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"Je dois faire attention": comment Christian Clavier veille à la longévité de sa carrière

L'acteur de 71 ans, à l'affiche des Vengeances de Maître Poutifard, ne cesse de tourner et raconte comment il envisage la suite de sa carrière, et à sa longévité dans le secteur.

Christian Clavier, 71 ans, ne pense pas encore la retraite. Il envisage même, comme le personnage de son nouveau film Les Vengeances de Maître Poutifard (en salles ce mercredi) de rester actif encore très longtemps.

"Cette longévité de carrière, c'est une chance formidable", explique le comédien à BFMTV. "Je refuse d'être blasé. C'est un privilège".

Les Vengeances de Maître Poutifard le voit renouer avec Pierre-François Martin-Laval, alias PEF, le réalisateur des Profs, qui avait contribué à son retour sur le devant de la scène il y a une décennie, après une passage à vide.

"Une tragédie pour enfants"

Dans cette adaptation d'un best-seller de Jean-Claude Mourlevat (La Troisième Vengeance de Robert Poutifard), Christian Clavier incarne un maître d'école qui une fois à la retraite, sous l'influence de sa mère acariâtre (Isabelle Nanty), décide de se venger des élèves qui l'ont fait souffrir en se moquant de lui.

"C'est le thème de la vengeance, qui était très bien foutu dans le scénario, et qui m'a emballé", confie-t-il. "C'est un thème de tragédie dans un film pour enfants. C'est passionnant: quand on vous fait du mal, est-ce que vous vous vengez ou pas?"

Christian Clavier voit Les Vengeances de Maître Poutifard comme la grande comédie familiale de l'été: "Ce qui plaît aux enfants, c'est quand on ne fait pas un film pour enfants - sinon c'est un truc niaiseux, sirupeux, qui est raté."

Plus de fluidité

Bien qu'il n'ait plus la souplesse de ses jeunes années, Christian Clavier s'est donné corps et âme à ce projet. Pour l'occasion, il multiplie les gags burlesques comme les chutes et les glissades. "On l'a fait facilement. On s'est marrés", élude-t-il.

Le comédien confie entretenir son corps pour accomplir ces cascades: "Je fais du sport tous les jours d'une manière importante. Je me débrouille toujours quand je tourne pour débuter un peu tard le matin pour pouvoir faire mes exercices."

Une nécessité à son âge: "S'il n'y a plus de fluidité, vous ne pouvez plus jouer les rôles. Je dois faire attention. Avec ma façon de jouer, si je ne peux plus sortir d'une voiture rapidement ou descendre un escalier à fond de train, ça peut devenir compliqué."

Mieux que "The Irishman"

L'acteur a été particulièrement attentif à cela sur le tournage des Vengeances de Maître Poutifard. Pour les besoins de scènes situées trente ans en arrière, il a été rajeuni avec du maquillage et une perruque.

"C'est une chose qui ne m'avait pas plu dans le rajeunissement que j'avais vu dans The Irishman de Scorsese: ils avaient des têtes rajeunies, mais ils marchaient comme des vieux! J'ai trouvé ça très raté en fait, pour être très franc. Je crois que là on a réussi."

Christian Clavier dans "Les Vengeances de Maître Poutifard"
Christian Clavier dans "Les Vengeances de Maître Poutifard" © Marc Bo

"J'ai fait très attention. J'ai marché vite", détaille Christian Clavier. "Je me suis débrouillé pour pouvoir descendre un escalier à toute vitesse. Je l'avais déjà fait ça dans Napoléon. J'avais 51 ans et j'avais joué Napoléon de 24 ans à sa mort à 51 ans."

Ralentir le rythme

A 71 ans, Christian Clavier semble tout de même ralentir la cadence. Après avoir tourné 15 films entre 2012 et 2019, l'acteur est revenu, depuis le début de la pandémie, à un rythme moins frénétique.

"J'en ai tourné deux l'année dernière", précise-t-il. "Et j'en tourne deux cette année. C'est une question de sortie qui s'espace. C'est bien aussi de donner le sentiment qu'on est moins là."

L'année prochaine, il sera à l'affiche de Cocorico, réalisé par Julien Hervé, le co-créateur des Tuche. "C'est très réussi", promet-il. "C'est un très bon duo avec Didier Bourdon. On s'est bien amusés." Sortie prévue le 7 février.

Clavier tourne actuellement dans Jamais sans mon psy d'Arnaud Lemort, avec qui il a déjà tourné Ibiza. Et il sera bientôt devant les caméras de Grégoire Vigneron, le co-scénariste d'Un homme à la hauteur, et dans "un gros projet" dont il ne peut rien dire.

Douze ans après l'échec de son premier film en tant que réalisateur, il ne souhaite pas rempiler: "Entre l'écriture, la réalisation et le tournage, j'en ai pour trois ans. C'est trop long." Un autre projet avec Jean-Marie Poiré, Au bon beurre, est resté à l'état de projet.

Le César d'honneur glané avec ses camarades du Splendid il y a quelques années n'a rien changé à sa carrière. Aucun réalisateur n'est venu lui proposer des rôles différents. "Autant avant qu'après. Ça n'a absolument aucune importance, les César."

Il continue donc ce qu'il a toujours fait: choisir ses films en fonction "des bonnes histoires, des partenaires et de la viabilité de l'entreprise: il faut un financement qui nous permettent d'être à la hauteur de l'ambition que les films ont."

"À mon âge, on n'a plus de plan de carrière"

"Professionnellement, je ne peux pas être frustré de quoi que ce soit", insiste-t-il. "Je fais ce qu'on me propose. Si un truc ne se fait pas, un autre arrive. À mon âge, on n'a plus de plan de carrière."

Il en veut pour preuve Mystère à Saint-Tropez. Ce projet de cœur, qui devait lancer une franchise, a été un lourd échec au box-office. Diffusé à la télévision le mois dernier, le film a pourtant séduit plus de 3,2 millions de téléspectateurs.

"Ça me plaît beaucoup", s'exclame Clavier. "On avait été très mal sortis. Sortir un film comme ça un 14 juillet, c'était absurde. Je suis content du score, parce que j'avais entraîné beaucoup de camarades là-dedans. Après on verra bien pour une suite."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV