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Val-de-Marne

Harcèlement scolaire: l'interpellation d'un collégien en pleine salle de classe critiquée par des parents

Plusieurs parents d'élèves d'un collège d'Alfortville, dans le Val-de-Marne, jugent "choquante" l'interpellation d'un jeune en plein cours ce lundi.

Des policiers sont intervenus lundi dans un collège d'Alfortville, dans le Val-de-Marne, pour interpeller un élève de 14 ans, suspecté d'avoir harcelé une jeune fille de 15 ans sur Instagram. Embarqué en plein cours, l'adolescent a été placé en garde à vue, et a reconnu les faits ce mardi.

Si le harcèlement a été unanimement condamné, quelques jours après le suicide d'un autre jeune à Poissy (Yvelines), beaucoup s'interrogent sur la méthode employée par les forces de l'ordre.

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"C'est sincèrement choquant"

"Ce qui a choqué, c'est la force des policiers. Cinq dans une classe, c'est sincèrement choquant", explique une mère d'un autre élève du collège. "Pour embarquer un gamin de 14 ans, je pense qu'ils auraient pu faire autrement", dit-elle au micro de BFMTV.

"Je trouve particulièrement choquant qu'un enfant dans l'établissement soit interpellés par la police. Peut-être qu'il faudrait trouver d'autres solutions", affirme un autre parent d'élève.

"La classe, c'est l'endroit du professeur et des élèves, de la transmission, de l'enseignement, ce n'est pas l'endroit de l'interpellation", a rappelé ce mardi soir sur BFMTV Didier Georges, proviseur d'un lycée hôtelier à Paris et élu du SNPDEN.

Le rectorat de l'académie s'interroge

Selon une élève qui a vu la scène, la directrice du collège "a toqué à la porte" avant que les policiers n'entrent dans la classe. "La directrice nous avait parlé d'une intervention de police grave. On s'est dit qu'ils allaient nous parler de quelque chose."

Les fonctionnaires ont alors donné le nom du suspect. "Ils lui demandent de se présenter à eux et l'interpellent en l'attrapant par le bras et en le menottant", raconte la témoin à BFMTV.

"Ils lui ont dit 'on vous arrête pour harcèlement grave et menaces de mort'. J'ai été choquée, j'ai eu du mal à continuer le cours", dit-elle.

Le rectorat de l'académie s'est également interrogé sur la méthode employée par les forces de l'ordre "Nous échangeons avec les autorités concernées pour comprendre dans quelles conditions des policiers ont pu être amenés à intervenir dans un établissement scolaire pour procéder à l'interpellation d'un élève en classe", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Accord de la principale de l'établissement

La principale du collège avait toutefois donné son accord aux policiers pour procéder à l'interpellation en plein cours, a appris BFMTV d'une source proche du dossier.

"Les collègues ont agi légitimement. Une fois arrivés [devant le collège] ils ont demandé l'autorisation au chef d'établissement", assure à BFMTV Reda Belhaj, porte-parole du syndicat Unité SGP Police FO Île-de-France.

"Les faits sont très graves", souligne-t-il. "Si on n'avait pas fait ce qu'on a fait, est-ce qu'on ne nous aurait pas reproché de ne pas être intervenus si un drame [était] arrivé?"

Le collégien, qui a reconnu les faits et exprimé des regrets, a été déféré devant un magistrat du parquet mardi en fin d'après-midi. Le ministère public lui a alors notifié une mesure éducative, définie par le parquet comme "une activité au profit de la collectivité" qui devra être effectuée dans les prochaines semaines, explique l'AFP.

Deux numéros dédiés au harcèlement

Tout élève victime de harcèlement scolaire peut contacter gratuitement le numéro national d'écoute au 3020. L'élève ou ses proches peuvent également contacter le 3018 en cas de cyberharcèlement. Ce numéro est joignable 7 jours sur 7, de 9h à 23h.

Ariel Guez