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"Scorsese était obsédé par ce film": Leonardo DiCaprio parle à BFMTV de "Killers of the Flower Moon"

Le comédien fétiche du réalisateur américain évoque sur BFMTV leur nouvelle collaboration, un western présenté en avant-première mondiale à Cannes ce week-end.

Leonardo DiCaprio et Robert De Niro réunis pour la première fois chez Martin Scorsese: le réalisateur légendaire a fait l'événement samedi dernier à Cannes avec Killers of the Flower Moon, qui retrace une page sombre de l'histoire des Etats-Unis.

Killers of the Flower Moon se déroule dans une tribu amérindienne, les Osage, au début du XXe siècle. Le pétrole découvert en abondance sur leurs terres les rend immensément riches, mais suscite la convoitise des Blancs. La petite communauté va être soudainement victime d'une série de meurtres et de disparitions...

Leonardo DiCaprio incarne Ernest Burkhart, un homme amoureux d'une Amérindienne, Mollie (Lily Gladstone, elle-même d'origine amérindienne Blackfeet), qui se retrouve entraîné dans une conspiration ourdie par l'homme d'affaires William Hale (Robert De Niro). Un agent du FBI (Jesse Plemons), est chargé d'élucider les meurtres.

"Un désir brûlant de montrer la vérité"

Cette fresque de 3h26 souligne les dynamiques coloniales et racistes qui ont perduré aux Etats-Unis au XXe siècle. Le film a été tourné sur les lieux réels où vivent les Osage, et Leonardo DiCaprio, qui devait initialement incarner le détective du FBI mais a préféré opter pour un rôle trouble, a passé du temps avec ces Amérindiens.

Scorsese a fait de même, confie Leonardo DiCaprio à BFMTV: "Marty a passé des mois, des années chez eux, à écouter leurs histoires, pour approcher au mieux la vérité de cette histoire." Et d'ajouter: "On s'est retrouvé sur les mêmes lieux, un siècle après les faits. On a pu discuter avec les survivants de la tragédie, écouter leurs histoires."

Le réalisateur de 80 ans rêve de tourner ce film "depuis 7 ou 8 ans", selon son comédien fétiche: "Il était obsédé par ce film. Je ne l'ai jamais vu autant obsédé par une histoire. C'est la première fois où je l'ai entendu dire qu'il avait cette histoire dans la peau."

"Il avait un désir brûlant de montrer la vérité de cette histoire, de montrer le côté obscur de la condition humaine [...] Il voulait parler de cette histoire qui n'était pas cachée, mais dont personne ne parlait, et qui lui permettait d'évoquer ce que notre pays a fait aux Amérindiens."

"Un réalisateur d'exception"

Lily Gladstone loue la décision de Martin Scorsese d'offrir pour une fois avec ce film des "rôles fascinants" à des acteurs amérindiens. "Pendant des décennies, les Indiens ont été représentés à l'écran comme des sauvages", dénonce-t-elle. "Je n'ai pas le souvenir d'un autre film où le public a été invité à tomber amoureux d'une telle sorte d'un personnage comme Molly."

"En plus de son humilité, Marty écoute vraiment les acteurs", salue Leonardo DiCaprio. "Quand votre instinct vous dit quelque chose, il est à votre écoute et arrête tout. Il est prêt à remettre en question toute la structure narrative du film, et à emmener l'histoire dans une autre direction. Il fait confiance en ses acteurs. C'est ce qui en fait un réalisateur d'exception."

"Le meilleur endroit au monde"

L'avant-première de Killers of the Flower Moon à Cannes représente par ailleurs un symbole d'espoir pour le cinéma. Produit par la plateforme Apple TV+, le film pourra sortir malgré tout au cinéma le 18 octobre prochain en France.

Pour les comédiens, venus avec des membres de la communauté Osage, la projection a par ailleurs été émouvante: "Cannes est le meilleur endroit au monde pour montrer une telle histoire", explique DiCaprio, très fier de "savoir que le monde entier va écouter [ce que les Osage] ont à dire".

"Avoir autant de personnes de la communauté Osage avec nous pour soutenir le film était très important. Je prenais des photos mentales de la soirée pour me souvenir de tout, et profiter au maximum, parce que je sais que quelque chose comme cela ne se reproduira pas", conclut l'acteur.

"J'ai pu sentir une salle entière réagir au film, ressentir ce que j'ai pu ressentir la première fois quand je l'ai découvert", se réjouit enfin Lily Gladstone.

Claire Fleury avec Jérôme Lachasse