'on puisse avoir", racontait-elle à l'AFP. Ce morceau à l'élégance folle est conçu en 1983 pour l'album à succès "Baby alone in Babylone", écrit par Serge Gainsbourg alors qu'ils sont séparés depuis trois ans.

"Chaque fois que je chante 'C'est la pudeur des sentiments/Maquillés outrageusement/Rouge sang', je pense à lui. C'est probablement ma préférée, car tout ce qui est dedans, c'est vraiment lui".

"Il y a une grande pudeur dans toutes ces chansons qu'il a écrites sur la séparation. Serge n'a jamais cessé de m'en écrire jusqu'au bout", disait-elle encore. On pourrait aussi citer "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve", dans la même veine et sur le même album.

"Ces murs épais", la catharsis

Cette fois, c'est Jane Birkin qui écrit elle-même son splendide album "Oh! Pardon tu dormais…" (2020), produit par Etienne Daho.

Dans cet opus on ne peut plus intime, elle aborde, entre autres, la mort de sa fille Kate Berry dans "Cigarettes" ("Ma fille s'est foutue en l'air") et le touchant "Ces murs épais", évocation de sa tombe ("Moi dehors, toi dessous, cri muet, muet").

Clément Lesaffre avec AFP