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La Ville de Paris vote un budget musclé par la hausse de la taxe foncière

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, à Paris, le 10 mai 2020

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, à Paris, le 10 mai 2020 - Ian LANGSDON © 2019 AFP

La maire de Paris a annoncé en novembre dernier une hausse de 52% de la taxe foncière. Cette dernière passera de 13,5% à 20,5%.

Ultime "marge de manoeuvre" pour la gauche, "coup de massue" pour la droite: la hausse de 52% de la taxe foncière a permis au Conseil de Paris d'adopter mardi un budget primitif 2023 avec un niveau d'investissement "inédit", selon la maire Anne Hidalgo.

La maire PS de Paris Anne Hidalgo, a défendu mardi devant le conseil municipal un niveau d'investissement "inédit" pour 2023. "Les Parisiens disposent d'un budget affichant un excédent de 876 millions d'euros et affichant surtout la volonté d'agir sur l'environnement et contre la crise climatique", s'est réjouie l'élue socialiste en conclusion d'une journée de débats sur un budget dépassant les 10 milliards d'euros.

Anne Hidalgo s'était engagée à ne pas augmenter les impôts locaux. Mais début novembre, après l'échec d'amendements législatifs visant à renflouer des caisses de la Ville mises à mal par les crises sanitaire et énergétique, elle s'y était résolue, s'attirant les critiques de la droite comme du gouvernement.

Cet "appel à la solidarité des propriétaires parisiens" était "le seul levier restant à notre disposition" alors que l'Etat "continue à se désengager" auprès de la première collectivité de France, a déclaré l'élue socialiste en ouvrant le débat budgétaire.

L'augmentation de cet impôt et les "efforts demandés à l'administration" sur la gestion courante permettront "de préserver nos services publics" et un niveau d'investissement "inédit", à hauteur d'1,7 milliard d'euros en 2023, destiné à "accélérer la transition écologique", a-t-elle fait valoir.

"Nous assumons d'investir en période de crise économique quand d'autres font le choix de l'austérité", a encore dit l'ex-candidate du PS à la présidentielle.

"Budget du mensonge et du reniement"

Pas de quoi calmer l'opposition, de droite comme macroniste. "Ce budget est celui du mensonge et du reniement", a pourfendu son opposante LR Rachida Dati, pour qui l'augmentation de la taxe foncière est un "coup de massue".

"Votre dette devrait atteindre 10 milliards d'euros fin 2023, vous l'avez faite exploser", a réaffirmé l'élu LR David Alphand. L'exécutif lui, prévoit une dette à 7,9 milliards d'euros et une durée de désendettement ramenée à neuf ans.

"Le terme d'économies est inconnu à cette majorité", a fustigé Maud Gatel (MoDem), pour qui la gauche est "la seule responsable de l'augmentation de la fiscalité aujourd'hui et, peut-être demain, de l'augmentation des tarifs" des services publics.

L'augmentation de la taxe foncière, qui doit rapporter près de 600 millions d'euros à la ville, et les "efforts demandés à l'administration pour contenir les frais de gestion courante", permettent un niveau d'investissement "inédit" de "plus d'1,7 milliard d'euros" pour 2023 afin d'"accélérer la révolution écologique", a-t-elle ajouté.

Vers une préemption record

Communistes et écologistes, alliés des socialistes, se sont targués d'avoir débloqué des crédits supplémentaires lors d'ultimes négociations. Les premiers ont ainsi souligné avoir obtenu "une aide de 5 millions à destination des foyers les plus modestes pour le paiement des factures d'énergie qui explosent".

Quant aux élus "verts", il ont poussé pour voir augmenté de 148 à 200 millions d'euros le compte foncier logement qui doit servir à préempter des bâtiments pour créer "du logement social dans l'existant". Cette "augmentation historique (...) permettra de concilier le logement et l'écologie", ont salué les écologistes dans un communiqué.

En baisse de près de 5 millions, avec des subventions réduites (Gaité lyrique, Philarmonie), le budget de la culture n'a en revanche pas fait que des heureux. "Je ne vois pas les marges de manoeuvre retrouvées sur la culture", grince une élue de la majorité, Anne Biraben (LR), anticipant une baisse de la "qualité de l'offre culturelle".

A un an et demi des Jeux olympiques, l'opposition a également ciblé la contribution en fonctionnement de la Ville à la préfecture de police, en hausse de 6,4 millions, soit 2,1 de moins que l'enveloppe initiale prévue. "Vous ne placez pas la sécurité au premier rang de vos priorités", a regretté Philippe Goujon (LR), soulignant que "43 emplois seront supprimés".

"C'est quand même une augmentation par rapport à 2022, après plusieurs années de baisse", a répondu le préfet Laurent Nunez, pour qui la "réduction d'effectif" sera en réalité de "9 équivalents temps plein si on lisse sur une année". C'est "un compromis" pour un "bon budget", a-t-il souligné.

M.L. avec AFP