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Tentative de meurtre par des militaires rattachés à la DGSE: un possible commanditaire mis en examen

Le siège de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), le 4 juin 2015 à Paris

Le siège de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), le 4 juin 2015 à Paris - Martin BUREAU © 2019 AFP

Deux militaires rattachés à la DGSE avaient été interpellés presque par hasard le 24 juillet dernier à Créteil alors qu'ils se trouvaient dans une voiture volée.

Le possible commanditaire d'une tentative d'assassinat sur une coach en entreprise, stoppée in extremis en juillet à Créteil, a été mis en examen et écroué avec deux nouveaux suspects dans cette enquête où sont impliqués deux militaires rattachés à la DGSE, a appris l'AFP mardi de sources concordantes.

Connus dans une loge maçonnique

Ces trois nouveaux suspects dans cette affaire, qui a éclaté avec l'interpellation presque fortuite des deux militaires sur le point d'exécuter le contrat, se sont connus au sein d'une loge maçonnique, a indiqué une source proche du dossier.

L'un d'eux, Jean-Luc B., un coach en entreprise, est soupçonné d'avoir passé ce contrat pour éliminer une concurrente, Marie-Hélène Dini, a précisé cette source, confirmant les informations de France Télévision et RTL.

Marie-Hélène Dini, 54 ans, prévoyait de créer un syndicat pour encadrer les pratiques de la profession et son concurrent craignait de ne pas être labellisé, donc d'être financièrement pénalisé, selon les deux médias.

Deux de ces nouveaux suspects "ont été mis en examen des chefs de complicité de tentative de meurtre en bande organisée, participation à une association de malfaiteurs et complicité de vol avec violences", a indiqué une source judiciaire.

Neuf personnes poursuivies

Les mêmes chefs ont été retenus contre le troisième suspect, également poursuivi pour "complicité de destruction de bien appartenant à autrui et acquisition et détention d'arme de catégorie A", a ajouté cette source. "Ces trois personnes", mises en examen entre le 25 janvier et ce mardi, "ont été placées en détention provisoire", a-t-elle précisé.

Au total, neuf personnes sont désormais poursuivies dans cette affaire qui avait démarré le 24 juillet à Créteil (Val-de-Marne) quand un riverain avait signalé le comportement étrange de deux hommes visiblement en planque dans une voiture.

Interpellés, les deux hommes s'étaient avérés être des soldats de 28 et 25 ans, affectés au centre parachutiste d'entraînement de Saran (Loiret), dépendant de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Dans leur voiture, volée, se trouvaient plusieurs armes, dont un revolver et des couteaux en dotation dans l'armée.

Quatre autres personnes avaient ensuite été arrêtées. En tout, quatre militaires du centre de Saran, sont poursuivis dans cette enquête, confiée à la Brigade criminelle de la police judiciaire de Paris.

Des "fous dangereux" et des "malfaisants dangereux"

"Les policiers ont remonté toute la filière", s'est réjoui auprès de l'AFP l'avocat de Mme Dini, Me Joseph Cohen-Sabban. "En bas, ce sont des fous dangereux et en haut des malfaisants dangereux", a-t-il ajouté, précisant que sa cliente "revit" de les savoir en détention.

"Ce sont des personnes qui normalement sont là pour protéger les autres, qui sont dans le domaine de la défense, la police, la sécurité, le monde des affaires, ou qui y ont été, et qui violent toutes les règles. C'est le côté le plus sombre de notre société", a commenté Me Cohen-Sabban.

Selon plusieurs médias, les deux militaires arrêtés à proximité du domicile de Mme Dini ont affirmé aux enquêteurs qu'ils pensaient agir pour le service action de la DGSE, dont ils ne faisaient pas partie. Au total, au moins sept suspects sont en détention provisoire.

Certains des membres de l'équipe pourraient être impliqués dans d'autres affaires criminelles, notamment la disparition d'un pilote de rallye corse dont le corps a été retrouvé en 2020, selon la source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.

B.R. avec AFP