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Val-de-Marne: une adolescente en transition de genre harcelée, un élève interpellé en plein cours

Le père de la victime s'était présenté dimanche au commissariat d'Alfortville pour dénoncer les nombreux propos homophobes avec incitation au suicide reçus par sa fille de 15 ans.

Dimanche matin, aux alentours de 10 heures, un père de famille s’est présenté au commissariat d’Alfortville (Val-de-Marne) pour déposer une main courante. Il a déclaré que sa fille, âgé de 15 ans et en transition de genre, était victime, selon lui, de nombreux propos homophobes avec incitation au suicide sur son compte Instagram.

Il reconnaît les faits

Le suspect, identifié grâce à son pseudonyme, a été interpellé lundi à 16h en plein cours dans son collège d'Alfortville et placé en garde à vue, a appris BFMTV de sources concordantes. La garde à vue était toujours en cours ce mardi.

L'adolescent a reconnu les faits et formulé des regrets au cours de sa garde à vue, a appris BFMTV de sources concordantes. En raison de sa jeunesse et parce qu'il n'est pas connu des services de police, le suspect s'est vu notifier une mesure de réparation pénale.

Interpellé avec l'accord de la proviseure

La principale du collège avait donné son accord pour cette interpellation en plein cours, a appris BFMTV d'une source proche du dossier.

"La directrice a toqué à la porte et on a vu entrer des policiers, rapporte à BFMTV une élève en classe avec le suspect. La directrice nous avait parlé d'une intervention de police grave. On s'est dit qu'ils allaient nous parler de quelque chose."

Les fonctionnaires ont alors donné le nom du suspect. "Ils lui demandent de se présenter à eux et l'interpellent en l'attrapant par le bras et en le mottant, poursuit l'élève. Ils lui ont dit 'on vous arrête pour harcèlement grave et menaces de mort'. J'ai été choquée, j'ai eu du mal à continuer le cours."

Le rectorat de l'académie s'est interrogé sur la méthode employée par les forces de l'ordre.

"Nous échangeons avec les autorités concernées pour comprendre dans quelles conditions des policiers ont pu être amenés à intervenir dans un établissement scolaire pour procéder à l'interpellation d'un élève en classe", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Une enquête ouverte

La victime et son agresseur présumé ne sont pas scolarisés dans le même établissement scolaire à Alfortville. La jeune adolescente harcelée est scolarisée en seconde au lycée Maxime Perret. Le suspect, lui, est inscrit au collège Henri Barbusse.

Après le signalement du père de famille au commissariat d’Alfortville, l’officier de police judiciaire avait avisé le parquet qui a ouvert une enquête et a délivré un ordre de comparaître.

Une enquête pour violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure à huit jours et menaces de mort a été ouverte mardi matin, a précisé le parquet à l'AFP. Le fait que ces infractions aient été commises en raison du genre ou de l'orientation sexuelle de la victime a été retenu comme circonstance aggravante, a ajouté cette source.

L'académie de Créteil a précisé à l'AFP que la victime, de sexe masculin à l'état-civil, était en transition de genre. Sa famille a indiqué au rectorat qu'elle était une jeune fille transgenre.

Harcèlement en ligne

Cette interpellation intervient alors que le harcèlement scolaire est revenu sur le devant de la scène politique après le suicide d'un adolescent à Poissy et la diffusion d'une lettre dans laquelle le rectorat menaçait les parents du défunt d'une plainte.

Lundi, le ministre de l’Education nationale a demandé aux recteurs d’académie un "électrochoc à tous les niveaux" contre le harcèlement scolaire. Mais à Alfortville, selon les premiers éléments, l’enquête se dirige plutôt vers du harcèlement en ligne, les deux jeunes ne se connaissant pas.

Deux numéros dédiés au harcèlement

Tout élève victime de harcèlement scolaire peut contacter gratuitement le numéro national d'écoute au 3020. L'élève ou ses proches peuvent également contacter le 3018 en cas de cyberharcèlement. Ce numéro est joignable 7 jours sur 7, de 9h à 23h.

avec Mélanie Vecchio avec AFP