BFM Paris Île-de-France
Paris Île-de-France

Paris: la rive gauche hostile à la Zone à trafic limité

En 2024, la mairie de Paris souhaite interdire le trafic de transit dans le centre de la capitale. L'objectif est de désengorger le coeur de Paris, mais du côté de la rive gauche, cette Zone à trafic limité fait débat.

"Si cette mesure devait être mise en application, ce sera la mort". Alors que la mairie de Paris souhaite instaurer une Zone à trafic limitée dans le centre de la capitale d'ici 2024, le projet crée des remous sur la rive gauche.

Cette zone consistera à limiter la circulation. Dans le périmètre proposé par la mairie de Paris: Paris Centre (1er, 2e, 3e et 4e arrondissement) et une partie de la rive gauche, au nord du boulevard Saint-Germain (5e, 6e et 7e arrondissements) le trafic de transit serait interdit.

C'est-à-dire que les véhicules traversant la zone sans s'y arrêter ne pourront pas circuler. Habitants, taxis, artisans, livreurs et personnes se rendant spécifiquement dans cette zone pourront en revanche continuer d'y rouler en voiture. Le projet défendu par la mairie de Paris permettrait de réduire le trafic et de faciliter les déplacements des piétons et cyclistes.

Les galeristes inquiets

Mais les maires et commerçants de la rive gauche, qui pourraient voir leur environnement changer d'ici deux ans, y sont totalement opposés. Et même si ce périmètre est encore à l'étude, il inquiète déjà les galeristes du quartier.

"Si cette mesure devait être mise en application, contre toute logique et toute évidence, ce serait la mort annoncée de pratiquement toutes les galeries de Saint-Germain-des-Près", affirme le galeriste au JSC Modern Art Gallery Bruno Sabatier, au micro de BFM Paris-Île-de-France.

Pour un autre galeriste, Georges-Philippe Vallois, "c'est un mouvement qui est dangereux y compris pour l'identité d'un quartier", et "qui donne à penser que le quartier Saint-Germain serait durablement modifié", assure-t-il.

"Les galeries qui sont là depuis un siècle pourraient voir leur situation changer, voire être obligées de déménager", déplore le galeriste de Georges-Philippe et Nathalie Vallois.

"Une étude d'impact" réclamée

Cet avis est notamment partagé par le maire du 6e arrondissement de Paris, Jean-Pierre Lecoq, qui souhaite lui aussi maintenir la circulation sur cette zone-là.

"Ce que nous voyons depuis deux ans, c'est que la mairie de Paris prend des mesures qui s'additionnent sans qu'il y ait de vue d'ensemble et c'est très gênant, notamment parce que nous sommes maintenant à deux ans des Jeux olympiques", dénonce-t-il.

Pour lui, il n'est pas possible d'"envisager de continuer à prendre des mesures de circulation de cette importante à Paris sans réelle étude d'impact".

Si l'ancien préfet de la capitale Didier Lallement s'était opposé à ce projet côté rive gauche, son successeur Laurent Nuñez ne s'est lui pas encore prononcé.

Les opposants au projet rive gauche pourraient avoir gain de cause. Pour le moment, la mairie rappelle que la délimitation de la zone reste à l'étude et les 5e, 6e et 7e arrondissements pourraient ne plus être impliqués. La décision sera prise d'ici le mois de septembre.

Comment contrôler la zone?

Sur son site, la mairie de Paris rappelle qu'il s'agit bien d'une interdiction du trafic de transit et que de nombreuses exceptions sont prévues. Les habitants, mais aussi les personnes se rendant en consultation médicale, au cinéma mais aussi dans une galerie d'art pourront toujours circuler en voiture dans la zone, précise la mairie.

Le véritable flou soulevé par cette ZTL, aussi appelée "zone apaisée", reste le contrôle de celle-ci. Lors de la présentation du projet en début d'année, il n'était pas question de contrôles automatisés.

David Belliard, maire-adjoint en charge des mobilités évoquait alors "des contrôles à la sortie" avec par exemple la possibilité de présenter un ticket de caisse "si on est allé faire ses courses". Sur son site, la mairie évoque encore la présentation d'un "ticket de stationnement en voirie ou dans un parking".

Garance Amespil, Justine Even et Shéhérazade Ben Essaid