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Paris: 400 millions d'euros de plus par an, Hidalgo dévoile ses "accélérations" sur les investissements

Près de trois ans après sa réélection à la mairie de Paris, Anne Hidalgo a présenté les investissements de la municipalité ce lundi matin.

Avec l'augmentation de 52% de la taxe foncière, la ville de Paris va investir 400 millions d’euros de plus par an jusqu’à la fin de la mandature. Cela porte le budget à environ 1,8 milliard d’euros par an, a précisé ce lundi la maire, Anne Hidalgo, lors d'une conférence de presse.

Le nombre d'arbres plantés doublé

"La taxe foncière reste encore basse par rapport aux autres villes de France", a-t-elle à nouveau justifié. "Avec le choix d'actionner le levier de la taxe foncière, on a rétabli notre capacité d'action", note Paul Simondon, adjoint en charge des finances et du budget.

La maire de Paris a détaillé ses quatre priorités sur lesquelles elle souhaite une "accélération": la transition écologique, le social, le renforcement de la "ville du quart d’heure" et la promotion d’un nouveau modèle économique.

Parmi ses objectifs à l'horizon 2050, la mairie se fixe ainsi celui de 20% des toits équipés de panneaux photovoltaïques. "Nous continuerons à donner plus de place à la nature en doublant le nombre d'arbres plantés", affirme aussi Anne Hidalgo.

Piscines, crèches, espaces verts, pistes cyclables : "le détail de ces investissements sera décliné à l'occasion du budget supplémentaire" en juillet, a indiqué le premier adjoint, Emmanuel Grégoire.

Limiter l'endettement

Au cours de sa prise de parole, la maire de Paris a balayé les critiques auxquelles elle a fait face sur la hausse de la taxe foncière, notamment de la part du gouvernement. Une référence aux accusations de "montage à la Ponzi" proférées par le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal. "Moi je n’ai pas oublié", a-t-elle dit.

"Sur le budget 2023, la dotation de l'État est de 40.000 euros, pas par habitant, mais au global. Je le redis c'est l'équivalent d'une demi-sanisette", déplore Anne Hidalgo.

Au titre de la péréquation, une mesure qui vise à favoriser l'égalité entre les collectivités territoriales sur le plan des ressources, la ville de Paris verse 720 millions d'euros. "On n'est plus dans la péréquation mais dans la spoliation, tranche Anne Hidalgo. On attend la notification en avril de ces 40.000 euros de dotation pour saisir le Conseil constitutionnel."

Critiqué par l'opposition de droite sur la gestion de la dette, Anne Hidalgo a détaillé sa méthode de travail. "Dans la précédente mandature, nous avons utilisé le levier de l'emprunt parce que l'argent n'était pas cher, voire avec des taux négatifs", rappelle la maire de Paris.

"La ville de Paris avait utilisé le levier de l'endettement pour faire ces investissements", précise Anne Hidalgo pour qui la donne a changé avec l'inflation et les taux qui repartent à la hausse.

"Aujourd'hui, avec une situation économique différente, nous avons orienté notre façon de financer les investissements d'une autre manière, avec la recette de la taxe foncière. Nous considérons que nous devons, dans les années à venir, financer l'investissement au maximum avec l'auto-financement."

Le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire annonce que la capacité de désendettement de la ville est à 9 ans. "La dette financière est de 7,7 milliards d'euros dont 25% sont liés aux trois dernières années", détaille Paul Simondon.

Parmi les annonces, la ville n'augmentera pas la contribution financière des entreprises. "L'augmentation aurait pu avoir des conséquences pour le tissu artisanal comme les boulangers. C'est un choix politique dans ce contexte difficile", assure Emmanuel Grégoire.

"Un non-évènement"

Après ces annonces, le groupe communiste semblait satisfait: "Un moment historique", souffle l'adjoint au maire à la construction, Jacques Baudrier, auprès de BFM Paris Île-de-France.

Le groupe écologiste, qui fait partie de l’exécutif, était tout simplement absent, n'ayant pas été convaincu des annonces. Pour eux, cette conférence de presse était un "non-évènement", selon Jérôme Gleizes, vice-président du groupe Écologiste au conseil de Paris. "On ne comprenait pas l’intérêt d’y participer", justifie-t-il.

"J'ai été surprise du timing, je pensais que l'on parlerait des poubelles", commente Maud Gatel, la présidente du groupe Modem, Démocrates et Écologistes. "Anne Hidalgo se défausse en permanence. Elle a eu une incapacité à construire son budget. Il n'y a aucune remise en question. On ne parle jamais d'économie, ce n'est pas une option."

"C'est de la poudre de perlimpinpin, il n'y a rien de neuf, tacle David Alphand du groupe Changer Paris. Ce qu'elle prétend annoncer, c'est déjà dans les tuyaux. Elle cherche à faire diversion."

Pour l'élu, "rien de nouveau, rien de chiffré", il s'agit d'un "recyclage". "On peut se surprendre de la forme. Le conseil de Paris siège demain [mardi, ndlr], elle aurait pu prendre le soin de communiquer auprès des élus dans le détail". David Alphand dénonce une "improvisation" ajoutant que "la seule réalité, c'est la hausse des impôts à Paris".

Nicolas Dumas avec Amaury Tremblay avec AFP