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Paris: Anne Hidalgo veut accélérer sa politique sur les logements sociaux et en appelle à l'État

La mairie vise 40% de logements publics d'ici 2035. Un objectif pour lequel elle demande la coopération de l'État afin de débloquer trois projets de construction.

40% de logements publics d'ici 2035, tel est l'objectif d'Anne Hidalgo. La mairie de Paris a tenu une conférence de presse sur sa politique du logement, afin de réaffirmer sa "priorité" et ses choix.

Une politique qu'elle a défendue entourée de son premier adjoint, Emmanuel Grégoire, de son adjoint au logement Ian Brossat et de son adjoint à la transformation de l'espace public et président du bailleur social RIVP (Régie immobilière de la ville de Paris), David Belliard.

Une réparition inégale des logements sociaux

À l'heure actuelle, la ville de Paris compte 25% de logements sociaux, et 5% de logements publics. Des logements sociaux qui sont répartis de façon inégale dans la capitale: seulement 2,3% dans le 7e arrondissement, et jusqu'à 44,5% dans le 19e arrondissement.

Ce jeudi, la maire de Paris inaugurera l'îlot Saint-Germain dans l'arrondissement de Rachida Dati, qui passera ainsi de 2,3% de logements sociaux à 3%, fait savoir Anne Hidalgo.

"C'est un grand moment, ce n'est pas une goutte d'eau dans une politique du logement. Ce n'est pas un petit événement. C'est un marqueur qui permet de comprendre de façon très concrète de ce que l'on fait à Paris en matière de logement", a-t-elle déclaré.

L'îlot Saint-Germain, qui hébergeait auparavant le ministère des Armées, avait été acquis en 2018 par la RIVP avec une décote auprès de l'État.

Travailler "en bonne intelligence" avec l'État

L'État auquel Anne Hidalgo fait désormais appel pour améliorer la mixité sociale de Paris. Elle demande pour cela au gouvernement de débloquer trois projets de constructions de logements sur des terrains ou immeubles qui appartiennent à l'État, et qui sont situés dans l'hypercentre de Paris, et sur lesquels la municipalité veut "avancer".

Ces trois projets se situent au niveau de la rue Saint-Hyacinthe dans le 2e arrondissement (35 logements), sur la rue Crillon dans le 4e arrondissement (29 logements), et dans le 5e arrondissement sur la rue Geoffroy-Saint-Hilaire (80 logements).

"Il n'y a plus de négociations, en tous les cas, on essaie. Mais plus d'avancées sur ce terrain-là avec l'État, qui ne veut pratiquer aucune décote", déplore Anne Hidalgo à destination du nouveau ministre du logement Patrice Vergriete qu'elle veut "accompagner". "Évidemment, nous sommes tout à fait partant pour travailler en bonne intelligence. Et passer du conservatisme et de la procrastination à l'action réelle, cela fera du bien à tout le monde."

Pour développer le logement social, la maire de Paris a rappelé l'investissement de 300 millions d'euros dédiés au compte foncier l'an prochain, soit 50 millions de plus que cette année. Anne Hidalgo souligne que l'effort est rendu possible par la hausse controversée de 52% de la taxe foncière.

"S'il y a des interrogations sur l'utilisation des impôts locaux des Parisiens. Ils servent notamment à produire du logement à des prix abordables pour les Parisiens aujourd'hui mal-logés ou les futurs Parisiens que nous voulons continuer à accueillir", a-t-elle expliqué.

"Le gouvernement devrait prendre des mesures"

Pour Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, la crise du marché immobilier "crée des opportunités".

"Nous étudions attentivement sur plusieurs programmes", indique l'élu. "Ce qui nous inquiète le plus sur la trajectoire en matière de logement, c'est plutôt les décisions gouvernementales de la soutenir ou de l'infléchir".

La baisse des transactions immobilières pourrait avoir une conséquence sur le budget parisien, puisque la ville touche une taxe sur chaque vente.

"On travaille beaucoup avec la Chambre des notaires, avec la direction régionale des dépenses publiques. Il est très clair que le gouvernement devrait prendre des mesures pour refluidifier un peu le marché. En sous-jacent, il y a aussi les conditions d'accès au crédit", indique-t-il.

1800 sollicitations ont notamment été faites auprès des services de la ville concernant l'encadrement des loyers depuis le début de l'année.

"En général, elles aboutissent à une baisse du loyer (...) quand le propriétaire a un peu surestimé le montant par rapport au prix du marché", indique Anne Hidalgo.

De leur côté, les logements sociaux ou publics permettent aux locataires de payer en moyenne 25% de loyer en moins. Sur la répartition de l'attribution de ces logements, un quart seront réservés aux agents de la ville de Paris, afin d'améliorer leur recrutement notamment pour les agents des crèches et la petite enfance.

Ce dispositif est mis en place via une charte avec les mairies d'arrondissement pour l'attractivité des métiers de la fonction publique parisienne. "On sait que l'on a besoin des fonctionnaires à proximité de leur lieu de travail, notamment ceux qui ont des horaires atypiques", conclut la ville.

Nicolas Dumas