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Cinéma

Sony: le film L'Interview qui tue sera finalement diffusé au cinéma

Affiche de "L'Interview qui tue" de Seth Rogen et Evan Goldberg.

Affiche de "L'Interview qui tue" de Seth Rogen et Evan Goldberg. - Columbia

Déprogrammé des cinémas américains à la suite du piratage informatique massif dont a été victime le studio Sony Pictures, L'Interview qui tue! sera finalement visible dès Noël dans quelques salles obscures des Etats-Unis. C'est en tout cas ce qu'ont annoncé plusieurs exploitants du pays.

Il verra finalement le jour dans certaines salles de cinéma. Sony Pictures a fait volte-face, ce mardi, en annonçant une sortie limitée aux Etats-Unis de  L'interview qui tue!, sa comédie parodiant le leader nord-coréen, défiant ainsi les pirates informatiques qui avaient menacé les salles qui le projetteraient.

Un nombre limité de salles

Le film sortira le jour de Noël comme le studio de cinéma l'avait initialement prévu, mais il ne sera projeté que dans un nombre limité de salles, au lieu d'une sortie nationale dans des milliers de cinémas envisagée à l'origine.

"Nous n'avons jamais abandonné l'idée de distribuer L'interview qui tue! et nous sommes heureux que notre film sorte dans quelques cinémas le jour de Noël", a déclaré le directeur général de Sony Michael Lynton.

"Nous continuons parallèlement nos efforts pour nous assurer que des plateformes (de distribution via internet) et plus de salles" diffuseront le film "pour qu'il puisse atteindre le public le plus vaste possible", a-t-il ajouté, se disant fier que son groupe "ait tenu tête à ceux qui voulaient supprimer la liberté de parole" aux Etats-Unis.

"Le peuple a parlé!"

Le film sera notamment projeté au Plaza Atlanta et à l'Alamo Drafthouse d'Austin, au Texas, d'après des messages sur le réseau social Twitter de ces deux salles indépendantes.

"Le peuple a parlé! La liberté de parole a vaincu! Sony n'a pas abdiqué! 'L'interview qui tue!' sera projeté dans des salles qui le veulent le jour de Noël", s'est réjoui le réalisateur Seth Rogen.

"Victoire! 'Le peuple et le président ont parlé! Sony va sortir 'L'interview qui tue!' en salles...", a renchéri l'acteur James Franco, qui partage l'affiche du film avec Rogen.

L'annonce la semaine dernière que Sony Pictures renonçait à sortir le film avait consterné Hollywood, acteurs et réalisateurs dénonçant une grave atteinte à la liberté d'expression et une victoire du terrorisme. Côté politique de nombreux parlementaires dont John McCain s'étaient aussi élevés contre cette décision et le président américain Barack Obama avait déploré "une erreur" de Sony Pictures.

Lundi soir, un groupement représentant au total 250 salles de cinéma indépendantes avait lancé une pétition sur le site change.org pour demander à Sony de leur permettre de projeter la comédie controversée L'interview qui tue!, sur un complot fictif de la CIA pour assassiner le leader nord-coréen Kim Jong-Un. 

Une attaque informatique géante imputée à la Corée du Nord

Cette satire a été qualifiée "d'acte de terrorisme" par Pyongyang, qui a selon les autorités américaines commandité la gigantesque attaque informatique dont Sony Pictures a été victime il y a un mois.

La Corée du Nord a été brièvement privée de connexion internet mardi, au lendemain d'une première coupure générale de neuf heures qui pourrait avoir été orchestrée en représailles à l'attaque informatique contre Sony Pictures, selon une société de cybersécurité.

Le président Barack Obama avait assuré dimanche que Washington répliquerait à Pyongyang face à ce hacking. Mardi, le département d'Etat américain a toutefois refusé de confirmer ou non si Washington était impliqué dans la panne de réseau en Corée du Nord.

La cause des coupures de réseau dans cette dictature communiste, où l'accès à internet est déjà restreint, ne sont pas connues en détail. Mais, selon les experts, elles serraient liées à des attaques informatiques par "déni de service".

Un piratage sans précédent contre une entreprise américaine

Sony Pictures a fait l'objet d'une attaque informatique massive, l'une des plus graves essuyée par une entreprise américaine, le 24 novembre, de la part d'un groupe se présentant comme le "GOP" et exigeant du studio de cinéma qu'il annule la sortie de L'interview qui tue!. Le GOP avait notamment menacé de s'en prendre aux salles de cinéma qui montreraient la comédie parodique, agitant le spectre des attaques terroristes du 11 septembre 2001.

Le régime communiste nie être impliqué dans le piratage au cours duquel les données personnelles de 47.000 employés et collaborateurs de Sony Pictures ont été dérobées, mais a en loué les auteurs.

Des menaces nord-coréennes

Cette attaque informatique s'est aussi traduite par la diffusion en ligne d'emails confidentiels et embarrassants pour les dirigeants de Sony Pictures et par la mise en ligne illégale de cinq films du studio dont plusieurs pas encore sortis.

Mardi, l'agence de presse gouvernementale nord-coréenne KCNA a publié un éditorial agitant de nouveau la menace de son arsenal nucléaire et affirmant que "Les Etats-Unis feraient bien de penser à deux fois à leur politique contre-productive hostile face" au régime communiste, l'un des plus fermés et répressifs du monde.

Jé. M., avec AFP