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"Kaamelott - Premier Volet": Alexandre Astier raconte les coulisses très secrètes du film le plus attendu de l’année

Alexandre Astier dans "Kaamelott - Premier Volet"

Alexandre Astier dans "Kaamelott - Premier Volet" - SND

L’acteur-réalisateur sort ce mercredi 21 juillet son film tant attendu, inspiré de sa série à succès. Il en raconte les coulisses, et révèle avoir déjà commencé à réfléchir à sa suite.

Le 31 octobre 2009, Alexandre Astier concluait l’ultime épisode de sa série Kaamelott avec une promesse: "Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros". Ce jour est enfin arrivé. Après onze ans d’attente, sa geste arthurienne comico-dépressive, qu’il a écrite et réalisée, débarque enfin au cinéma. Situé dix ans après les événements racontés dans la série, Kaamelott - Premier Volet (KV1 pour les intimes) raconte comment Arthur va fédérer ses anciens chevaliers pour renverser le tyrannique Lancelot-du-Lac, qui a usurpé son pouvoir.

Porté par le casting de la série, mais aussi par quelques nouveaux venus (Sting, Clovis Cornillac), KV1 ne décevra pas les fans. Astier et sa troupe ont une connaissance si intime de Kaamelott que les fans n’auront pas l’impression qu’une décennie s’est écoulée - à l’exception de quelques rides sur certains visages. Aidé par un budget de 15 millions d’euros, l'acteur-réalisateur a enfin pu filmer Kaamelott tel qu’il le rêvait depuis toujours: comme une saga d'héroic-fantasy. On y découvre Kaamelott comme on ne l’a jamais vu, tourné entre le sultanat d’Oman et la région Rhône-Alpes.

Si la logorrhée de ses personnages de râleurs est bien présente, Alexandre Astier se renouvelle en proposant des scènes inhabituelles dans l’univers de Kaamelott, qui repose principalement sur les silences et la musique. Aussi drôle que les premières saisons, KV1 développe l’atmosphère mélancolique de l’ultime saison, dont l’action située lors de la jeunesse d’Arthur à Rome permettait de découvrir la personnalité complexe d’un roi devenu dépressif et suicidaire.

Alexandre Astier, qui vient de débuter l’écriture du dixième tome de la BD dérivée de Kaamelott, et réfléchit déjà au deuxième film, raconte à BFMTV les coulisses très secrètes de la création de Kaamelott - Premier Volet. L’occasion de découvrir que cet homme-orchestre, qui est aussi le producteur, le monteur et le compositeur de KV1 , n'avait pas tout prémédité, contrairement à ce qu’on pourrait croire. "Je ne sais pas si tout a été pensé depuis le début, mais en tout cas je n’arrête pas de penser depuis le début!"

À quel point le scénario de "KV1" a-t-il évolué au cours des dix dernières années?

Ce qui est resté fidèle, ce sont les grandes lignes. L’écriture du scénario date vraiment du moment où j’ai eu le feu vert pour faire le film. C’est tout frais. Ça s’est fait comme un film normal. Covid mis à part, c’est un film qui a un temps de fabrication relativement normal.

En regardant le film, on a l’impression qu’il ne s'est pas passé dix ans. On retrouve la même musicalité dans les dialogues, la même manière de jouer… Qu’avez-vous ressenti en retrouvant tout le casting sur le tournage?

Ce n’est pas tant que ça, dix ans. En tout cas, sur le plateau, on n’en a même pas parlé. Même avec les très anciens. On ne s’est pas dit que c’était cool de se retrouver. On n’a pas perdu une seule seconde de toute la production à se dire, 'Que de chemin parcouru'! On a juste recommencé à bosser. On a fait ce qu’on aime bien faire. En plus de ça, j’ai revu la plupart des gens une fois qu’ils étaient passés par le HMC (habillage, maquillage, coiffure). Les dix ans qu’ils avaient réellement pris dans la gueule étaient détournés. Je n’ai pas eu l’impression de retrouvailles.

Loïc Varraut dans "Kaamelott - Premier Volet"
Loïc Varraut dans "Kaamelott - Premier Volet" © SND

Dans le film, vos premières apparitions sont très furtives. On vous voit à peine, caché derrière vos cheveux. Vous ne parlez pas. Pourquoi?

J’ai été amoureux de cette idée assez tôt. Je passe pour le mec qui fait beaucoup parler ses personnages. Du coup, je me suis dit que c’était un bon retour pour Arthur, le silence. Il a été dans un pays étranger très longtemps, dans une position d’esclave. Quand on le retrouve, il ne dit rien et il se tire. Un personnage se plaint d’ailleurs qu’il ne parle pas. Il est renfrogné. Petit à petit dans le film il va s’ouvrir.

"KV1" s’inscrit dans la lignée du Livre VI. On y retrouve la même mélancolie...

… et le plaisir toujours non dissimulé de dévoiler au public une facette du personnage qu’il ne connaissait pas! On montre un événement qui le hante depuis sa jeunesse. Je l’ai filmé comme un cauchemar. Le temps est ralenti. J’ai choisi des vitesses de ralenti complètement cheloues pour bien indiquer que je ne suis pas en train de montrer ce qui s’est réellement passé, mais ce qui lui en reste. C’est très agréable pour un auteur d’ajouter une couche inédite à la personnalité d’un héros que vous jouez depuis longtemps. Tout le monde n’a pas cette chance-là.

"KV1" est aussi un vrai film d'heroic fantasy. Certains ont cru repérer une référence aux "Chevaliers du Zodiaque" dans le costume de Lancelot. Est-ce que c’était une de vos références?

Ce n’était pas une référence! Je suis désolé, je ne peux pas donner d'explications pour le costume de Lancelot. Il faut que je me garde des choses sous le coude. Ça se comprendra un jour.

