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"The Palace", le nouveau film de Roman Polanski, sort dans une seule salle à Paris

Détail de l'affiche du film "The Palace" de Romank Polanski

Détail de l'affiche du film "The Palace" de Romank Polanski - Swashbuckler Film

Le nouveau film du réalisateur, accusé de violences sexuelles par de nombreuses femmes, est boudé par les salles obscures.

Le nouveau film de Roman Polanski va avoir du mal à trouver son public. The Palace, qui souffre déjà d'une promotion inexistante, sort ce mercredi 15 mai dans un nombre très limité de salles françaises. Un symbole de la disgrâce dans laquelle est tombé le réalisateur franco-polonais, qui visé par plusieurs accusations de violences sexuelles depuis quarante ans.

Cette comédie à sketches sera diffusée dans une seule salle à Paris, deux en région parisienne et, d'après Allocine, 82 salles à travers la France. L'intrigue de ce film tourné en 2022 à Gstaad, en Suisse, se déroule dans un hôtel de luxe, le soir du passage à l'an 2000. Au générique, quelques noms connus, comme Fanny Ardant, John Cleese ou Mickey Rourke, mais aucune star en vogue.

Persona non grata

The Palace intervient quatre ans après le sacre controversé de Roman Polanski aux César. Son film J'accuse, auréolé de douze nominations, lui avait valu le prix de la meilleure réalisation, alors même qu'une nouvelle vague #MeToo déferlait sur le cinéma français à la suite des accusations d'Adèle Haenel contre le réalisateur Christophe Ruggia. La comédienne avait d'ailleurs fait sensation en quittant la salle à l'annonce de cette récompense, et la maîtresse de cérémonie Florence Foresti n'était plus remontée sur scène.

Depuis, Roman Polanski avait déjà opéré un retour dans les salles obscures, l'été dernier, cette fois comme sujet. Les réalisateurs Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer l'avaient suivi à Cracovie, sur les traces de son enfance marquée par la Shoah, pour le documentaire Promenade à Cracovie. Le film n'était sorti que dans deux salles en France, comme l'avait rapporté Franceinfo à l'époque. "Les exploitants sont frileux et pas très courageux", avait alors estimé Sophie Dulac, propriétaire du cinéma l'Arlequin.

"Personne n'en voulait"

Pour The Palace, les distributeurs aussi ont choisi de passer leur tour. "Personne n'en voulait", raconte au Parisien Sébastien Tiveyrat, gérant de Swashbuckler, une petite structure spécialisée dans les films de patrimoine qui a obtenu les droits du long-métrage de Polanski en France:

"J'ai sauté dessus. J’ai proposé un prix au producteur, avec mes moyens, et il a accepté sans négocier (...) J'avais presque honte du tarif que j’ai avancé…"

Swashbuckler a décroché The Palace au prix des films anciens qu'elle a l'habitude de distribuer. Soit "dix fois moins cher" que l'enveloppe allouée à un film classique, confie-t-il au quotidien.

Assassiné par la critique

La sortie en salles de ce film au budget de 17 millions d'euros, d'après Variety, est précédée d'un accueil glacial à la Mostra de Venise, en septembre dernier - où le réalisateur ne s'était pas rendue. La simple sélection de The Palace avait été largement contestée, les détracteurs y voyant le symbole de l'impunité du réalisateur. La projection avait mené à des critiques assassines.

Libération avait qualifié le long-métrage d'"infecte purge", Le Figaro avait déploré un "naufrage" et "un ratage monumental", tandis que Télérama avait décrit "un film indigeste et laid".

"Je ne suis pas sûr d'avoir déjà vu un tel silence de mort dans une aussi grande salle de cinéma pendant un film qui faisait autant d'efforts pour être drôle", avait écrit de son côté la revue américaine Variety.

Plusieurs accusations

Hasard du calendrier, la décision du tribunal judiciaire de Paris dans le procès qui l'opposait à Charlotte Lewis a été rendue mardi 14 mai. L'actrice britannique le poursuivait en diffamation pour l'avoir traitée de menteuse alors qu'elle l'accuse de viol. Le réalisateur a été relaxé.

Roman Polanski a été accusé d'agressions sexuelles et viols par une dizaine de femmes au fil de sa carrière, des affirmations qu'il a toujours contestées et qui ne l'ont pas empêché de travailler.

Il est considéré comme un fugitif aux États-Unis depuis plus de quarante ans, après une condamnation pour des "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans, Samantha Gailey (devenue Geimer).

En 1977, arrêté, accusé d'avoir drogué et violé cette adolescente, il avait passé 42 jours en prison avant d'être libéré et de gagner Paris. Il est visé depuis par un mandat d'arrêt international de la justice américaine.

Le cinéaste est appelé à comparaître en 2025 en Californie, lors d'un procès au civil pour viol d'une adolescente en 1973, des accusations qu'il conteste "avec la plus grande fermeté" selon son avocate parisienne.

https://twitter.com/b_pierret Benjamin Pierret Journaliste culture et people BFMTV