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Île-de-France: de nombreuses places de crèche fermées en raison d'un déficit de personnel

La région concentre les trois quarts des postes vacants en France. Pour les rendre attractifs, les syndicats appellent à des revalorisations salariales et à la création de places dans les formations.

Le mois d'août touche à sa fin. Les vacances sont désormais dans le rétroviseur pour la plupart des Franciliens. Cap sur la rentrée, le retour au travail et son lot de tracas.

Pour les parents d'enfants en bas âge, la situation peut être un peu plus délicate encore que pour les autres. Car en Île-de-France, les places en crèche se font rares. Non pas parce qu'elles sont trop peu nombreuses, mais parce qu'elles souffrent d'un déficit de personnel.

Selon une étude concoctée par la Caisse Nationale d'Allocations Familiales (CNAF), mise en lumière par Le Parisien en avril dernier, trois quarts des places de crèche fermées sur le territoire français sont concentrées dans la région.

Le Val-de-Marne particulièrement touché

Interrogées par BFM Paris Île-de-France, des sources syndicales estiment qu'entre 20 et 30% des postes ne sont pas pourvus. Cela équivaut à presque 3700 places en moins pour les enfants, d'après la CNAF. En petite couronne, pour 1000 postes à pourvoir, en moyenne 36 sont vacants.

Dans le Val-de-Marne, département francilien le mieux doté en établissements dédiés à la petite enfance, le constat n'est pas particulièrement reluisant.

"Sur les 78 crèches, une bonne quarantaine ne seront pas remplies. Des sections vont rester fermées", rapporte Isabel Guidonnet, représentante FSU 94 et éducatrice de jeunes enfants, au micro de BFM Paris Île-de-France.

D'après les estimations de l'intéressée, "le nombre d'enfants accueillis sera moindre par rapport à l'année dernière dans les crèches départementales".

Des disparités selon les arrondissements

Légèrement plus de 45.000 places de crèche existent dans la capitale. Mais pour 1000 postes, 30 en moyenne sont vacants. Et d'un arrondissement à l'autre, il existe parfois d'importantes disparités, révèle une étude du Figaro publiée lundi.

Si les 5e, 6e et 8e arrondissements comptent parmi les mieux lotis, le 17e arrive en queue de classement, avec en moyenne 2,37 enfants pour une place disponible en crèche.

"En cette rentrée, faute de personnel, près de 35% des places ne sont pas attribuables dans le 17e arrondissement", s'est alarmée la mairie locale ce mardi par voie de communiqué.

S'indignant d'"un déficit criant", la municipalité décrit une "situation très difficile et injuste" et appelle la mairie centrale à agir, les crèches entrant dans son champ de compétences.

Une problématique structurelle

L'ensemble de ces données traduisent un désamour envers les professions du secteur. Et le constat n'est pas nouveau. La problématique est d'ordre structurel.

Syndicats, associations et professionnels de la petite enfance pestent depuis plusieurs années contre le manque de valorisation des métiers qui sont les leurs. Notamment en termes de rémunération.

En Île-de-France, les faibles salaires ne sont pas toujours compatibles avec le coût du logement, voire le coût de la vie en général, et les difficultés de transport.

Cela donne lieu à un double mouvement: certains salariés quittent le secteur de la petite enfance, d'autres partent l'exercer ailleurs. Dans les colonnes du Parisien, Olivier Capitanio, président du conseil départemental du Val-de-Marne, constate qu'il s'amplifie depuis la crise sanitaire.

La menace d'une mobilisation du secteur

Pour enrayer la crise des crèches, le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) attend "des actes" après les promesses du gouvernement. À savoir: créer 200.000 places dans les crèches d'ici à 2030.

Dans les grandes lignes, le SNPPE plaide avant tout pour "une revalorisation des salaires d'au moins 350 euros pour toutes et tous afin de permettre aux salariés de la petite enfance d'avoir un salaire médian équivalent au salaire médian annuel français".

Le syndicat défend en outre "un plan de formation initiale et continue ambitieux". Sur ce volet, la région Île-de-France semble avoir au moins partiellement entendu la requête. Elle préconise par exemple, d'ici à 2028, l'ouverture de 100 places supplémentaires dans les formations d'auxiliaires de puériculture.

Si le syndicat ne constate pas d'avancées concrètes, il prévient qu'il n'hésitera pas à "multiplier les appels à la mobilisation". Et cela "jusqu'à ce que la voix des professionnel·les soit enfin respectée".

Chloé Berthod avec Florian Bouhot