Lancelot dans "Kaamelott - Premier Volet"
Lancelot dans "Kaamelott - Premier Volet" © SND

Dans un futur film?

Par exemple, oui.

"KV2" sera donc davantage un film d'heroic fantasy?

Il faudrait, oui. En tout cas, c’est le but du jeu de la trilogie - de faire évoluer la saga dans quelque chose de plus en plus puissant, de plus en plus en visuel. On a choisi des outils techniques qui nous permettent d’obtenir du rendu sur le sable, sur la neige, sur le ciel, sur les mers. Il y a une volonté que la geste arthurienne, la mienne, se poursuive dans une heroic fantasy de plus en marquée.

"KV1" est le film français le plus attendu de l’année. Or, rien n’a fuité pendant le tournage. Comment avez-vous préservé le secret?

On a été un peu chiant. Il y en a qui l’ont mal pris. Parfois, on tournait en régions. Vos confrères des canards locaux, ça les faisait chier de savoir que c’était sur la colline d’en face et qu’ils n’avaient pas le droit d’y aller. Il y en avait même qui arrivaient par les forêts du fond et on les coinçait. Ils nous disaient que c’était juste un film, qu’ils pouvaient en savoir plus. Et bien non! Le but du jeu, c’est de surprendre le public! En maintenant le secret, je préserve le plaisir des gens qui vont payer leur place.

Vous avez d’ailleurs gardé le secret autour du personnage de Furadja, incarné par Salwa Al Hajri, dont on ne voit pas le visage dans la bande-annonce et sur l’affiche…

Je suis très amoureux de son look avec masque, déjà. Ce masque, pour moi, c’est le visage des cauchemars d’Arthur. C’est ce qui hante son esprit. Furadja a une sorte de position de sorcière d’Hansel et Gretel dans le film. Ça m’a beaucoup plu de donner le visage masqué du personnage sur l’affiche, sans son nom. Les gens ont commencé à se demander qui c’était. J’ai beaucoup aimé regarder ça. C’est vraiment un jeu avec le public qui attend.

Affiche du personnage de Furadja dans "Kaamelott - Premier Volet"
Affiche du personnage de Furadja dans "Kaamelott - Premier Volet" © SND

Autre cadeau pour les fans: vous montrez enfin la résistance contre Lancelot, menée par Perceval et Karadoc...

Et j’ai encore à en dire sur la résistance! Un jour, je le ferai. Ça me fera rire de le faire. Je raconterai ces dix ans qui séparent la série du film dans des bouquins. On découvrira comment tout ce bazar s’est mis en place en l’absence d’Arthur: comment chaque personnage a choisi son camp, comment la Dame du Lac s’est retrouvée à côté du rocher d’Excalibur, comment le rocher est devenu cette espèce de festival d’Aurillac…

"KV1" devait sortir en 2020, mais il a été retardé d’un an à cause de la pandémie. Avez-vous modifié le montage au cours de cette année?

J’ai continué de monter jusqu’au bout. J’ai même retourné des plans dans mon garage. Des trucs manquaient. Ça me saoulait. J’ai retourné ce que je pouvais retourner, hein… Il y a un plan des pieds de Perceval dans le film que j’ai tourné dans ma cave avec ma fille. Ça passe très vite dans le film, mais ça marche bien! Un autre jour, j’ai pris mon matos et je suis allé retourner un plan de l’épée plantée dans le rocher. Je ne suis pas très loin en bagnole. C’est un paysage hallucinant. On dirait la Nouvelle-Zélande!

Excalibur est chez vous?!

Elle est en bas, là! Faut bien qu’elle soit quelque part! Je suis producteur du film, je peux aussi faire garde-meuble. C’est normal. C’est une économie.

Vous êtes satisfait du résultat?

Je crois, oui. Je ne me pose plus la question maintenant que je l’ai beaucoup, beaucoup vu. Je sais qu’il a sa place sur l’étagère à la suite de la saga. Après, j’espère être clair. J’ai toujours une frayeur de ne pas être clair. Le problème, c’est que c’est la geste arthurienne. Il y a beaucoup de personnages. J’essaie d'être le plus clair possible pour que les gens soient touchés par ce qui passe avec Arthur et Guenièvre. Je suis aussi très fier que le film se termine de manière épique, et pas sur une blague.

La suite est-elle conditionnée par le succès en salle de "KV1"?

C’est forcément conditionné. Aucune opération industrielle ne pourrait se passer de ça. Mais ce n’est pas si sévère que ça: il faudrait qu’il y ait vraiment une catastrophe industrielle pour que ça n’ait pas lieu. Tout ce que je peux dire, c’est: autant je suis très heureux d’avoir pris dix ans pour faire ce film, parce que ça nous a été bénéfique, autant je sais que pour la suite ça ne servira à rien d’attendre une décennie. C’est certain. Ce n’est pas fait pour. Ce sont trois gros chapitres. Il faut y penser tout de suite.

Vous y pensez donc en ce moment?

Oui. Je ne peux pas dire grand-chose, mais je peux dire que j’y ai pensé cette nuit. Mon fils s’est levé. Il m’a dit, 'Qu’est-ce que tu fous là?' J’étais au milieu du salon à 2 heures et demie. 'Je pense au film', je lui dis. 'On en sort, t’en as pas marre?', il me répond. 'Non, pas celui-là, le prochain', je lui dis. Il a pris un Coca dans le frigo en me disant 'Ah, d’accord', puis il est remonté dans sa chambre.

Votre vie ressemble littéralement à un épisode de Kaamelott!

Je suis fainéant! Je regarde ce qui se passe autour de moi et je prends des notes!

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV