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"Le bruit est un fléau majeur": l'interdiction des deux-roues thermiques la nuit débattue au conseil de Paris

Le conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel a formulé un vœu visant à expérimenter l'interdiction des deux-roues motorisés thermiques de 22 heures à 7 heures dans la capitale pendant un an.

Le vrombissement des scooters en pleine nuit, bientôt un lointain souvenir? C'est le vœu du conseiller de Paris au groupe Indépendants et Progressistes Pierre-Yves Bournazel. L'élu a présenté un projet afin d'expérimenter l'interdiction des deux-roues motorisés thermiques à Paris entre 22 heures et 7 heures du matin.

Aux côtés des élus de son groupe, il demande à la mairie de Paris et au préfet de police de tester cette interdiction pendant un an. Aussi, Pierre-Yves Bournazel demande la généralisation de la présence des radars sonores dans la capitale à l'heure où une grande partie des Parisiens est soumise à un environnement bruyant, voire très bruyant.

"Le bruit est un fléau majeur", assure Pierre-Yves Bournazel au micro de BFM Paris Île-de-France. "Plus de 80% des Parisiennes et des Parisiens se plaignent du bruit chaque jour."

Le but de cette expérimentation, entièrement inspirée d'une mesure prise par la ville de Madrid, est de limiter les nuisances nocturnes et de préserver la quiétude des habitants.

"Un scooter thermique peut réveiller la nuit à lui seul plusieurs milliers de Parisiens", insiste l'élu.

En visant les deux-roues thermiques, Pierre-Yves Bournazel ne veut néanmoins pas pénaliser les propriétaires de ces véhicules. Dans son vœu, le groupe souhaite également expérimenter pendant un an le doublement de l'aide à la mobilité douce afin d'inciter les gens à remplacer les deux-roues motorisés thermiques par un vélo ou un scooter électrique.

Pas assez radical pour les associations

Pour ceux qui se battent également contre les nuisances sonores des deux-roues, ce vœu n'est qu'un début de pensée. Si, sur le fond, le collectif Ras le Scoot salue ce projet, son porte-parole Franck-Olivier Torro aimerait une interdiction des deux-roues thermiques "nuit et jour".

"On attend qu'ils soient complètement interdits à la circulation", assume-t-il. "(...) Le jour aussi, c'est un sujet, pourquoi les interdire que la nuit?"

Utiliser cette expérimentation nocturne pour inciter à passer à l'électrique est, selon le porte-parole, une utopie. "Les primes, elles existent déjà et on voit bien que cela ne suffit pas à changer les usages."

Le collectif se pose également des questions sur la mise en application de l'expérimentation. "On se demande qui va faire appliquer cette interdiction entre 22 heures et 7 heures du matin."

D'autres interrogations persistent aussi sur le cas des livreurs. "Je ne vois pas comment on peut les faire passer au scooter électrique, puisque c'est ça l'enjeu."

Les Parisiens lassés par les interdictions

Du côté des associations de motards, ça coince totalement. Ils estiment qu'une telle expérimentation serait inutile car les deux-roues motorisés ne sont pas les seuls responsables des nuisances sonores.

"On fait du bruit comme les autres usagers, mais le bruit est générer par les véhicules lourds qui passent sur les pavés, par les klaxons et les sirènes", se défend Jean-Marc Belotti, coordinateur de la Fédération des motards en colère de Paris et la petite couronne.

Les associations notent également que le bruit permet aux piétons d'entendre les deux-roues arriver et aide à leur sécurité.

Les Parisiens eux aussi sont dans un premier temps dubitatifs. S'ils sont conscients d'être soumis aux bruits des motos, certains ne sont pas certains que cette mesure soit la bonne solution. "Sur le principe pourquoi pas, mais cela fait encore beaucoup d'interdictions", confie un riverain.

Un autre aimerait des mesures moins punitives. "À un moment donné, il y a aussi d'autres moyens, une solution mécanique pour que les motos fassent moins de bruit tout simplement."

Un vœu débattu dans les quatre prochains jours

Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris a réagi auprès de BFM Paris Île-de-France, indiquant "partager l'idée que les deux-roues peuvent provoquer de grandes nuisances". "Ça nous préoccupe beaucoup", a-t-il assuré.

D'ailleurs, la mairie de Paris a déjà engagé une "chasse aux bruits", notamment auprès des motards, avec le Plan d'amélioration de l'environnement sonore 2021-2026. Des capteurs acoustiques ont ainsi été mis en place dans certaines zones de la capitale.

Néanmoins, Emmanuel Grégoire souligne que cette interdiction "ne fait pas partie du champ de compétence" de la ville de Paris. "Tout dépend comment le vœu est formulé", prévient-il. Réponse lors du prochain conseil de Paris, qui débute ce mardi 6 février. Le vœu y sera débattu pendant ces quatre jours de session.

Hilal El Aflahi, Chloé Berthaud et Nicolas Dumas, avec Juliette Moreau Alvarez