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Paris: alors que la tour Triangle s'élève, un élu écologiste veut limiter sa hauteur à 37 mètres

Le gratte-ciel controversé prend de la hauteur. Déjà six étages montés sur les 42 prévus de ce projet pharaonique. Après des années de recours et des batailles juridiques, des associations et riverains veulent croire à un dernier espoir pour empêcher la construction. Un élu écologiste propose de limiter la hauteur de l’édifice à 37 mètres.

Débuté en février 2022, le chantier de la tour Triangle prend de la hauteur en ce printemps 2024 dans le quartier de la Porte de Versailles à Paris. Déjà six étages montés sur les 42 prévus de ce projet pharaonique chiffré à 660 millions d’euros.

Une fois terminé, ce gratte-ciel, dont la livraison est prévue en 2026, doit devenir le troisième immeuble le plus haut de Paris, derrière les tours Eiffel et Montparnasse. Prévue essentiellement pour des bureaux, la tour abritera également un hôtel, une crèche et des commerces.

Le terrain appartient à la ville de Paris et celle-ci a concédé un bail à construction pour Unibail-Rodamco-Westfield (URW), promoteur du projet, en partenariat avec AXA IM Alts.

Le projet, lancé en 2008, a été validé en 2015 sous la mandature d'Anne Hidalgo malgré la vive opposition de ses alliés écologistes et d'élus de droite.

Entre résignation et opposition

Dans le quartier, les riverains assistent aux travaux avec un œil désabusé. Nathalie habite dans le quartier depuis plus de 30 ans, elle envisage même de déménager. "Déjà qu'on a des problèmes de circulation à Porte de Versailles. Je pense qu'avec tout le personnel qui vient travailler ici, ça va devenir un peu comme la Défense, un quartier à éviter", explique cette habitante au micro de BFM Paris Île-de-France.

Un autre riverain opposé au projet "n'y croit plus". "C'est parti, on est obligé de le constater", indique-t-il en levant sa tête.

Si certains se résignent, d’autres continuent la lutte. Le conseiller écologiste à la mairie de Paris Emile Meunier, opposé depuis toujours au projet, propose une autre option: limiter la hauteur de l’édifice à 37 mètres.

"L'idée c'est de garder les fondations et les étages existants mais de repenser le projet, le tourner vers l'époque qui vient, une époque de sobriété, d'écologie. Se dire que ce toit on peut s'en servir pour faire des concerts en plein air, des terrains de sport, un grand parc", évoque l'élu au micro de BFM Paris Île-de-France.

Pour lui, le futur de la tour est "une question de volonté politique".

Un étage construit tous les huit jours

Olivier Rigaud fait partie du collectif contre la tour Triangle, opposé au projet depuis 2011. Pour autant, il n'est pas du même avis qu'Emile Meunier. Il regrette que ce dernier n'ait "pas consulté les associations qui militent" contre ce projet.

"On a affaire à de la gesticulation politique en période de campagne électorale pour les Européennes et demain pour les Municipales 2026", exprime ce dernier.

Contrairement à l'élu écologiste, Olivier Rigaud n'est pas optimiste. "Si vous regardez bien la tour est montée à six étages. Les porteurs du projet annoncent fièrement qu'ils sont capables de monter un étage en huit jours. C'est-à-dire que les 37 mètres (...) proposés par Emile Meunier seront dépassés dans neuf semaines, c'est-à-dire bien avant les Jeux olympiques", détaille-t-il.

Il place ses espoirs dans les procédures juridiques en cours. Une information judiciaire du Parquet national financier sur des soupçons de favoritisme dans le montage du projet –après des perquisitions menées à l’Hôtel de ville en 2022- est toujours en cours.

"Cette tour sera certainement la dernière tour construite à Paris et donc on n'a pas agi pour rien", confie-t-il. Selon lui, "il est très probable que la tour Triangle arrivera à détrôner dans les palmarès la tour Montparnasse qui est jugée comme étant la tour la plus détestée du monde". "C'est déjà une satisfaction", estime ce dernier.

Contactée par BFM Paris Île-de-France, la mairie de son côté botte en touche. La ville de Paris rappelle que "c'est au porteur du projet de répondre à la question" sur son éventuelle révision et précise qu'elle "n'a pas accès aux données" pour se prononcer.

De son côté, le promoteur URW nous confirme que "le chantier de construction est en cours et se déroule selon les plans. Six étages sont déjà construits". La livraison est maintenue à l’horizon 2026.

Chloé Berthod avec Alicia Foricher